Article

Captain America : « Brave New World est un nouveau départ »

07 février 2025
Par Sarah Dupont
“Brave New World”, le 12 février au cinéma.
“Brave New World”, le 12 février au cinéma. ©Marvel

Marvel tourne une page avec son nouveau Captain America. Plus de Steve Rogers : c’est désormais Sam Wilson qui porte le bouclier dans un film où les enjeux politiques prennent une place centrale. Entre rupture et continuité, Julius Onah et Harrison Ford reviennent sur ce renouveau et l’avenir du MCU.

Deux bandes écarlates, une étoile blanche sur fond d’azur. Plus qu’un bouclier, un héritage. Pendant une décennie, Steve Rogers en a fait son arme et son armure, jusqu’à Endgame, où il a transmis ce symbole – à la fois fierté et fardeau – à Sam Wilson. Désormais, c’est l’ancien Faucon qui porte le bastion de la justice américaine, prêt à affronter les menaces qui pèsent sur le monde.

Prévu le 12 février en France, le nouveau Captain America – quatrième opus de la franchise – marque une rupture : plus de Chris Evans, plus de sérum ; juste un homme face à un univers en quête de renouveau. Un défi pour Wilson comme pour Marvel, qui tente de raviver la flamme auprès du public. Lors d’une table ronde consacrée à la presse cet hiver, le réalisateur Julius Onah et l’acteur Harrison Ford nous ont livré leur regard sur ce passage de témoin et les enjeux d’un Brave New World.

Un tournant capital dans le MCU

Après plusieurs productions en demi-teinte, Marvel cherche à retrouver un second souffle. Si Spider-Man : No Way Home (2021) et Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 (2023) ont su rassembler, d’autres films comme Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et The Marvels ont laissé un goût d’inachevé chez certains fans. À force d’élargir son univers, le studio peine à recréer l’effervescence de ses grandes heures.

Anthony Mackie dans Brave New World.©Marvel

Dans ce contexte, Captain America: Brave New World doit imposer Sam Wilson comme le nouveau visage du héros, sans sérum ni super-force. « Il ne possède pas de super-pouvoirs au sens conventionnel du terme, mais il détient une force unique : son empathie et son humanité », souligne Julius Onah.

Chris Evans dans Avengers : L’ère d’Ultron.©Marvel

Un défi d’autant plus grand qu’Anthony Mackie prend la relève de Chris Evans, dont l’ombre plane encore sur le rôle. « C’est un défi, mais aussi une opportunité, estime le réalisateur. Anthony Mackie est un acteur exceptionnel, doté d’un immense talent et d’une profonde humanité. Il va poursuivre l’héritage de Captain America en restant fidèle à ce qu’a accompli Chris Evans dans les précédents films, tout en s’appropriant pleinement le rôle. »

Un thriller politique dans l’air du temps

L’histoire du long-métrage prend place après les événements de la série Falcon et le soldat de l’hiver (2021), où Wilson acceptait enfin pleinement l’héritage laissé par Rogers. Désormais, il se retrouve confronté à une crise d’ampleur internationale, impliquant des forces qu’il ne maîtrise pas encore.

Anthony Mackey dans Falcon et le soldat de l’hiver.©Marvel

À la tête des États-Unis, un nouvel homme fort : Thaddeus Ross, militaire intransigeant devenu Président, incarné par Harrison Ford. Un rôle clé, au moins aussi central que celui du héros, d’autant que la bande-annonce le révèle sous une nouvelle forme : le mystérieux Hulk rouge.

Des personnages tout en nuances

Un simple antagoniste de plus dans le MCU ? « Pas aussi simple, tranche l’acteur de 82 ans, qui insiste sur la complexité de son nouveau personnage. Même les “mauvais” protagonistes pensent parfois être du bon côté, et inversement. Ce qui est intéressant à observer, ce n’est pas seulement si un personnage est “bon” ou “mauvais”, mais l’interaction humaine et la façon dont les tensions [autour de lui] se développent. »

Harrison Ford apparait en Hulk rouge dans la bande-annonce de Captain America: Brave New World.©Marvel

« Lorsqu’il était encore général, Thaddeus “Thunderbolt” Ross était connu pour son tempérament impulsif, parfois même colérique, rappelle Julius Onah. Il a souvent laissé transparaître une certaine rage dans ses décisions. Mais la version de Ross que l’on découvre ici est différente. Il est désormais un homme d’État, un diplomate. Il tente de tourner la page, de réécrire son héritage. »

Harrison Ford et Anthony Mackie dans Brave New World.©Marvel

Face à lui, Captain America. Deux forces alliées, puis rivales, et dont l’affrontement constitue le cœur du film. « Ces deux hommes évoluent dans un rapport émotionnel complexe. Ils incarnent des figures d’autorité respectées – l’un est Président, l’autre est Captain America –, mais leur passé commun crée une véritable tension dramatique », poursuit le réalisateur.

