
Pop, vintage et engagée, Carmen Curlers dépoussière l’histoire d’une invention qui a changé la vie de milliers de femmes.
Avec ses costumes acidulés, ses néons sixties et son ton joyeusement irrévérencieux, Carmen Curlers ne ressemble à rien d’autre. Arte propose les deux saisons de cette œuvre danoise depuis le 26 juin sur arte.tv, avec une diffusion linéaire prévue les 3 et 10 juillet sur sa chaîne.
Créée par Mette Heeno et interprétée par Morten Hee Andersen (vu dans Au nom du père) dans le rôle principal, la série danoise a conquis la critique européenne, décrochant plusieurs prix, dont celui de la meilleure fiction européenne à La Rochelle en 2023.
L’histoire d’un bigoudi
Sous ses airs de comédie pop, le programme raconte une histoire bien réelle. Celle d’Arne Bybjerg Pedersen, marchand d’électroménagers devenu, dans les années 1960, l’un des entrepreneurs les plus florissants du Danemark. Et c’est en découvrant un prototype de bigoudi chauffant dans une petite annonce qu’il saisit l’opportunité de sa vie.

Il rachète l’invention, en améliore la technologie avec l’aide de l’ingénieur Niels Christian Jørgensen, et lance une production à grande échelle à Kalundborg. Jusqu’à 3 500 ouvrières y seront employées à la fin de la décennie. Deux avions remplis de bigoudis partent alors chaque jour vers les États-Unis et l’Angleterre. L’entreprise Carmen Curlers devient l’une des plus dynamiques de la décennie.
Une relecture libre et jubilatoire
Dans la série, Arne devient Axel Byvang. « Transcender des faits réels n’est pas chose aisée. Mette Heeno excelle dans l’exercice », souligne Télérama, qui valide la « juste distance entre réalité et inventivité. » Birthe Windfeld, collaboratrice clé et ex-agricultrice dans le show, incarne cette volonté de mettre en avant les femmes dans un récit longtemps centré sur un seul homme.

Le bigoudi électrique devient alors prétexte à une chronique sociale sur l’émancipation, la montée en puissance des ouvrières et les mutations d’une société danoise. Plus que le récit d’un succès entrepreneurial, Carmen Curlers s’attache à montrer comment la libération technologique des foyers (presse-purée, lave-linges, bigoudis…) a accompagné une autre libération : celle des femmes.
Un souffle rétro
Soutenue par une mise en scène dynamique et une direction artistique flamboyante, la série n’élude pas les failles de son protagoniste. Axel est égocentrique, souvent maladroit, parfois cynique. Mais le ton reste toujours juste : « L’humour frise avec le noir et l’émotion surgit lorsqu’on ne l’attend pas », estime Télérama. Le tout porté par des acteurs justes, à commencer par Maria Rossing et Nicolai Jorgensen, également salués par la critique.