
La nouvelle série Marvel arrive le 26 juin sur Disney+ avec une promesse : celle de succéder à Tony Stark. En six épisodes, le show introduit Riri Williams, une nouvelle héroïne brillante.
L’homme en armure change de visage – et de genre. À partir du 26 juin, Iron Man passe le flambeau à Ironheart, la nouvelle série Marvel diffusée sur Disney+. Tony Stark, disparu à la fin d’Avengers : Endgame mais dont l’ombre continue de planer sur le MCU, cède sa place à Riri Williams, jeune génie en ingénierie bien décidée à réinventer l’armure de fer à sa manière.
Après Falcon et le soldat de l’hiver, Hawkeye ou encore Loki, Marvel poursuit son virage vers le format sériel, malgré des résultats critiques en demi-teinte. Et, alors que Thunderbolts, dernier long-métrage en date, a rebattu les cartes en amorçant la phase 6 du MCU, une question persiste : les studios savent-ils encore garder le cap ou s’essoufflent-ils à mesure que leur univers s’étend ?
Une héroïne forgée dans le feu du deuil
Riri Williams n’a ni le cynisme ni les milliards de Tony Stark. Mais elle partage avec lui une obsession : celle de l’armure. Ancienne étudiante du MIT, exclue pour des expériences jugées trop ambitieuses, elle retourne à Chicago, sa ville natale, avec un objectif clair : achever seule la construction de son armure technologique. Non pas pour sauver le monde – du moins pas encore –, mais pour étouffer le chagrin lié à la perte de Natalie, sa meilleure amie.

Sur ce point, le postulat de départ reste familier : un esprit de génie hanté par le deuil, qui se plonge dans la création pour fuir sa douleur. Un schéma bien connu – peut-être même usé jusqu’à la corde – qui prend ici une tournure plus singulière. Riri est une fille. Noire. Jeune. Et cette identité, loin d’être décorative, irrigue l’ensemble de la série, de ses choix de décor jusqu’à ses enjeux narratifs.
Un entre-deux moral sans réel vertige
Loin des tours d’ivoire du MIT, la protagoniste s’ancre dans une réalité plus âpre, où la débrouille flirte avec l’illégalité. Pour financer son projet, elle s’allie à un groupe de voleurs surdoués – des hackers aux méthodes douteuses, menés par Parker, alias The Hood, un caïd trouble. La série tente d’embrasser cette ambiguïté morale en mettant en scène ces nerds des rues qui se rêvent en Robin des bois numériques. Elle cherche à brouiller les frontières entre bien et mal à la manière de Daredevil, et esquisse des personnages pris entre loyauté et survie.

Mais cette tension, prometteuse sur le papier, reste en surface. Riri évolue dans une zone grise. C’est une héroïne intéressante, mais en demi-teinte, bien pâle face à des figures comme Matt Murdock, Natasha Romanoff ou Peter Quill, dont les dilemmes moraux résonnent avec une intensité réelle dans l’univers Marvel. Ici, l’ambiguïté existe, mais elle est trop lisse pour troubler, trop prudente pour marquer.

L’un des rares éclats d’originalité apparaît à la fin du premier épisode : en créant l’IA de son armure, Riri redonne vie – involontairement – à Natalie, sa meilleure amie disparue. Projetée sous forme d’hologramme, l’ancienne confidente devient une IA émotive, à la croisée de Jarvis et Vision.
Une série solide, mais prévisible
Sur la forme, rien à redire : réalisation propre, rythme soutenu, effets maîtrisés. Dominique Thorne incarne Riri avec justesse, tandis qu’Anthony Ramos, en Parker, offre une présence correcte. Le reste du casting tient la route. Mais malgré cette apparente solidité, l’ensemble peine à décoller. L’œuvre reste sage, linéaire, sans véritable souffle.

En fait, tout porte à croire qu’Ironheart n’est qu’une pièce de plus dans la grande machinerie du MCU. Elle en épouse les codes, avec des mentions appuyées à Stark, des allusions à Doctor Strange. Tout est pensé pour tisser des ponts et, surtout, pour ne rien déranger. Même le méchant semble être une simple promesse pour plus tard. Un peu comme si la série n’était qu’un préambule à quelque chose de plus important.

Ce manque d’impact est symptomatique. Marvel semble incapable – ou réticent – de laisser ses séries avoir une vraie portée. Il faut que tout tienne dans les rails imposés par les films. Dans cette logique, celle-ci n’échappe pas au piège : elle avance sans bousculer, introduit sans perturber.
Une ambiance musicale appréciable
Côté musique, on trouve de belles surprises. Nina Simone, Chaka Khan, Alanis Morissette, Bambii… La sélection musicale est précise, vibrante, parfois inattendue. Elle ancre le show dans une réalité plus vaste et culturelle, et donne du relief à des séquences qui, autrement, manqueraient parfois de chair.
Avec ses six épisodes, la série opte pour un format efficace, mais cette brièveté n’est jamais compensée par une véritable densité narrative. Parfaitement regardable, elle esquisse un renouveau, sans jamais oser le dérangement – là où on pouvait attendre un peu plus de risque et de chaos. Le message est là, mais neutralisé.