
Un récit prémonitoire signé par une autrice japonaise sème l’angoisse au-delà des frontières. À l’approche de la date fatidique, l’inquiétude gagne une partie de l’Asie et pousse les touristes à décaler leur périple.
Ils sont des milliers à avoir préféré reporter leur voyage au Japon. La date maudite ? Le 5 juillet 2025. Cette échéance, au cœur du manga Mes visions du futur, cristallise les peurs de nombreux touristes asiatiques, à Taïwan, Hongkong, Chine et en Corée du Sud. De fait, Le Monde rapporte que la préfecture de Tottori a enregistré une baisse de 50 % des réservations venues de Hongkong en mai 2025. En cause : une vision apocalyptique de la mangaka Ryo Tatsuki.
Une réputation quasi mystique
Née en 1954, Tatsuki n’est pas une prophétesse autoproclamée, mais bien une autrice, dont l’œuvre repose sur des rêves consignés depuis les années 1980. Longtemps confidentiel, son manga Watashi ga Mita Mirai (non traduit), paru en 1999, avait peu attiré l’attention… jusqu’au drame du 11 mars 2011.
Sur une page, une note mentionnait un « grand désastre » ce même mois et cette même année, éveillant des soupçons de prescience après le séisme de magnitude 9 et le tsunami dévastateur, qui ont conduit à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Ce hasard tragique a fait d’elle une figure quasi mystique en Asie de l’Est.
5 juillet 2025, à 4h18
Dans la réédition de 2021, Mes visions du futur évoque un événement à venir. « Le plancher océanique entre le Japon et les Philippines se fracture. De grandes vagues s’élèvent dans toutes les directions. Un tsunami trois fois plus haut que celui de mars 2011 frappe le sud-ouest du pays », peut-on y lire, selon Le Monde. Le manga indique précisément la date du 5 juillet 2025 à 4h18.
Malgré l’angoisse globale partagée par une partie des touristes, les autorités japonaises s’emploient à rassurer. « Avec les connaissances scientifiques actuelles, il est impossible de prédire un séisme en précisant la date, l’heure et le lieu », rappelle la Division de la prévention des catastrophes sur X.
Le Japon est effectivement l’un des pays les plus exposés aux tremblements de terre, situé à la jonction de quatre plaques tectoniques. Mais les sismologues s’accordent à dire qu’aucun outil ne permet de les anticiper avec précision.
Une prophétie qui échappe à son autrice
Face à l’ampleur de la rumeur, le gouvernement japonais s’inquiète : « Ce serait un problème majeur si la propagation de rumeurs non scientifiques affectait le tourisme », a déclaré Yoshihiro Murai, gouverneur de Miyagi, rapporte Le Monde.
Mais le mal semble déjà fait. À Hongkong, l’agence WWPKG a noté une baisse de 50 % des réservations pour le Japon, et jusqu’à 83 % entre fin juin et début juillet, évoque Radio Canada. Certaines compagnies aériennes, comme Greater Bay Airlines, ont réduit leurs vols vers l’Archipel.
Entre la peur et la mémoire collective
L’onde de choc est telle qu’un thriller, 2025 nen 7 gatsu itsuka, 4 ji 18 pun (5 juillet 2025, 4h18), librement inspiré du manga, est sorti le 27 juin. Selon l’éditeur Asuka Shinsha, le film mêle la prophétie de Ryo Tatsuki, les travaux du physicien Kunio Yasue et la légende Hopi d’une fin du monde annoncée à cette date.
Ryo Tatsuki, quant à elle, se dit soucieuse de l’interprétation de ses œuvres. « Il est important d’agir de manière appropriée sans se laisser influencer et en écoutant l’avis des experts », a-t-elle confié à Mainichi Shimbun. Elle a également pris soin d’annuler une réédition pirate de son manga, dans laquelle un imposteur avait prédit l’éruption du mont Fuji.