Décryptage

Les chiffres fous des séries contemporaines

15 mars 2023
Adhérent
Article réservé aux adhérents Fnac
Les chiffres fous des séries contemporaines
©Vantage_DS/Shutterstock

À l’orée des années 2000, les séries télévisuelles ont progressivement évolué vers un style plus proche de celui du cinéma. Cette évolution est due en partie aux chaînes du câble américain, à l’image de HBO qui a produit Oz, la série qui a marqué le point de bascule. À l’occasion du festival Series Mania, retour en chiffres et en faits sur l’histoire « moderne » des séries.

Les séries contemporaines, c’est… n’importe où, n’importe quand

Vous vous souvenez, lorsque l’on attendait impatiemment le samedi soir pour profiter de nouveaux épisodes de X-Files, Charmed ou Buffy contre les vampires grâce à la Trilogie du samedi sur M6 ? Et si, par malheur, nous n’étions pas disponibles, il fallait penser à lancer un enregistrement. Tout ça, c’est de l’histoire désormais bien ancienne.

©The WB Network TV

Grâce aux plateformes de streaming, Netflix en tête, qui a fait son arrivée en France il n’y a même pas encore dix ans, on peut désormais avoir accès à nos séries préférées à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, que cela soit sur notre télévision, notre ordinateur ou notre téléphone portable. Bon, il faut quand même veiller à ce que la série ne quitte pas le catalogue de la plateforme, mais, en général, cela laisse quand même de longs mois de répit.

Les séries contemporaines, c’est… une aubaine pour les binge-watcheurs

L’avantage avec les séries disponibles sur les différentes plateformes, c’est qu’il n’y a bien souvent pas besoin d’attendre une semaine pour découvrir un nouvel épisode. Dès leur sortie, la saison entière est la plupart du temps disponible, quand ce n’est pas l’œuvre dans son intégralité lorsqu’il s’agit d’anciennes séries comme Friends sur Netflix ou The Office à redécouvrir sur Prime Video.

©NBC

Le record de binge-watching est d’ailleurs détenu depuis 2016 par un New-Yorkais, Alejandro « AJ » Fragoso, qui a passé 94 heures à regarder des séries sans interruption. En 2020, Netflix estimait que si une personne souhaitait visionner l’intégralité de son catalogue (5 491 titres), cela lui prendrait quatre ans, deux mois et huit jours.

Les séries contemporaines, c’est… moins d’épisodes par saison

Pendant longtemps, les grands réseaux nationaux de chaînes télévisées américaines (ABC, CBS, Fox, etc.) ont donné le rythme avec des saisons d’une vingtaine d’épisodes. À partir du début des années 2000, les séries diffusées sur les chaînes du câble (HBO, AMC, FX, etc.) et les séries britanniques ont progressivement changé la donne avec des saisons moitié plus courtes, à l’image d’Oz (huit épisodes par saison), Les Soprano (12 épisodes par saison) ou encore Six Feet Under (12 ou 13 épisodes par saison).

©HBO

Ce changement avait pour but de limiter les risques et les frais si les audiences n’étaient pas satisfaisantes. Pour les scénaristes, c’était aussi une manière d’éviter les rebondissements superficiels et de rester concentré sur l’essentiel de l’intrigue. Au vu du succès des séries aujourd’hui, on peut dire que ce choix s’est révélé gagnant.

Les séries contemporaines, c’est… plus cher qu’Avatar

Avec Le Seigneur des Anneaux : les anneaux de pouvoir, Prime Video a frappé très fort : les huit épisodes de la première saison ont coûté 465 millions de dollars à produire, soit près de 60 millions de dollars par épisode. À cela, il faut également ajouter 250 millions de dollars pour exploiter les droits de la franchise.

©Matt Grace/Amazon Studios

À titre de comparaison, le dernier volet d’Avatar de James Cameron a coûté 250 millions de dollars, hors budget marketing. Quant à la deuxième série la plus chère de l’histoire, il s’agit de la quatrième saison de Stranger Things dont le coût a été évalué à 30 millions de dollars par épisode.

Les séries contemporaines, c’est… des millénaires de visionnage

À l’été 2022, la dernière saison de Stranger Things sur Netflix a atteint des scores d’audience astronomiques. Sur les quatre premières semaines de diffusion, la série des frères Dufer a atteint 1,4 milliard d’heures de visionnage, soit l’équivalent de 160 000 ans. C’est énorme, mais c’est pourtant moins bien que Squid Game, qui a atteint sur le même laps de temps 1,7 milliard d’heures de visionnage.

©Netflix

Au printemps 2019, le premier épisode de la dernière saison de Game of Thrones affolait aussi les compteurs : le coup d’envoi avait réuni 17,4 millions de fans, dont 11,8 millions de personnes en direct sur HBO, le reste l’ayant regardé en replay ou depuis la plateforme de vidéo à la demande de HBO. Les séries étrangères ne sont pas les seules à cartonner ; en France, le lancement de la deuxième saison de HPI sur TF1, au printemps 2022, avait réuni 10,9 millions de téléspectateurs.

