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Le guépard : Netflix a-t-il dompté la légende ?

05 mars 2025
Par Sarah Dupont
“Le guépard”, le 5 mars sur Netflix.
“Le guépard”, le 5 mars sur Netflix. ©Netflix

Revisiter un monument du cinéma en série est un défi de taille. Attendue le 5 mars, cette adaptation suscite déjà le débat, tant l’empreinte de Visconti demeure indélébile.

Netflix dévoile ce 5 mars son adaptation en série du Guépard, monument de la littérature italienne signé Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Un projet ambitieux, avec l’ombre de Luchino Visconti qui plane toujours sur toute tentative de réinterprétation. Palme d’or en 1963, cette adaptation cinématographique, portée par Alain Delon, Claudia Cardinale et Burt Lancaster, est restée dans l’histoire comme l’un des plus grands films du septième art.

Reprendre le flambeau après un tel chef-d’œuvre relève du défi, voire du sacrilège. Pourtant, Netflix s’y attelle avec une promesse de relecture moderne et une approche sérielle censée approfondir l’intrigue et ses personnages.

Une fresque historique revisitée

À l’instar du film, la série nous fait voyager dans la Sicile du XIXe siècle, en pleine tourmente politique. Le prince Fabrizio Corbera, dit le Guépard, assiste impuissant à l’effondrement de l’aristocratie face à la montée d’une nouvelle bourgeoisie. Alors que Garibaldi et ses Chemises rouges bouleversent l’ordre établi, Fabrizio doit choisir entre préserver son rang ou s’adapter au changement. Pour cela, il pousse son neveu Tancredi à épouser Angelica, quitte à sacrifier les sentiments de sa propre fille, Concetta.

Kim Rossi Stuart dans Le guépard.©Lucia Iuorio/Netflix

Réalisée par Tom Shankland et Giuseppe Capotondi, cette version ambitionne d’offrir une vision plus moderne du récit, en mettant davantage l’accent sur des figures jusqu’ici secondaires. Concetta, notamment, est réinventée en héroïne plus affirmée, reflétant une lecture contemporaine des dynamiques de pouvoir et du patriarcat.

Alain Delon dans Le guépard de 1963.©Pathé Distribution

Loin de vouloir concurrencer Visconti sur son propre terrain, Netflix joue la carte de l’introspection et de l’esthétisme soigné, avec une Sicile sublimée par une photographie léchée et une reconstitution historique méticuleuse.

Une réinterprétation fidèle au livre

Dès sa sortie, la série a suscité un débat animé parmi les critiques. Pour 20 Minutes, l’adaptation « reste d’une fidélité sans faille face au récit originel » et propose « des images qui flattent sans cesse la rétine ». Le média salue particulièrement la mise en scène qui réussit à retranscrire l’atmosphère brûlante et oppressante de la Sicile de 1860.

Kim Rossi Stuart dans Le guépard.

Le portrait du prince Fabrizio, campé par Kim Rossi Stuart, est jugé « plus âpre, plus rugueux, plus volage » que celui de Burt Lancaster, un choix qui tranche avec l’image plus noble et introspective du film de 1963.

Deva Cassel incarne Angelica dans Le guépard.©Lucia Iuorio/Netflix 2024

Ouest-France salue également la direction artistique et l’interprétation de Deva Cassel en Angelica, tout en soulignant que la série « choisit de s’affranchir de l’encombrant classique pour revenir aux sources du roman ». Selon eux, Le guépard version Netflix se distingue par une exploration plus fouillée des tensions de l’époque, notamment en redonnant une place plus importante à Concetta, incarnée par Benedetta Porcaroli.

La série est-elle à la hauteur de la légende ?

D’autres critiques se montrent plus réservées. Sudinfo estime que si la série « fait du bon travail », elle peine à rivaliser avec la puissance du film de Visconti. Le jeu de Saul Nanni dans le rôle de Tancredi, comparé inévitablement à celui d’Alain Delon, est jugé moins charismatique, rendant difficile « l’oubli de notre Guépard ».

Saul Nanni en Tancredi dans Le guépard.©Lucia Iuorio/Netflix

Mais c’est La Tribune de Genève qui se montre la plus acerbe, voyant dans cette adaptation une preuve supplémentaire de l’obsession des plateformes pour les remakes : « Le nouveau Guépard ne semble qu’une démonstration supplémentaire de la fragilité des structures de production actuelles, qui cherchent toujours l’appui de recettes éprouvées ». Le journal redoute que ce type de projet ne contribue à effacer les œuvres originales au profit de versions standardisées pour un public contemporain.

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Entre hommage et réinterprétation, la série Le guépard divise donc profondément. Si son ambition esthétique et sa volonté de moderniser certains aspects du récit sont saluées, son incapacité à faire oublier le chef-d’œuvre de Visconti pèse sur sa réception. Un défi que Netflix ne pouvait qu’anticiper en s’attaquant à un tel monument du patrimoine cinématographique.

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