
Le musée de la rue de Grenelle accueille d’avril à octobre 2025 une exposition exceptionnelle, intime et personnelle du photographe français.
Maître de la photographie humaniste, Robert Doisneau a su capturer, mieux que quiconque, les visages de l’enfance, la poésie du quotidien et les marges d’un Paris en mutation. Du 17 avril au 12 octobre, le musée Maillol, à Paris, lui consacre la plus grande rétrospective depuis 20 ans. Intitulée Instants donnés, elle réunit plus de 400 clichés sélectionnés parmi les 450 000 que compte l’Atelier Doisneau. Voici trois bonnes raisons de ne pas passer à côté de cet événement.
1 Une traversée complète de sa carrière
Loin de se limiter à ses photographies les plus célèbres, comme le Baiser de l’Hôtel de Ville, cette exposition propose un parcours thématique et chronologique à travers l’ensemble de la carrière de Robert Doisneau, de 1934 à 1992. Dix sections composent ce voyage, dont une, intitulée Gravité, mettant en lumière un aspect plus sombre de son travail : les marges, les exclus, les bas-fonds de la société française d’après-guerre.
À travers ses reportages, ses images de banlieue, ses photographies en couleur des années 1970 ou ses travaux de commande, on découvre un photographe plus complexe et audacieux qu’il n’y paraît. Il collabore avec Vogue, illustre des ouvrages, expérimente le collage, tout en restant fidèle à une forme de tendresse pour ses sujets, qu’ils soient marginaux ou mondains.
2 Un dialogue rare entre artistes et anonymes
Doisneau photographie Paris comme un théâtre. Et dans cette exposition, les anonymes se mêlent aux figures majeures de la création. Picasso, Giacometti, Braque, Niki de Saint Phalle, David Hockney apparaissent dans l’intimité de leurs ateliers. À leurs côtés, une concierge photographiée en 1945, un policier figé devant un cabaret baptisé L’Enfer, ou les fêtards du 14 juillet rue des Canettes.
À l’AFP, Annette Doisneau a évoqué l’une de ces rencontres artistiques : « Là, c’est Sabine Azéma », raconte-t-elle devant une photo en noir et blanc de l’actrice, « qui a fait partie des très proches de son père avec (le violoncelliste) Maurice Baquet et (le poète) Jacques Prévert. » Elle poursuit : « Il était allé la photographier sur le tournage du film Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier et, à partir de là, ça a été son rayon de soleil. »
3 Une exposition pensée comme un hommage familial
Ce qui rend cette rétrospective touchante, c’est aussi qu’elle a été imaginée par ses deux filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille, en collaboration avec la commissaire Isabelle Benoit. Ensemble, elles ont plongé dans les archives de l’atelier familial pour construire une narration fidèle à l’homme autant qu’à l’artiste.
Le parcours se double d’éléments personnels : objets, documents inédits, extraits sonores, dispositifs immersifs… Le visiteur est invité à entrer dans l’univers de ce flâneur exigeant, qui parcourait Paris « avec de bonnes chaussures » et « écrivait » autant qu’il photographiait, selon sa fille. Le dernier mot revient à Robert Doisneau lui-même : « Il est des jours, disait-il, où l’on ressent le simple fait de voir comme un véritable bonheur. »