Critique

The Hunting Wives : que vaut cette héritière texane des Desperate Housewives ?

04 novembre 2025
Par Marion Olité
“The Hunting Wives” est disponible sur MyCanal.
“The Hunting Wives” est disponible sur MyCanal. ©Lionsgate Television

Après avoir cartonné sur Netflix aux États-Unis, The Hunting Wives débarque en France, sur MyCanal. Quelque part entre Desperate Housewives et Big Little Lies, ce nouveau soap sexy pourrait bien devenir notre plaisir le plus coupable de cette fin d’année.

Adaptée du best-seller éponyme signé May Cobb, The Hunting Wives nous plonge dans les vies d’une bande de femmes au foyer aisées et hautes en couleur, résidant dans une petite ville du Texas. Fraîchement débarquée de Cambridge avec son mari et son fils, Sophie O’Neil (Brittany Snow) se lie d’amitié avec Margo Banks (Malin Akerman), la reine des abeilles, qui la présente à ses amies Callie (Jaime Ray Newman), Jill (Katie Lowes), Taylor (Alexandria DeBerry) et Monae (Joyce Glenn).

Entre les garden-parties organisées par la NRA (National Rifle Association of America, une association très puissante qui promeut le port d’armes à feu), les dimanches à l’église et les parties de chasse alcoolisées des épouses, Sophie découvre un mode de vie très « Trump compatible » qui heurte ses convictions libérales.

Contrôlée par un mari toujours prompt à la juger, elle est aussi séduite par Margo, une femme charismatique et hédoniste, qui l’encourage à lâcher prise et à enterrer un douloureux passé. L’affaire se corse quand une adolescente est assassinée dans les bois où les épouses ont l’habitude d’aller chasser.

Des femmes au foyer, pas vraiment désespérées

Composée de huit épisodes, cette nouvelle minisérie développée par Rebecca Cutter possède d’indéniables vibes Desperate Housewives. Dans les deux cas, on suit des existences rythmées par des réunions autour d’un hobby (les Desperate jouent au poker, les Hunting pratiquent la chasse), des dynamiques amicales changeantes et des meurtres inexpliqués. Ces femmes évoluent dans des milieux aisés et ont souvent pour travail de s’occuper de leurs enfants et de conserver leur mariage avec des hommes puissants à flot.

The Hunting Wives.©Lionsgate Television

Loin d’être les femmes parfaites et effacées que la société attend d’elles, elles s’octroient parfois des plaisirs interdits : dans la première saison de Desperate Housewives, Gabrielle Solis (Eva Longoria) a une liaison avec son jardinier, encore lycéen. Dans The Hunting Wives, Margo fait de même avec le fils d’une de ses amies.

Les deux personnages ont d’autres points communs : Gaby et Margo sont des « femmes trophées », qui doivent composer avec des maris riches et machos. Très conscientes de leur statut, ces deux transfuges de classe (elles ont grandi dans des milieux défavorisés et sont prêtes à tout pour ne pas y retourner) tentent d’en tirer le meilleur.

The Hunting Wives.©Lionsgate Television

Si Gaby aime prendre du bon temps, elle n’arrive pas à la cheville de Margo dans le domaine de la luxure. Cette dernière, séductrice pathologique, multiplie les liaisons (avec le jeune Brad, mais aussi avec Callie, tout en ayant des relations sexuelles et un accord avec son mari), les soirées arrosées, et consomme à l’occasion de la drogue et autres médicaments (elle aime beaucoup le Xanax). Sobre après un accident de voiture, Sophie tombe en peu de temps sous son emprise, recommence à boire et se laisse tenter par la débauche. Margo est sexy, fun et sacrément toxique.

