Décryptage

Les étapes clés de l’évolution de la saga Prince of Persia

24 janvier 2024
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“Prince of Persia” (1989) – Apple II
“Prince of Persia” (1989) – Apple II ©Jordan Mechner, Brøderbund

Éclipsée par l’avènement médiatique d’une relève intitulée Assassin’s Creed, la saga Prince of Persia opère pourtant un retour éclatant en cette fin de mois de janvier. Le nouveau jeu de la série revitalise la franchise en lui donnant une nouvelle orientation et, espérons-le, un nouveau départ. Retour sur les périodes charnières de la saga depuis sa création.

La genèse de Prince of Persia sur Apple II

À l’époque où il était encore possible de mener à bien en solo la création d’un jeu vidéo, Jordan Mechner a posé les bases de ce qui allait rapidement devenir une série à succès. Révélé en 1984 avec le jeu Karateka développé sur Apple II, le créateur met ensuite plus de quatre ans avant de parvenir à faire aboutir sa vision du projet Prince of Persia.

Ce n’est donc qu’en 1989 que le monde découvre un titre révolutionnaire sur le plan des animations de son personnage principal. Car le jeu s’appuie sur la technique de la rotoscopie pour reproduire de manière ultraréaliste des mouvements filmés avec une caméra bien réelle.

En plus d’être très avant-gardiste dans son approche résolument cinématographique des animations, le premier Prince of Persia marque également les esprits par son ambiance exotique. Il se veut largement inspiré des contes des Mille et Une Nuits pour dépeindre une Perse fantasmée, tout en empruntant l’essence du film fondateur de la saga Indiana Jones (Les Aventuriers de l’Arche perdue).

Prince of Persia (1989) – Apple II.

Car Jordan Mechner voue une admiration sans borne à ce long-métrage et rêve d’un jeu capable de reproduire l’intensité des 15 premières minutes à travers des parcours semés d’embûches mortelles. Le premier Prince of Persia trahit clairement cette envie de placer le joueur dans la position délicate de cet aventurier confronté aux pièges les plus sournois. Il s’apparente à un immense donjon conçu pour faire souffrir le joueur et le forcer à persévérer en apprenant de ses erreurs.

Prince of Persia (1989) – Apple II.©Jordan Mechner, Brøderbund

Pour rendre le défi encore plus intense, le créateur de Prince of Persia impose une limite de temps non négociable. Le joueur ne dispose que d’une heure pour délivrer sa princesse, même s’il peut heureusement recommencer au début de chaque salle en cas de mort tragique.

Prince of Persia (1989) – Apple II.©Jordan Mechner, Brøderbund

Car le titre est aussi un précurseur dans sa manière de dépeindre les trépas les plus atroces de son héros, comme si la qualité des animations devait aussi servir à illustrer la difficulté de la mission qui lui est imposée. À cela s’ajoutent des duels à l’arme blanche calqués sur les mouvements de l’acteur Errol Flynn dans ses meilleurs films de cape et d’épée.

L’adaptation Super Nintendo en 1992

Avec la transposition du jeu sur de multiples supports, le bouche-à-oreille contribue à faire du premier Prince of Persia un formidable succès. Si les versions sont alors toutes différentes, dans le sens où elles sont conditionnées par la technologie des machines sur lesquelles elles tournent, certaines réussissent à aller au-delà de la vision initiale de leur créateur. Jordan Mechner est ainsi particulièrement impressionné par l’adaptation du jeu sur Super Nintendo, qui hérite de graphismes vraiment détaillés et de niveaux supplémentaires.

Prince of Persia (1992) – Super Nintendo.©Jordan Mechner, Brøderbund / Konami

Les décors et les situations gagnent aussi nettement en diversité. Et si l’aventure peut désormais être bouclée en moins de deux heures, il faut en réalité bien plus de temps pour apprivoiser les pièges des environnements et comprendre comment avancer efficacement.

Les Sables du temps : la vraie révolution 3D

Alors que le deuxième opus (Prince of Persia 2: The Shadow & the Flame) se contente d’étoffer légèrement la formule en 1993, la vraie prise de risque s’incarne en 1999 à travers un certain Prince of Persia 3D. Clone avoué de Tomb Raider, le titre ne restera pas dans les annales en raison de sa réalisation primaire, de ses bugs omniprésents et de ses mécaniques de jeu peu inspirées.

Disponible sur PC puis sur Dreamcast, cette première tentative de 3D dans l’univers de la franchise laisse forcément les joueurs sceptiques à l’annonce du mystérieux projet Prince of Persia : les sables du temps en vue d’une sortie courant 2003. Pourtant, cet épisode va révolutionner drastiquement le concept d’origine en transcendant le dynamisme et la souplesse de son système de combat.

