Critique

Centuria : le nouveau souffle manga venu des abysses

25 juin 2025
Par Sarah Dupont
“Centuria”, tome 1, le 26 juin 2025 en librairie.
“Centuria”, tome 1, le 26 juin 2025 en librairie. ©Editions Kurokawa

Les éditions Kurokawa livrent le premier tome d’une des séries les plus attendues de l’année en France. Sombre et crue, cette nouvelle saga pourrait bien convaincre les fans de dark fantasy.

Tohru Kuramori n’est plus tout à fait un inconnu. Ancien assistant de Tatsuki Fujimoto (à qui l’on doit l’incroyable Chainsaw Man), il signe avec Centuria sa première série en solo, dont le premier tome sort en librairie ce 26 juin chez Kurokawa. En moins d’un an, ce manga de dark fantasy a déjà fait parler de lui : nommé aux Next Manga Awards dans la catégorie Web Manga, il s’y est hissé à la septième place sur 69 titres.

L’auteur de Dandadan, Yukinobu Tatsu, a lui-même salué « son art spectaculaire et sa manière de sonder la bonté humaine dans un monde désespéré ». Un parrainage symbolique qui pose Kuramori comme une figure montante de la nouvelle génération.

Une fresque tragique

L’histoire débute sur les flots, à bord d’un navire d’esclaves. Julian, jeune garçon en fuite après avoir tué le forgeron à qui sa mère l’a vendu, est recueilli par un groupe de 100 esclaves solidaires. Parmi eux, Mira, enceinte, se prend d’affection pour lui.

Lorsque le capitaine, acculé par ses dettes, massacre la totalité de ses passagers, le sang versé invoque un esprit marin qui offre à Julian leur force et leurs 100 vies. Mira meurt, mais sa fille Diana survit. Porté par cette force tragique, Julian s’engage à la protéger et à la faire grandir dans un monde hostile.

Dès les premières pages, le ton est donné. Ici, pas d’humour, ni de respiration. Le récit déploie une violence crue, tant physique que symbolique. Les scènes de massacre ne sont pas édulcorées : regards terrifiés, chairs entaillées, sang éclaboussant les planches… Tout dans le trait insiste sur la brutalité.

Une œuvre noire

Le dessin de Kuramori frappe par sa densité. Très chargé, presque baroque, il use d’un noir profond pour accentuer la gravité de chaque scène. Les visages sont marqués, sales, cabossés par les coups ou la peur. Les créatures, à mi-chemin entre mythe et cauchemar marin, convoquent Lovecraft autant que les classiques de la dark fantasy.

Chaque page semble suinter la douleur. Cette surenchère visuelle n’est jamais gratuite : elle sert un propos dur, sans concession, qui oppose la beauté fragile des liens humains à la laideur d’un monde dominé par la cruauté.

Avec déjà plus de 50 chapitres publiés au Japon et une parution simultanée sur Manga Plus, Centuria s’annonce comme une œuvre ambitieuse. En France, c’est ce 26 juin que les lecteurs pourront découvrir le premier volume en librairie. L’auteur sera également présent à la Japan Expo pour une conférence sur la scène Kuri, le 3 juillet à 11h15.

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