Véritable phénomène au Danemark, cette série inspirée d’une histoire vraie nous plonge dans les coulisses de la création du bigoudi électrique dans les sixties. Un récit d’émancipation pop et social, qui pourrait rencontrer le même succès en France.
Le 2 octobre 2023, la chaîne publique danoise DR vole la vedette à un débat politique avec la Première ministre Mette Frederiksen, en pleine campagne électorale. La véritable star de la soirée ? Le deuxième épisode de Carmen Curlers. Interrogée par Variety sur le succès de la série, la productrice Stinna Lassen admet que « l’accueil [qui lui a été réservé] a été franchement exceptionnel ». Avec 1,2 million de téléspectateurs en moyenne, la première saison a effectivement réalisé des audiences inédites pour une fiction nationale depuis six ans.
« L’épisode 1 est le programme danois le plus regardé en 2022, dépassé seulement par un match de la Coupe du monde de football, et à ce jour, il a été vu par 25 % de la population danoise », affirme la productrice. Une reconnaissance populaire qui a aussi été saluée par la critique, avec le prix de la Meilleure fiction européenne au Festival de la fiction de La Rochelle en 2023. Deux ans après son lancement, la série rejoint le catalogue d’Arte, et sera diffusée sur la chaîne publique dès le 3 juillet, à partir de 20h55.
Une mise en scène pop et acidulée
Danemark, 1963. Carmen Curlers nous fait voyager dans le temps et l’espace et s’intéresse à la trajectoire d’Axel Byvang. « Cet entrepreneur ambitieux révolutionne la vie des femmes avec l’invention du bigoudi électrique et connaît une fulgurante ascension malgré les obstacles », détaille le site d’Arte.
Librement inspirée de l’histoire de l’homme d’affaires Arne Bybjerg Pedersen, la production relate l’ascension de cet inventeur, sans pour autant taire ses débuts tumultueux, de ses dettes au jugement de ses proches en passant par ses présentations chaotiques. Loin de la biographie stricte et scolaire, l’œuvre de Mette Heeno (Snow Angels, All Inclusive) dresse le portrait d’un visionnaire, tout en racontant la société danoise des années 1960 et ses mutations.
« La série s’intéresse beaucoup plus à ses héroïnes de l’ombre qu’à son héros égotiste, montrant en arrière-plan les révolutions de genre et émancipatrices de cette période charnière, explique Xavier Leherpeur sur France Inter. Elle le fait avec autant de pertinence sociétale que d’humour, emportée dans un souffle sériel vintage, narquois et politique à sa manière par une mise en scène pop et acidulée. »
Si le fond est pertinent, la forme est tout aussi réussie. Portée par l’énergie de Maria Rossing (Et le ciel s’assombrit), Morten Hee Andersen (King’s Land), Lars Ranthe (Secrets We Keep) ou encore de Mille Lehfeldt (Soif d’amour), cette production danoise s’éloigne des « intrigues intenses et des personnages complexes » du genre, et propose « un divertissement plus léger et accessible », souligne le média néerlandais Mijnserie.
« La série est construite avec audace, avec des flashbacks, des passages soudains au noir et blanc et même une étrange danse synchronisée intégrée à l’ensemble, constate le journaliste. Ces choix créatifs s’intègrent parfaitement à l’ambiance funky des années 1960, avec des références aux Beatles, au droit des femmes et aux coiffures de luxe. » Petite pépite nordique, Carmen Curlers est donc la production qu’il nous fallait en cette semaine caniculaire.