Prince of Persia : les sables du temps (2003) – PC, PlayStation, Xbox©Jordan Mechner, Brøderbund / Konami

Cette fois, les chorégraphies martiales vont de pair avec les possibilités décuplées du héros, qui virevolte dans tous les sens pour se jouer de ses adversaires. Mieux encore, le titre imagine le fameux « Rewind », mécanique permettant de revenir en arrière de quelques secondes grâce aux pouvoirs des sables du temps. Cet épisode marque donc le renouveau de la saga sur PC, PS2, Xbox et GameCube… mais aussi le début d’une surexploitation de la franchise.

Verra-t-on un jour l’ombre du remake de Prince of Persia : les sables du temps ?

Ses suites (L’Âme du guerrier et Les Deux Royaumes) convainquent sans pour autant réussir à se démarquer suffisamment du premier volet de la trilogie pour s’affranchir d’un sentiment de lassitude inévitable. Développé sur Wii, l’épisode Rival Swords parvient tout de même à tirer son épingle du jeu en réimaginant le dernier segment de la trilogie de manière à exploiter pleinement les contrôles à la Wiimote et au Nunchuk.

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Mais il est temps de tourner la page. La période reste cependant propice à de nombreuses autres déclinaisons sur différents supports, des versions spécifiques étant même développées uniquement à l’attention des consoles portables. L’occasion d’expérimenter de nouvelles approches dans l’univers de la série, comme la stratégie dans Battles of Prince of Persia sur Nintendo DS en 2005.

2008 : l’année du reboot de Prince of Persia

Il faut attendre 2008 pour assister à un autre moment charnière de la licence. Le nouveau Prince of Persia amorce un reboot assumé de la franchise et sa direction artistique en cel-shading impressionne. Plus poétique que ses prédécesseurs, il renoue avec l’esprit romantique des contes des Mille et Une Nuits tout en se montrant exigeant dans sa gestion des duels. Le prince n’est d’ailleurs pas seul dans son périple, désormais accompagné d’Elika, une jeune femme aux pouvoirs mystérieux capable de purifier les environnements corrompus.

Prince of Persia (2008) – PC, PS3, Xbox 360.©Jordan Mechner / Ubisoft Entertainment

La progression semi-ouverte se fait certes un peu au détriment des énigmes, mais les parcours sont omniprésents et contribuent à souligner l’esthétique surprenante du jeu. Même si l’abolition du game over divise (Elika nous tend toujours la main pour nous sauver d’un trépas imminent), la volonté de redéfinir les codes de la saga rassure les joueurs.

Prince of Persia (2008) – PC, PS3, Xbox 360.©Jordan Mechner / Ubisoft Entertainment

Mais, avec l’avènement d’une nouvelle saga nommée Assassin’s Creed, les fans craignent pour l’avenir du prince qui ne semble plus au centre des préoccupations d’Ubisoft. Paradoxalement, un retour à l’esprit de la trilogie des Sables du temps s’opère tout de même en 2010 avec la sortie de Prince of Persia : les sables oubliés, mais la formule ne surprend plus. Et, tandis que le remake du premier volet semble pris dans les limbes d’un développement chaotique et incertain, une nouvelle remise à plat de la licence s’opère en 2024.

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Début d’une nouvelle ère avec Prince of Persia: The Lost Crown ?

Bien que lancé sur PC et consoles de salon, le nouveau chapitre de la saga, sorti ce mois-ci, rompt brutalement avec le schéma traditionnel de ses prédécesseurs. En misant sur l’intensité d’une formule de type « metroidvania », Prince of Persia: The Lost Crown s’inscrit pourtant parfaitement dans l’esprit de la vision initiale conçue par Jordan Mechner. L’homme n’est certes pas aux commandes de son développement, mais il ne peut que se réjouir du nouveau virage amorcé par cet épisode.

Prince of Persia: The Lost Crown (2024).©Ubisoft Entertainment

Ici, l’exploration complète avec génie la maîtrise d’un système de combat plus virevoltant que jamais. Et, loin d’être un frein aux ambitions du titre, la réalisation en 2,5D contribue à renforcer la précision du gameplay et le caractère labyrinthique des environnements.

Prince of Persia: The Lost Crown (2024) – PC, PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One, Switch©Jordan Mechner / Ubisoft Entertainment

Prince of Persia: The Lost Crown met en scène un guerrier du nom de Sargon et son voyage au cœur de la mythologie perse. Capable de contrôler le temps et l’espace, ce tout nouveau héros ne manque pas de ressources pour s’extirper des pièges les plus invraisemblables.

Prince of Persia : The Lost Crown (2024).©Jordan Mechner / Ubisoft Entertainment

Les zones interconnectées rendent l’aventure passionnante sur la durée, la progression faisant même intervenir de nombreuses quêtes optionnelles et des énigmes cachées. Addictif et technique, ce titre pourrait bien définir un nouvel horizon pour la franchise, à condition que les joueurs répondent massivement à l’appel du prince.

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