Des influences multiples pour une approche renouvelée

Brave New World s’inscrit en outre dans la lignée des thrillers politiques. Un héritage assumé par Onah, qui voit en ce nouvel opus un successeur spirituel à Le soldat de l’hiver. Ce dernier avait été salué pour son ton plus sérieux et moins fantaisiste que d’autres productions du MCU.

Anthony Mackie dans Brave New World.©Walt Disney / Marvel

Mais au-delà de cette filiation, le réalisateur reconnaît avoir puisé son inspiration dans des œuvres bien différentes de l’univers Marvel. « Des films comme Point Blank, Le Samouraï, ou des titres plus contemporains comme Mise à mort du cerf sacré et La Grande Bellezza. Tous ces films partagent un sens du mystère, de la tension et une esthétique extrêmement maîtrisée », précise-t-il.

Un Thaddeus Ross revisité

Harrison Ford, qui succède à William Hurt dans le rôle de Thaddeus Ross, s’est, lui aussi, imprégné d’un héritage cinématographique. « C’était un acteur formidable, et son interprétation de Ross dans l’univers Marvel était très différente des rôles qu’il jouait habituellement », confie-t-il à propos de son prédécesseur, disparu en 2022.

William Hurt dans L’incroyable Hulk (2008).©Darkstar

Quant à son approche du personnage, désormais voué à devenir Hulk rouge, Ford s’est détaché de la version classique du monstre vert incarné par Mark Ruffalo – et avant par Edward Norton ou encore Éric Bana. « C’était un autre personnage, un autre type de Hulk que celui que j’incarne ici. J’ai senti qu’il y aurait des différences et mon instinct m’a poussé à adopter une approche plus animale. Chaque Hulk reflète la personnalité du personnage qui l’incarne. Celui que je joue est différent : il a sa propre nature et son propre tempérament. »

L’incroyable Hulk avec Edward Norton est sorti en 2008.©Darkstar

L’Amérique au cœur du récit

Difficile d’imaginer un film plus ancré dans l’identité américaine que Captain America: Brave New World. Son titre en dit long, tout comme son protagoniste, censé incarner l’idéal d’un pays fondé sur la liberté et la démocratie. Plus encore, ce nouvel opus introduit une figure présidentielle, portant l’enjeu politique au premier plan.

Anthony Mackie et Danny Ramirez dans Brave New World.©Marvel

Dès lors, impossible d’ignorer le contexte dans lequel le film sort, marqué par la réélection de Donald Trump et les bouleversements politiques aux États-Unis. Pourtant, ni Julius Onah ni Harrison Ford ne souhaitent que le film soit perçu comme un manifeste. « Ce n’est pas un commentaire sur l’Amérique d’aujourd’hui, tranche Ford. C’est une œuvre de fiction. »

Anthony Mackie et Danny Ramirez dans Brave New World.©Marvel

Onah admet toutefois avoir voulu transmettre une certaine vision du pays à travers son film. « Le thème central, qui est l’empathie, était pour moi un élément fondamental. En tant qu’immigrant des États-Unis [Julius Onah est né au Nigeria et possède désormais la nationalité américaine, NDLR], j’ai voulu raconter une histoire qui reflète ce que l’Amérique a de mieux à offrir. L’empathie a joué un rôle essentiel dans mon propre parcours […] C’est sur cet aspect que je me suis concentré, car il me touche personnellement et, je l’espère, pourra avoir un impact sur beaucoup de spectateurs. »

Un test décisif pour le MCU

Avec Brave New World, Marvel joue gros. Ce film n’est pas seulement une suite : c’est une déclaration d’intention. Il doit prouver que l’univers peut continuer à évoluer sans ses figures historiques, et que de nouveaux héros peuvent porter l’héritage des Avengers. « C’est un nouveau départ », conclut Julius Onah. Un pari risqué, mais nécessaire pour la franchise, qui espère renouer avec l’engouement de ses plus grandes heures.

15€
17€
En stock
Acheter sur Fnac.com

À lire aussi

Article rédigé par