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Test de Little Nightmares – Complete Edition : L’antre de la folie

26 mai 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Little Nightmares – Complete Edition : L'antre de la folie

En résumé

En dépit d’un manque de finition parfois pénalisant et de quelques passages à vide dans son déroulement, Little Nightmares: Complete Edition peut compter sur son atmosphère dérangeante et ses situations atypiques pour retenir notre attention jusqu’à ses deux dénouements. Belle alternative à Limbo ou Inside, cette version spéciale profite surtout très largement des contenus additionnels embarqués pour gommer sa faible durée de vie d’origine.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La présence des extensions qui enrichit vraiment le contenu
  • L'atmosphère glaçante et sa sordide galerie des horreurs
  • Des situations dérangeantes qui font grimper la tension
  • Une logique de progression propre à chacun des deux scénarios
  • Quelques scènes vraiment marquantes sur le plan narratif
  • La libre interprétation de l'histoire et les indices livrés sur l'ensemble du jeu
  • L'accès direct aux différents chapitres en vue du 100 %
Les moins
  • Tellement sombre que la lisibilité du jeu en pâtit
  • Le manque de clarté de certaines interactions
  • Des chargements trop longs pour un die & retry
  • Toujours un peu court, même avec l'ensemble des extensions

Notre test détaillé

Sorti initialement en avril 2017 sur PC, PS4 et Xbox One, Little Nightmares s’offre une « Complete Edition » dont les possesseurs de Switch ont finalement la primeur. Regroupant l’ensemble des contenus téléchargeables parus à ce jour, à savoir les trois chapitres des Secrets de l’Antre centrés sur le personnage du fugueur, cette version spéciale n’est pas à mettre entre toutes les mains.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Directement accessibles au lancement de la partie, les deux aventures de Little Nightmares sont à appréhender comme les deux facettes d’une seule et même pièce de monnaie. Complémentaires et intimement liées, elles sont à parcourir dans un ordre bien précis, ce choix de départ n’étant destiné en réalité qu’aux possesseurs du premier volet afin de découvrir directement la seconde histoire sans obligation de terminer à nouveau celle de Six. Pour les autres, c’est bel et bien à travers le prisme de la petite fille en ciré jaune qu’il convient d’aborder l’univers pestilentiel de ce titre qui se joue de nos peurs d’enfant.

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Les contes de la crypte

Si vous ne savez encore rien de Little Nightmares, voyez-le comme une expérience insolite dans la veine de Limbo (ou Inside) sans autre rapport avec le registre du survival horror que l’intention de nous mettre mal à l’aise. Dépourvu d’action, le soft mise sur des contrôles simples et intuitifs permettant à n’importe quel joueur de s’immerger immédiatement dans le contexte dérangeant de cette histoire torturée. Et si l’ambiance morbide de Little Nightmares n’est pas aussi malsaine que celle d’un Silent Hill, sa thématique de l’enfance bafouée entretient nombre de similitudes avec celle abordée dans La Cité des Enfants Perdus et contribue à l’inconfort permanent que l’on ressent en jouant. Sans jamais véritablement faire peur, le titre s’efforce surtout de nous intriguer au maximum en nous livrant un minimum d’informations sur son contexte narratif.

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Qui sommes-nous ?

De la minuscule silhouette en imperméable jaune qui se faufile maladroitement, à l’échelle d’une simple fourmi, dans des décors sales et délabrés, nous ne savons absolument rien. Baigné dans une pénombre profondément opaque, notre environnement tangue inlassablement comme si nous nous trouvions coincés dans la cale d’un bateau, l’omniprésence de sonorités inquiétantes annonçant l’imminence d’un danger. La flamme du briquet de Six renforce d’autant plus ce sentiment de suffocation dans un lieu en proie aux ténèbres les plus noires. La faible luminosité et le grain de l’image contribuent également à cette impression oppressante d’étouffement. En vérité, le titre est si sombre que sa lisibilité en pâtit parfois, le simple fait de transporter un objet ou d’escalader un mur coupant net la lueur du briquet pour nous plonger dans le noir le plus total. On peine alors à distinguer les éléments susceptibles d’autoriser les interactions, et l’on avance à tâtons, redoutant la mort à chaque tournant.

