Une exposition au Mémorial de la Shoah, à Paris, propose un regard entre fiction et réalité historique sur les horreurs de la guerre au travers de la série de bandes-dessinées, Spirou, l’espoir malgré tout.
Spirou au Mémorial de la Shoah ? Rien d’étonnant quand on a lu la série d’Emile Bravo, Spirou, L’espoir malgré tout (Dupuis) mettant en scène le jeune homme en costume rouge et son comparse Fantasio. Grâce à la légèreté de la BD belge et de la mise en couleur, Bravo traite, toujours avec justesse et délicatesse, des horreurs de la guerre, de l’Occupation en Belgique, du rapport à l’occupant nazi. Et c’est ce travail d’artiste qu’expose le Mémorial de la Shoah, dans un nécessaire travail de mémoire et d’histoire sur un épisode de la Belgique finalement peu connu.
Un personnage de la résistance
De réalité historique, il en est précisément question dans l’approche d’Emile Bravo. Mais l’humain et l’artistique ne sont pas en reste. Via l’évocation d’un couple de peintres qui ont réellement existé, Félix et Felka Nussbaum, juifs allemands réfugiés à Bruxelles et qui seront assassinés à Auschwitz-Birkenau, Bravo raconte de manière concrète la peur, les ruses pour se cacher, pour sauver sa peau face à l’horreur.
Les oeuvres du couple sont présentées en parallèle de l’exposition, tout comme le théâtre itinérant créé par Jean Doisy, le rédacteur en chef du Journal de Spirou fondé par l’éditeur Jean Dupuy, en 1938. Dès 1940, ce fervent résistant se sert du journal pour faire passer des messages à travers ses articles. Il monte aussi un théâtre de marionnettes itinérant, une sorte d’écran qui permet de mener différentes actions et qui aide des résistants à voyager clandestinement à travers la Belgique. Cette histoire est également à découvrir dans l’exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah.
C’est aussi l’occasion de mieux comprendre le sort réservé à la Belgique durant la Seconde Guerre Mondiale. Placée sous administration directe de l’Allemagne pendant l’occupation, elle a souffert peut-être plus que d’autres pays. Dans le récit en BD, Spirou résiste comme peut le faire un enfant, avec de petits gestes de solidarité, en ne maniant jamais d’arme. Une histoire à hauteur d’enfant finalement, qui permet de raconter aux plus jeunes l’indicible sans les traumatiser.
Grâce à des documents d’époque, et des photos, Spirou dans la tourmente de la Shoah apporte un contexte aux planches exposées. Une exposition à conseiller à un large public pour continuer le nécessaire travail de transmission et de mémoire.
Exposition Spirou dans la tourmente de la Shoah – Jusqu’au 30 août 2023, Mémorial de la Shoah 1, rue Geoffroy-l’Asnier, 75004 Paris – Entrée libre