Chaque mois, un·e auteur·rice partage avec L’Éclaireur la dizaine de livres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, Clémentine Autain se prête au jeu.
La journaliste et femme politique vient de faire paraître son premier roman, Assemblées, une plongée réaliste et lucide dans les méandres de la « vie politique ». À cette occasion, elle a accepté de répondre à nos questions.
Le premier livre qui vous a marqué ?
Madame Bovary, de Flaubert. J’ai découvert et j’ai pris goût à la littérature par la lecture de Madame Bovary, grâce à une enseignante formidable – avec laquelle je suis toujours en contact, d’ailleurs !
Celui qui parle le mieux d’amour ?
Un seul, c’est compliqué ! Je dirais Ceux qui s’aiment, de Brice Torrecillas. C’est un récit très étonnant, d’un homme infidèle qui peste beaucoup contre sa femme, mais qui l’aime profondément.
Celui qui vous fait rougir ?
Je pense à un livre qui fait rougir au sens politique du terme, qui donne envie de s’engager : Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce, de Lola Lafon. C’est un livre qui porte la colère d’une jeunesse face à un monde qui dysfonctionne.
Celui qui vous dérange ?
Houellebecq. Il me donne la nausée, même ! Ce qui est le signe d’une grande force littéraire, mais je ressens surtout un dégoût politique.
Celui qui vous obsède ?
C’est par périodes ! Pas son genre, de Philippe Vilain. C’est un livre qui a été adapté au cinéma et que j’avais chroniqué sur France Culture. C’est sur l’amour impossible entre un jeune agrégé et une coiffeuse. C’est du Bourdieu en littérature.
Celui qui vous fait rire ?
Ça, c’est plus rare. Chloé Delaume, ça m’a fait rire ! Le dernier, Le Cœur synthétique.
Celui qui vous fait pleurer ?
Pas pleurer, de Lydie Salvayre. Je m’en souviens parce que j’ai beaucoup pleuré, justement !
Celui qui vous console ?
Le dernier livre qui m’a consolée, je pense que c’est L’Enfance politique de Noémi Lefebvre. C’est l’histoire d’un personnage qui sombre dans la dépression jusqu’à être enfermé dans un hôpital psychiatrique – mais c’est un texte très drôle ! Et l’autrice ironise, à un moment, sur l’adage “quand on veut on peut”, et elle remarque qu’il faut pouvoir vouloir. Ma mère était une grande dépressive et j’ai longtemps eu du mal à avoir de l’empathie. Je pense justement que ma mère ne pouvait pas vouloir.
Celui que vous n’avez pas compris ?
Je pense Aurélien, d’Aragon. La première fois que je l’ai lu, très jeune, je suis passée à côté.
Celui que vous voulez lire depuis des années, sans jamais y parvenir ?
Alors, je ne dois pas être la seule, mais La Recherche du temps perdu. J’ai lu Un amour de Swan, mais maintenant je voudrais lire le tout…