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Test de Stranger Things 3 The Game : L’adaptation au goût rétro

11 juillet 2019
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Stranger Things 3 The Game : L'adaptation au goût rétro

En résumé

Même si l’on s’amusait à le replacer dans le contexte des jeux des années 80-90, Stranger Things 3: The Game ne se démarquerait que par ses emprunts directs à la série TV. Pas seulement old school dans sa réalisation, le titre l’est aussi dans chacun des aspects de son game design qui paraît logiquement dépassé aujourd’hui. N’attendez pas de sa part autre chose qu’un divertissement rétro sans prétention.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Les routines du hack'n slash transposées à l'échelle de Stranger Things
  • Une douzaine de personnages jouables
  • L'optimisation de l'équipe via les gadgets à crafter
  • Possibilité de faire tout le jeu en coopération à deux joueurs
Les moins
  • La solution de facilité sur le plan technique
  • Déroulement composé essentiellement de quêtes Fedex
  • Le manque de précision et de lisibilité de l'action
  • Des problèmes d'ergonomie multiples
  • Le déséquilibre flagrant entre certains personnages
  • Les niveaux à rallonge des derniers chapitres
  • Très nombreux écrans de chargement sur Switch

Notre test détaillé

Revendiquant des aspirations rétro analogues à celles de la série TV, Stranger Things 3: The Game revisite les événements de la troisième saison dans le cadre d’un titre résolument old school. Mais quelle plus-value apporte-t-il à la franchise ?
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Logiquement truffé de spoilers concernant le déroulement de la dernière saison de la série TV, Stranger Things 3: The Game est avancé comme un complément officiel destiné aux fans souhaitant aborder l’expérience sous un angle ludique et instantané, dans l’esprit des titres des années 80-90. Le visionnage des épisodes est donc un pré-requis évident avant de se lancer dans la partie pour ne pas se gâcher la surprise, même si le jeu reste globalement très limité dans sa manière de mettre en scène les événements marquants de cette troisième saison.

Stranger Things 3: The Game

© BonusXP / capture d’écran

La revanche du pixel

En utilisant l’approche rétro comme prétexte pour conserver l’essence du show TV, le studio BonusXP chargé de cette adaptation donne tout de même le sentiment d’avoir cédé au piège de la facilité. Car s’il paraît sympathique à première vue, le rendu pixel art de Stranger Things 3: The Game se situe plutôt dans la moyenne basse de ce qui se fait désormais dans le domaine, d’autant que la perspective isométrique n’arrange pas nécessairement les choses. On se heurte trop souvent à des coins de murs invisibles et les problèmes d’ergonomie se révèlent multiples. Mais pour mieux comprendre en quoi ces derniers ternissent à ce point l’expérience de jeu, il nous faut déjà aborder les grandes lignes du game design.

Stranger Things 3: The Game

© BonusXP / capture d’écran

Ils sont tous là

Avec un traitement à l’ancienne visant directement les vieux routards du jeu vidéo, Stranger Things 3: The Game transpose les routines les plus élémentaires du hack’n slash à la Diablo à l’échelle de la série signée Netflix. Intuitif, le gameplay table sur une simplicité maximale, ne se démarquant qu’au travers de la multiplicité de personnages qu’il nous invite à contrôler au fil de la partie. Sur l’ensemble de l’aventure, douze protagonistes deviennent accessibles à n’importe quel moment du jeu, et même si certains d’entre eux se révèlent nettement plus avantagés que leurs acolytes, la diversité inhérente à leurs styles de combat respectifs reste appréciable. L’injection régulière de nouveaux personnages dans l’équipe relance par ailleurs efficacement l’exploration en nous donnant progressivement accès à des portions secondaires des zones déjà découvertes.

Stranger Things 3: The Game

© BonusXP / capture d’écran

Main dans la main

Son autre bon point, Stranger Things 3: The Game le gagne au travers des possibilités d’optimisation qu’il autorise via les gadgets à fabriquer à l’aide des matériaux récupérés en chemin. Rien de révolutionnaire, mais la recette fonctionne plutôt bien dans la mesure où les bonus octroyés par ce biais touchent l’ensemble de l’équipe, ce qui incite à modifier à loisir la composition des duos actifs sélectionnés. Le titre fonctionne en effet uniquement en binôme, le second protagoniste étant géré soit par l’IA, soit par un second joueur. S’il est possible de jongler à tout moment entre les deux personnages en mode solo, la possibilité de faire tout le jeu en coopération est un plus évident. Chaque individu disposant d’aptitudes bien spécifiques, la mécanique du duo compense un petit peu la grande redondance du système de jeu qui se résume un peu trop souvent à tout démolir façon LEGO pour mettre en évidence les interactions nécessaires à la progression de la mission.

Stranger Things 3: The Game

© BonusXP / capture d’écran

Question d’ergonomie

C’est cependant ici que les problèmes d’ergonomie viennent jouer les trouble-fête au-delà de l’imprécision générale liée en partie au choix de la vue isométrique. On est par exemple fréquemment obligé de faire défiler les personnages dans l’urgence à chaque fois qu’une interaction fait appel à un individu qu’on ne souhaite pas contrôler. Étonnamment, on ne voit jamais le nombre d’objets en notre possession à l’écran d’achat et rien ne nous renseigne sur les statistiques de nos héros en dehors des bonus que les équipements leur confèrent. Nettement plus gênant, le manque de précision et de lisibilité de l’action est tel qu’on se voit trop souvent forcé d’encaisser des dégâts, notamment quand des vagues d’ennemis nous tombent dessus, le seul moyen de défense reposant sur un blocage temporaire assez misérable.

Stranger Things 3: The Game

© BonusXP / capture d’écran

C’était vraiment mieux avant ?

Essentiellement composé de quêtes Fedex nous obligeant à aller d’un point A à un point B, le déroulement du jeu se voit ponctuellement entrecoupé d’énigmes typiquement old school sans réelle inspiration. Si vous n’avez rien contre les interrupteurs à actionner en série pour déverrouiller des portes dans des complexes de plus en plus labyrinthiques, il se peut que vous trouviez la motivation suffisante pour aller jusqu’au bout de l’aventure qui s’étale sur une poignée d’heures de jeu. Mais entre les combats de boss laborieux, les écrans de chargement intempestifs et les niveaux à rallonge des tout derniers chapitres, difficile de s’enthousiasmer outre mesure au contact de cette adaptation.

Conclusion

Même si l’on s’amusait à le replacer dans le contexte des jeux des années 80-90, Stranger Things 3: The Game ne se démarquerait que par ses emprunts directs à la série TV. Pas seulement old school dans sa réalisation, le titre l’est aussi dans chacun des aspects de son game design qui paraît logiquement dépassé aujourd’hui. N’attendez pas de sa part autre chose qu’un divertissement rétro sans prétention.

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