Entre l’adaptation d’un célèbre anime, celle d’un webtoon méconnu et un thriller engagé, voici trois séries qui ont pour trait commun la violence, laquelle s’exprime de plusieurs manières.
Les illuminations de fêtes sont déjà bien en place, le temps est glacial, le ciel laiteux et le soleil se couche tôt : le contexte est idéal pour se lancer dès à présent dans un marathon de films et dessins animés de Noël. Pourtant, cette fin du mois de novembre est marquée par l’arrivée en masse de séries (d)étonnantes, aux antipodes des fameuses productions attendues en fin d’année. Parmi elles, trois programmes proposent un regard acéré sur la société et sur le genre humain. Qu’il s’agisse d’intrigues ordinaires, fantastiques ou politiques, ces trois séries ont pour thématique commune la violence. Qu’elle soit graphique et stylisée, gore ou « simplement » le reflet d’une société souffrante (grande source d’inspiration des réalisateurs de séries), la violence ne sert pas seulement à insuffler de l’action, elle aide aussi à faire prendre conscience, à passer des messages, à faire réfléchir. Voici trois séries pour celles et ceux que les films de Noël ne font plus (tellement) rêver.
Hellbound – Disponible sur Netflix depuis le 19 novembre
Quelques semaines après le raz-de-marée Squid Game, la série qui fascine autant qu’elle inquiète, la Corée du Sud est à nouveau à l’honneur sur Netflix. Depuis le 19 novembre, les abonnés peuvent découvrir Hellbound, une nouvelle série adaptée du webtoon homonyme. Dans ce show produit par Climax Studio, qui prend place à Séoul, des créatures sont chargées d’expédier des personnes directement en enfer. Pour certains, elles sont les envoyées de Dieu, tandis que d’autres se mettent à enquêter sur leur origine réelle. Derrière la caméra de cette minisérie composée de six épisodes, on retrouve Yeon Sang-ho, l’auteur du webtoon originel. Côté cinéma, c’est à lui que l’on doit la réalisation du Dernier train pour Busan (2016), un film de zombies à succès qui confrontait déjà l’homme à des créatures surnaturelles.
Si la violence a été l’un des thèmes forts de Squid Game, ce n’est rien à côté de celle d’Hellbound. Dès les premières minutes, le ton est donné : les terribles créatures n’hésitent pas à écraser, démembrer et incinérer les humains. Mais que l’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas une simple série survivaliste où l’humanité serait menacée par des monstres. Tout comme Squid Game, Hellbound s’intéresse avant tout à la nature humaine, à sa complexité profonde, tout en abordant des thématiques universelles comme l’oppression religieuse ou l’emprise des réseaux sociaux sur la société.
Cowboy Bebop – Disponible sur Netflix depuis le 19 novembre
Adapter un manga en live-action n’est jamais une mission aisée. Les spectateurs traumatisés par Dragon Ball Evolution le savent mieux que personne. En 2017, l’adaptation Netflix de Death Note, l’un des mangas les plus connus au monde, avait fait craindre le pire, pour un résultat finalement acceptable. Alors que la firme au grand N travaille actuellement à l’adaptation live de One Piece, un autre manga vient d’avoir droit aux honneurs du live-action : Cowboy Bebop. L’œuvre se concentre sur une bande de chasseurs de primes en 2071. Aux côtés de l’ancien tueur à gages Spike Siegel, on retrouve l’arnaqueuse Faye Valentine et l’ancien agent de police Jet Black, tous en quête de criminels à traquer à travers la galaxie à bord du vaisseau Bebop. Depuis le 19 novembre, le trio est de retour, mais cette fois en chair et en os : Jon Cho (Searching : portée disparue), Mustafa Shakir (American Gods) et Daniella Pineda (Jurassic World : Fallen Kingdom) incarnent respectivement Spike, Jet et Faye.
Plus de 20 ans après un anime qui reste considéré comme un chef-d’œuvre, notamment pour son univers free-jazz, la série en live-action peut compter sur la présence du créateur Shin’ichiro Watanabe pour insuffler l’esprit de l’anime dans cette série. Dans une adaptation qui se veut extrêmement fidèle à l’œuvre de base, Cowboy Bebop brille par son humour et des dialogues savoureux, parfaitement équilibrés avec la dose d’action nécessaire. Tout comme dans l’anime originel, les combats sont nombreux et extrêmement bien chorégraphiés. Il faut dire que ces séquences ont été supervisées par Alex Garcia Lopez, qui a déjà œuvré sur les séries Marvel Daredevil et The Punisher.
Les Engagés XAOC – Disponible sur Francetv. Slash depuis le 19 novembre
Ici, pas de combats futuristes ou de monstres venus de l’Enfer pour traiter de la violence, mais l’impact n’en est pas moins brutal. Lancée en 2017 dans un format court, la série Les Engagés est de retour pour une saison 3, intitulée XAOC, qui traite du sort des homosexuels tchétchènes, des violences policières et du sida. Malgré un petit budget et une certaine discrétion comparée à d’autres séries comme Pose, Les Engagés a joué un rôle dans la représentation des minorités LGBTQIA+ sur le petit écran hexagonal, à l’image de la récente série Genera+ion. Du cadre intimiste de l’association lyonnaise LGBTQIA+ jusqu’aux plus hautes instances du pouvoir européen, cette troisième saison plonge la série dans la cour des grands et prend des airs de thriller palpitant.
Hicham (Mehdi Meskar) et Thibaut (Éric Pucheu) doivent aider un jeune réfugié gay tchétchène, Anzor (Ishtvan Nekrasov), persécuté jusque sur le sol français pour avoir dénoncé les exactions commises par son pays envers la communauté queer. Il est placé sous leur protection, mais les événements vont rapidement les dépasser. Au même moment, le cousin d’Hicham, Marwen décède à la suite d’une intervention policière. Ce dernier aurait été pris sur le fait en train d’agresser un jeune homme gay, mais grâce aux supplications de sa sœur Nadjet, Hicham se rend compte que la version de la police ne colle pas. Abordant les questions géopolitiques, la série créée par Sullivan Le Postec aborde aussi l’homophobie, la transphobie, les violences policières, la solidarité dans les quartiers populaires, les années sida, l’histoire du militantisme LGBTQIA+ ou encore la violence au sein des couples homosexuels, un sujet rarement abordé sur petit (ou grand) écran.