La nouvelle production mexicaine de Netflix s’inspire d’un fait réel survenu en Espagne dans les années 1990. Entre adaptation et réinterprétation, que reste-t-il de l’histoire d’origine ?
La série Cellule 211 s’est rapidement imposée parmi les programmes les plus regardés de Netflix ces dix derniers jours. En six épisodes, cette production mexicaine nous plonge dans l’univers brutal d’une prison en pleine émeute. Réalisée par David Pablos (Les élues), elle adapte le roman éponyme de Francisco Pérez Gandul, déjà porté à l’écran en 2009 par Daniel Monzón.
La série suit le parcours de Juan Oliviera, un avocat en droits humains pris au piège d’une émeute alors qu’il visite une prison de Ciudad Juárez. Pour éviter d’être identifié comme un intrus, il se fait passer pour un détenu et découvre peu à peu les rouages internes de l’établissement. Une histoire inspirée d’un fait réel, survenu en Espagne dans les années 1990.
Une émeute carcérale qui a réellement eu lieu
L’intrigue s’inspire directement d’un événement survenu en 1993 dans la prison de Zamora, au nord-ouest de Madrid. Cette année-là, une mutinerie éclate et un jeune surveillant, récemment affecté à l’établissement, est pris en otage par un groupe de détenus. Pour survivre, il se cache parmi les prisonniers et occupe une cellule laissée libre : la 211.
Francisco Pérez Gandul, journaliste spécialisé dans le système carcéral, a repris cette histoire dans un roman publié en 2004. Tout en adoptant une approche romancée, son livre met en lumière les tensions entre l’administration pénitentiaire et les détenus, les conditions de détention et les stratégies de survie dans un environnement où la violence est omniprésente.
Les différences entre la série et le roman
Cette nouvelle adaptation produite par Netflix a toutefois transposé cette histoire en Amérique latine, intégrant de nouveaux éléments liés au contexte outre-Atlantique. L’histoire se déroule désormais à Ciudad Juárez, au Mexique. La présence des cartels, la corruption et les tensions entre factions criminelles deviennent des enjeux centraux, absents de l’émeute d’origine.
En outre, là où l’émeute de 1993 impliquait un jeune surveillant pris en otage, la série confie ce rôle à un avocat en droits humains, modifiant ainsi son point de vue sur les événements. Enfin, le show étire également la durée des événements et développe davantage les interactions entre détenus, renforçant la dramaturgie.
Les différences avec le film de 2009
De son côté, l’adaptation cinématographique réalisée par Daniel Monzón en 2009 suivait le cadre espagnol du roman. Avec un format condensé en deux heures, le long-métrage privilégiait l’intensité et la montée en tension rapide. La série, en six épisodes, développe quant à elle les relations entre détenus, explorant davantage les mécanismes de pouvoir et inscrivant l’histoire dans un contexte plus large.
Le film a été largement récompensé, remportant huit prix lors des Goya 2010, dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur pour Daniel Monzón et du meilleur acteur pour Luis Tosar. Il a par ailleurs reçu d’autres distinctions, comme le Fotogramas de Plata du meilleur film espagnol et le Prix José María Forqué du meilleur film.