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Freaks

Ce que l’on distingue n’est d’ailleurs pas des plus réjouissants. Aux cordes de pendus succèdent des formes douteuses bien vivantes capables de nous éliminer en un instant. Pour éviter de finir pétrifié d’effroi par un guetteur ou dévoré par une limace tueuse, on apprend à se faufiler dans l’ombre à pas de loup, jouant au chat et à la souris avec des créatures monstrueuses dont on ne veut même pas imaginer la provenance. Dérangeants plus qu’effrayants, ces êtres de cauchemar nous traquent constamment, le moindre petit trou dans un mur pouvant suffire à voir jaillir une main décharnée qui nous agrippe pour ne plus nous lâcher. Il y a mille et une raisons de mourir dans Little Nightmares, y compris cette faim qui nous tord le ventre au point de nous voir ramper tel un rat en quête du moindre bout de chair comestible.

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Le fugitif

La grande réussite du jeu est de nous embarquer de force dans un environnement qui ne concède jamais aucune révélation, chaque nouvelle (mauvaise) rencontre ajoutant encore un peu plus aux interrogations légitimes qui entourent l’objet de notre quête. À l’issue du voyage, l’envie d’en savoir plus tenaille donc inévitablement le joueur qui s’attend à trouver des réponses dans l’histoire du fugueur, censée compléter subtilement le scénario de Six. Sans jamais s’autoriser la moindre révélation limpide, le contenu de cette seconde aventure apporte bel et bien son lot d’indices mettant en lumière certains éléments clefs de l’intrigue, tout particulièrement dans sa dernière partie qui correspond au troisième DLC du jeu. L’histoire du fugueur couvre en effet les trois extensions des « Secrets de l’Antre » qui s’enchaînent de manière logique les unes à la suite des autres, nous conduisant des profondeurs jusqu’à la résidence de la troublante dame au masque. Bien qu’inégales, ces trois parties ont surtout le mérite de renouveler habilement les mécaniques de progression, la lampe torche pouvant par exemple être utilisée pour brûler les ombres qui nous agressent tandis que les « mômes » doivent être mis à contribution pour aider le fugueur à surmonter les obstacles qui se dressent devant lui.

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Complete Edition

Indéniablement, la présence des trois volets de ce scénario bonus constitue un atout majeur de Little Nightmares: Complete Edition qui peut à la fois compter sur un background plus étoffé et sur une durée de vie plus respectable pour faire la différence avec la version d’origine. Ne dépassant cependant pas la poignée d’heures de jeu, le soft triche tout de même par sa nature de die & retry en étirant de manière un peu factice sa longévité grâce à son manque assumé de permissivité. Le temps passé à recommencer les mêmes séquences de jeu pour atteindre le prochain checkpoint sans mourir, et la longueur des chargements faussent clairement la durée de vie globale, mais c’est le prix à payer pour profiter du contexte délicieusement morbide de ce conte fortement déconseillé aux enfants. Pour finir sur une note plus légère, rappelons que l’édition Switch embarque un bonus aussi exclusif qu’anecdotique sous la forme d’un masque décalé à débloquer via l’amiibo Pac-Man…

Conclusion

En dépit d’un manque de finition parfois pénalisant et de quelques passages à vide dans son déroulement, Little Nightmares: Complete Edition peut compter sur son atmosphère dérangeante et ses situations atypiques pour retenir notre attention jusqu’à ses deux dénouements. Belle alternative à Limbo ou Inside, cette version spéciale profite surtout très largement des contenus additionnels embarqués pour gommer sa faible durée de vie d’origine.

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