Une série très hot

The Hunting Wives se focalise davantage sur la relation ambiguë, sous haute tension sexuelle, entre Sophie et Margo, que sur la dynamique de groupe entre les épouses, au temps d’écran très inégal. Si Katie Lowes tire son épingle du jeu dans le rôle de l’épouse psychorigide du pasteur, la série repose en grande partie sur l’alchimie palpable entre Brittany Snow et Malin Akerman. Toutes les deux sont parfaites chacune dans leur registre, soit l’oie blanche attirée dans les toiles de l’araignée.

The Hunting Wives.©Lionsgate Television

Dès leur première rencontre, le ton est donné : Margo se déshabille sans crier gare devant Sophie, avant de lui demander un Xanax. Elle aime à la fois observer et être observée en pleins ébats sexuels. Dans le rôle de la voyeuse, Sophie se laisse happer par la tentation. La série est particulièrement généreuse en scènes de sexe hot. Son érotisme soft détonne dans un paysage sériel plutôt sage de ce côté-là.

Si on peut se féliciter de la présence de personnages bisexuels, cette représentation n’est pas exempte de clichés. À l’image d’autres personnages féminins bisexuels de la pop culture – Catherine Tramell dans Basic Instinct ou Suzie et Kelly dans Sexcrimes –, Margo est dépeinte comme une femme manipulatrice, égocentrique et sexuellement insatiable.

The Hunting Wives.©Lionsgate Television

Sa sexualité queer est phagocytée par le male gaze, comme dans cette scène où elle embrasse finalement Margo sous le regard de deux jeunes hommes excités. Le genre du thriller érotique se marie généralement bien avec la bisexualité féminine tant que celle-ci rentre dans les codes du fantasme masculin hétérosexuel.

Une chasse aux airs de déjà-vu

On pense aussi à Yellowstone – pour la place des armes, le sexe et le style de vie conservateur – et à Big Little Lies (un groupe d’amies confronté à un meurtre dans une petite ville où tout le monde se connaît) en regardant The Hunting Wives. La série commence par une séquence haletante : une jeune femme court dans les bois et tente d’échapper à son meurtrier ou sa meurtrière. Les épisodes suivants effectuent des allers-retours dans le temps pour exposer l’intrigue policière.

The Hunting Wives.©Lionsgate Television

C’est un peu le problème de cette production : pas aussi drôle que Desperate Housewives, pas aussi dépaysante que Yellowstone – malgré ses stetsons et bottes de cowboy –, pas aussi profonde et léchée que Big Little Lies, The Hunting Wives ne concurrence pas vraiment ces modèles, faute de rester dans le salace. Dans le genre texan, la récente romance Nouvelle vie à Ransom Canyon utilise mieux la région et ses paysages typiques. Il lui manque aussi une vraie proposition esthétique (la photographie est terne), des personnages secondaires plus affirmés et un propos plus tranchant.

Elle a pourtant des choses à nous dire sur la société texane, son sexisme et son hypocrisie en pleine ère Trump. Certains de ces aspects sont abordés rapidement lors de dialogues aussi réalistes que glaçants. Par exemple, une des épouses lance au détour d’une conversation sur une association antiavortement qu’il n’y a plus de cliniques où aller protester, puisqu’elles ont toutes été fermées. « Il n’y a plus de cliniques à bombarder, grâce à nous », lâche-t-elle devant une Sophie stupéfaite.

The Hunting Wives.©Lionsgate Television

Un autre personnage très secondaire, Starr (interprété par la toujours juste, mais ici sous-exploitée Chrissy Metz), est là pour rappeler très peu subtilement que les épouses appartiennent à la classe des ultrariches. On sent bien que la production a davantage envie de suivre les coucheries de Margo que de donner dans la critique sociale. Peuplée de femmes à la gâchette et au cocktail facile, dont les dramas n’ont rien à envier à ceux des protagonistes de The Real Housewives, The Hunting Wives est à ranger du côté des plaisirs coupables vite consommés et vite oubliés. Mais c’est parfois tout ce qu’on demande à une série, surtout en cette fin d’année.

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