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Séance de rattrapage : nos pépites du mois de janvier

31 janvier 2024
Par La rédaction
“Le cercle des neiges“ de J. A. Bayona.
“Le cercle des neiges“ de J. A. Bayona. ©Netflix

Films, séries, BD, spectacles, mangas… Chaque mois, des centaines d’œuvres sont diffusées dans les salles obscures, sur les plateformes ou dans les librairies. Face à cette offre colossale, le choix est difficile. La rédaction de L’Éclaireur vous dévoile ses trouvailles du mois.

Le film Le Cercle des neiges sur Netlfix

Réalisé par Juan Antonio Bayona, Le Cercle des neiges a marqué le début de l’année sur Netflix. Inspiré d’une histoire vraie, le crash d’un avion uruguayen dans la Cordillère des Andes en 1972, le film montre l’acharnement des passagers survivants – membres d’une équipe de rugby – déterminés à sortir de cet enfer glacial. Adapté du roman La Sociedad de la nieve de Pablo Vierci (2009), le long-métrage filme avec véracité l’angoisse de ces hommes et la violence à laquelle ils ont été confrontés durant deux mois de perdition.

Tout commence avec le crash, une scène marquante par sa brutalité graphique. Encore jamais vue au cinéma, cette scène est l’un des points clés de la mise en scène de J. A. Bayona, qui s’attache tout au long des deux heures de film à offrir un divertissement grandiose, mais qui a toutefois à cœur de raconter avec profondeur la ténacité de cette équipe de rugby. Le froid saisissant, la douleur, la souffrance, le dégoût… Le cinéaste parvient à nous plonger dans le calvaire de ses personnages, assoiffés de vie malgré les difficultés humaines, sanitaires et climatiques auxquelles ils font face.

Bande-annonce du film de J.A Bayona, Le cercle des neiges.

Après The Impossible (2012) – drame sur le tsunami thaïlandais de 2004 –, J. A. Bayona prouve, encore une fois, qu’il est un réalisateur de grand spectacle, mais que derrière la grandiloquence des événements se cache souvent le portrait intime de personnages déterminés à retrouver les leurs.

On sent, par ailleurs, le travail de recherche du cinéaste qui s’est attaché dans Le Cercle des neiges à offrir un drame fidèle à l’histoire. Images d’archives, fidélité des costumes, des objets… Le cinéaste offre une démonstration de style et prouve que le blockbuster est capable d’être aussi impressionnant qu’émouvant.

Le film Saltburn sur Prime Video

Disponible sur la plateforme Prime Video, le nouveau film d’Emerald Fennell – révélée grâce à Promising Young Woman, en 2020 – réunit les deux stars montantes du cinéma anglo-saxon : Jacod Elordi et Barry Keoghan. Dans ce thriller psychologique, on suit Oliver Quick, un étudiant qui a du mal à trouver sa place au sein de l’université d’Oxford et qui, par un « heureux » hasard, va se lier d’amitié avec Felix Catton, un populaire aristocrate, qui le temps d’un été va inviter son nouvel ami, dans le vaste domaine de sa famille, Saltburn.

Depuis sa sortie, le film n’a pas cessé de créer la sensation, pour plusieurs raisons. Les deux jeunes acteurs se font face dans un jeu de domination pervers et sexuel. Toutes les excentricités sont permises au sein de ce vaste château anglais coupé du monde. De quoi faire perdre la tête à nos personnages, notamment dans un final aussi surprenant que dérangeant.

Bande-annonce VOSTFR de Saltburn.

Par ailleurs, avec ce long-métrage, Emerald Fennell repousse les limites de sa mise en scène, et s’autorise des excès en filmant des personnages dans des positions dérangeantes, crispantes, autant d’idées qui posent un regard acerbe – presque glauque – sur l’aristocratie.

Le mélange entre la fascination et le dégoût montre le regard radical et impactant de la réalisatrice, qui s’imprime à la fois sur notre rétine et dans notre esprit. Ceci, associé aux références pop, dont le meilleur témoin sera peut-être la scène finale – déjà culte – font de Saltburn un objet de cinéma unique.

Le film Si seulement je pouvais hiberner au cinéma

Présenté au Festival de Cannes l’année dernière, Si seulement je pouvais hiberner suit Ulzii, un adolescent d’un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, déterminé à gagner un concours de sciences pour obtenir une bourse d’études. Cependant, alors que sa mère abandonne Ulzii, son petit frère et sa sœur à l’aube d’un hiver glacial, notre héros va devoir choisir entre ses études et la protection de sa fratrie, quitte à se mettre en danger.

Bande-annonce de Si seulement je pouvais hiberner.

Zoljargal Purevdash signe ici un premier film touchant sur la jeunesse brisée de Mongolie. Si le long-métrage offre des plans saisissants sur l’arrière-pays et ses habitants, ce qui fait véritablement la force de cette création naturaliste – proche du documentaire –, c’est avant tout le point de vue d’Ulzii, un enfant débrouillard, attachant et authentique. Si seulement je pouvais hiberner prend, par ailleurs, la forme d’un parcours initiatique infusé par le cinéma d’auteur, en filmant les dilemmes inédits de l’adolescence avec légèreté et spontanéité. Le film est diffusé depuis le 10 janvier dans les salles obscures.