Les séries contemporaines, ce sont… des univers à part entière

Depuis une vingtaine d’années, les séries ont beaucoup évolué dans leur conception et leur écriture. Alors qu’auparavant, les scénaristes se contentaient d’arriver avec une histoire, ils ont ensuite davantage mis l’accent sur les personnages permettant de créer plusieurs histoires. Désormais, ce sont des univers entiers qui sont créés, certains personnages étant sacrifiés, d’autres développés, quand la présence d’un seul personnage central est plus rare.

©HBO

Ainsi, les déclinaisons de récits originaux sous forme de prequel, sequel ou spin-off ont-elles le vent en poupe, comme cela a été fait pour Breaking Bad avec Better Call Saul, Game of Thrones avec House of the Dragon, ou encore les multiples projets autour de l’univers Star Wars (The Mandalorian, Obi-Wan Kenobi, Andor, etc.).

Les séries contemporaines, c’est… un film en un seul épisode

Puisque les créateurs de séries mettent aujourd’hui les petits plats dans les grands et que leurs œuvres n’ont parfois rien à envier au cinéma, il arrive que certains épisodes soient aussi longs que des films. Cela a été le cas pour les deux derniers épisodes de la saison 4 de Stranger Things, dont la durée était respectivement de 1h25 et 2h20.

©Helen Sloan/HBO

Trois ans plus tôt, la saison 8 de Game of Thrones avait déjà donné le la avec un épisode de 1h22 (« La Longue Nuit ») et trois épisodes de 1h18. Malgré tout, le record de l’épisode le plus long est détenu par une série turque, Cesur ve Güzel, diffusée entre 2016 et 2017 et dont l’épisode final avait duré 2h39.

Les séries contemporaines, ce sont… des pluies de récompenses

L’année 2013 a marqué un tournant puisque, pour la première fois, une série diffusée exclusivement sur Internet, sur Netflix en l’occurrence, a été nommée aux Emmy Awards. Il s’agit de House of Cards, qui a concouru dans pas moins de neuf catégories, dont celle de la meilleure série dramatique – qui a finalement couronné Breaking Bad. David Fincher a cependant obtenu l’Emmy de la meilleure réalisation pour une série télévisée dramatique pour le premier épisode. L’année suivante, Robin Wright décrochait le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique pour son rôle de Claire Underwood, quand Kevin Spacey remportait l’équivalent masculin l’année suivante. Au total, House of Cards a récolté huit récompenses aux cérémonies des Golden Globes et des Emmy Awards.

©Hulu, OCS

Huit, c’est également le nombre de distinctions obtenues par The Handmaid’s Tale aux seuls Emmy Awards de 2017. Parmi les statuettes attribuées, il y a eu celle de la meilleure série dramatique, celle de la meilleure actrice pour Elizabeth Moss, celle de la meilleure réalisation ou encore du meilleur scénario. Plus récemment, Squid Game n’a remporté « que » six Emmy Awards lors de l’édition 2022, mais la série sud-coréenne est entrée dans l’histoire : c’est la première fois que la récompense du meilleur acteur dans une série dramatique était attribuée à un interprète, en l’occurrence Lee Jung-jae, jouant dans une autre langue que l’anglais.

Les séries contemporaines, ce sont… des castings trois étoiles

Puisque les séries ne sont plus l’ombre du septième art, on retrouve parmi les acteur·rice·s et les réalisateur·rice·s quelques grands noms du cinéma. House of Cards, que l’on évoquait précédemment, a été réalisée notamment par David Fincher (Seven, Fight Club, Zodiac…) et compte Kevin Spacey et Robin Wright dans les rôles principaux. En 2014, la première saison de True Detective réunissait Matthew McConaughey et Woody Harrelson.

©HBO

Quelques années plus tôt, Sean Bean, consacré grâce au rôle de Boromir dans Le Seigneur des Anneaux, revenait sur le devant de la scène en interprétant Ned Stark dans la première saison de Game of Thrones. En 2021, c’est Omar Sy qui était à l’honneur sur Netflix grâce à la série Lupin.

Les séries contemporaines, ce sont… des déclinaisons de films

Pour prolonger le plaisir, certaines œuvres du septième art poursuivent leur vie en séries. C’est le cas par exemple pour la série Westworld de HBO qui est basée sur le film Mondwest sorti en 1973. Un peu plus contemporains, les films Le Silence des agneaux (1991) et Hannibal Lecter : les origines du mal (2007) ont précédé la série Hannibal dans laquelle Mads Mikkelsen tient à merveille le rôle phare. Dans un genre à peu près similaire, Bates Motel constitue le prequel du chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, Psychose, et tente de faire la lumière sur le comportement violent de Norman Bates.

©HBO

On peut également citer Snowpiercer (Le Transperceneige), dont la diffusion de la quatrième saison est en attente ; les séries tirées de Star Wars précédemment citées ou encore Salade grecque, qui fait suite à la trilogie L’Auberge espagnole, Les Poupées russes et Casse-tête chinois de Cédric Klapisch, et dont la diffusion est programmée sur Prime Video à partir du 14 avril.

À lire aussi

Retrouvez tous les articles Contact dans votre espace adhérent
Tout ce qui fait l'originalité de la Fnac et surtout, tout ce qui fait votre originalité.
Espace adhérent