Critique

Berserk revient dans une superbe édition Prestige, mais vaut-elle son prix ?

23 juin 2025
Par Sofian Nouira
Glénat propose une nouvelle édition de “Berserk”.
Glénat propose une nouvelle édition de “Berserk”. ©Glénat

Le manga culte de Kentarō Miura s’offre une édition grand format cartonnée. Deux volumes réunis, pages en couleur exhumées, traduction révisée : l’objet semble avoir tout ce qu’il faut pour ravir les collectionneurs.

Septembre 2024. Un simple message posté sur X par l’équipe de Glénat suffit à enflammer le cœur des fans : « En 2025, Berserk revient en édition prestige double volume ! » Pourquoi un tel engouement ? Parce que les lecteurs français lorgnaient depuis trop longtemps sur la volumineuse édition Deluxe américaine, introuvable chez nous. Dans la foulée, les précommandes des tomes 1 et 2 se sont arrachées, comme un rappel de la ferveur entourant la saga après le décès de Miura.

Il est toutefois difficile de parler de surprise, tant Berserk est un poids lourd du manga en France. Avec plus de 8 millions d’exemplaires vendus depuis sa sortie, c’est la troisième licence la plus forte du catalogue Glénat (derrière One Piece et Dragon Ball) et elle maintient une présence continue dans le top 10 des séries les plus vendues depuis 2020.

Un objet éditorial soigné

Les deux premiers volumes de l’édition Prestige adoptent un grand format cartonné (18,8 × 26,4 cm) qui rappelle la taille d’un artbook plus que celle d’un tankōbon classique. La couverture noire arbore le sceau écarlate de Guts et le jaspage reprend la même teinte cramoisie, visible même livre fermé – un clin d’œil discret à l’hémoglobine omniprésente du récit. À la prise en main, le dos toilé et la rigidité de la tranche confirment l’ambition de l’ouvrage.

Berserk Édition Prestige
©Glénat

L’intérieur ne se contente pas d’un agrandissement des cases. Le lecteur est gâté, avec une traduction entièrement revue, l’ajout de pages en couleur longtemps cantonnées aux archives japonaises, et le regroupement de deux volumes réguliers dans chaque tome pour limiter la coupure narrative. Autant de micro-ajustements qui, mis bout à bout, transforment la lecture, d’autant que les doubles planches, déjà spectaculaires, prennent encore plus d’ampleur.

Entre luxe et accessibilité

À 24,90€ l’exemplaire au moment du lancement, le prix pourra sembler élevé pour qui découvre Berserk. Pourtant, rapporté au nombre de pages et aux finitions, il reste inférieur à certaines éditions « deluxe » hexagonales qui dépassent parfois les 30€. De plus, cette édition haut de gamme vient en complément.

Elle offre une alternative plus qualitative sans remplacer la version standard, toujours disponible à un peu plus de 7€. L’amateur curieux pourra donc démarrer en poche, puis investir dans ce grimoire imposant s’il tombe sous le sombre charme de l’œuvre.

Berserk Édition Prestige
©Glénat

Si l’ombre de l’édition Deluxe US publiée par Dark Horse n’est jamais bien loin tant le format est proche, l’édition Prestige dont nous parlons ici est une création purement française, négociée directement avec le détenteur japonais des droits. Une singularité que Glénat revendique d’ailleurs, puisqu’elle lui permet d’intégrer des pages en couleur inédites et de retravailler la traduction sans contrainte prédéfinie.

On en pense quoi ?

En réalité, ces tomes respirent la qualité. Le papier est épais à souhait et la mise à l’échelle parfaite. Les doubles planches, étendues sur près de 40 cm, laissent apparaître un foisonnement de détails qui échappait à l’édition poche. Ces volumes Prestige viennent donc figer les débuts de la légende dans un écrin plus proche du livre d’art que du simple manga.

Berserk Édition Prestige
©Glénat

Cette édition a toutefois les défauts de ses qualités. Une telle opulence se paie sur la balance, puisque ces beaux bébés pèsent chacun un peu plus d’un kilo. Pas le genre d’ouvrage qu’on tient nonchalamment debout dans le métro, donc.

Et la suite ?

Glénat n’a pas encore fixé de cadence officielle au-delà des deux premiers volumes, mais on sait déjà que le troisième tome sortira le 5 novembre prochain. Si l’on suit la logique des doubles recueils, le catalogue complet des 42 tomes actuellement disponibles nécessiterait 21 volumes Prestige. On se dirige donc vers un chantier à long terme, surtout pour une série toujours en cours au Japon. En effet, rappelons que si Miura s’en est allé vers un monde meilleur, son univers continue de s’étendre à travers le Studio Gaga et le scénariste Kōji Mori.

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