L’EP Soleil perdu de Bleu Berline

Bleu Berline est une jeune artiste en pleine ascension qui, grâce à son premier EP, Soleil perdu, nous permet de pénétrer dans son univers doux, pop, teinté de hip-hop et d’électro. Pour cette création unique, la chanteuse s’est inspirée d’artistes multiples, puisant tant du côté de Stromae que de Nekfeu, mais aussi de November Ultra et de Pomme.

À travers les six chansons, la jeune femme explore les relations humaines et intimes avec une sensibilité à fleur de peau. Mais Bleu Berline est aussi une artiste de scène multi-instrumentiste qui, grâce à sa guitare électrique et son synthé, sait transporter son public dans une atmosphère unique. Forte de son expérience aux côtés de Yaël Naïm et d’Adrien Gallo, Bleu Berline est une artiste à suivre.

La bande dessinée 300 millions d’années et un jour

Dans cette bande dessinée mettant en avant les paysages des Alpes-de-Haute-Provence, Bernard Nicolas et Hervé Jacquemin utilisent le principe du voyage dans le temps pour faire revivre à deux enfants l’évolution des territoires depuis des millions d’années, s’intéressant à la fois à la géologie, à la faune et à la flore locale. Une exploration sincère et authentique d’un patrimoine naturel à préserver, complétée par des explications scientifiques passionnantes et compréhensibles.

Dans 300 millions d’années et un jour – Odyssée à travers les temps géologiques (Naturalia Publications) Nina et Clément découvrent un sablier leur permettant de revivre des millions d’années en seulement 24 heures. Se servant d’un guide créé par un expert de la région, ils découvrent et comprennent leur voyage à travers le changement des époques, la disparition des espèces et les bouleversements climatiques.

Une façon d’expliquer la terre sous nos pieds, de regarder les traces de fossiles différemment et surtout de constater de l’incroyable richesse de la Haute-Provence. À découvrir directement sur le site officiel de la maison d’édition.

Le roman graphique Au-dedans, de Will McPhail

Quand on s’est plongé dans Au-dedans, on ne s’attendait pas à vivre un tel voyage. Dessinateur au New Yorker, Will McPhail s’essaie pour la première fois au roman graphique et le résultat est génial. Il nous conte le parcours de Nick, un jeune homme réservé qui va progressivement s’ouvrir au monde.

Illustrateur indépendant, ses journées sont rythmées par des commandes d’une agence de publicité, des projets personnels et des visites auprès de sa mère qui rénove une maison. Plus le temps passe, plus il réalise qu’il manque quelque chose à sa vie. Souhaitant combler ce vide et ressentir des émotions, il va arpenter des cafés et des pubs pour essayer de créer de « vrais » liens avec les autres.

©404 Éditions

En effet, le jeune citadin réalise qu’il est constamment confronté à des conversations superficielles et vides de sens. Qu’il s’agisse de sa voisine, de son plombier ou de sa propre famille, il se sent incapable de parler de l’intime. Le décalage entre ses pensées (très profondes) et ce qui sort de sa bouche ne peut que nous faire sourire, avec cette impression qu’il est le reflet de nos propres relations et insécurités.

Au fil des pages, Will McPhail nous fait passer du rire aux larmes et nous transporte dans une aventure juste, rafraîchissante et bouleversante. On ne peut que s’attacher à ces personnages drôles et touchants, partageant avec eux chaque pensée et émotion. Avec ses dessins aux traits simples, mais saisissants, l’auteur nous conte une histoire qui fait écho à nos propres existences et nous fait réfléchir sur notre rapport aux autres. Plus qu’un coup de cœur, Au-dedans est une vraie claque littéraire.

La série documentaire Squeezie : merci Internet sur Prime Video

Ultra-attendue par sa communauté, la série Squeezie : merci Internet ne s’adresse pas uniquement aux Squeezos. Elle dresse le portrait de toute une génération qui a grandi et évolué avec YouTube, de ses vidéos décalées à la qualité douteuse aux super-productions dignes de shows télévisés. Le documentaire signé Théodore Bonnet (très proche du créateur de contenu) est un vrai shoot de nostalgie, qui nous fait (re)vivre toutes les évolutions de la plateforme et le parcours fulgurant de Lucas Hauchard.

Des images et vidéos d’archive nous (re)plongent à ses tout débuts, alors qu’il n’était qu’un adolescent (très) expressif, bourré de tics et fan de jeux vidéo. Ses parents et son frère se confient sur cette période étonnante qui a complètement chamboulé leur vie, et créé des tensions au sein de la famille. Cyprien gaming, Solidays, GP Explorer… La série suit aussi l’ascension du youtubeur à travers ses projets de plus en plus gigantesques.

Léna Situations, Mister V, Natoo, Hugo Décrypte, Jonathan Cohen, Orelsan… Les témoignages s’enchaînent et nous permettent de découvrir un autre Squeezie, sensible et touchant. On réalise à quel point il a mis sa vie de côté pour répondre aux attentes de ses abonnés, et l’impact que chaque commentaire, bad buzz ou surcharge de travail peut avoir sur sa santé mentale. Dynamiques, drôles et (très) intéressants, les cinq épisodes de Merci Internet se dévorent aussi facilement que des threads horreurs et des vidéos « Qui est l’imposteur ? », tout en nous révélant les secrets de la chaîne YouTube la plus suivie de France.

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