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Comment Sakamoto Days a réinventé la représentation des tueurs à gages dans la pop culture

21 janvier 2025
Par Sarah Dupont
“Sakamoto Days”, le 11 janvier 2025 sur Netflix.
“Sakamoto Days”, le 11 janvier 2025 sur Netflix. ©Netflix

De Léon à Spy × Family, le tueur à gages continue de fasciner. Mais comment ce thème, omniprésent du grand écran aux jeux vidéo en passant par les mangas, parvient-il encore à se réinventer ?

Fonder une famille, tenir une épicerie, gagner de l’embonpoint… À quoi peut bien ressembler la retraite d’un ancien tueur à gages ? Cette question, intrigante et délicieusement absurde, est au cœur de Sakamoto Days, le nouvel animé de Netflix diffusé depuis le 11 janvier sur la plateforme. Adapté du célèbre manga de Yuto Suzuki, il raconte les aventures de Taro, un assassin de légende qui a choisi de raccrocher pour mener une vie paisible, mais dont la tranquillité s’avère vite illusoire.

Malgré son ton léger et son humour assumé, ce shōnen – fort de ses 7 millions d’exemplaires vendus – revisite un thème familier des amateurs de pop culture : celui des tueurs à gages. Le genre a souvent été jugé saturé, mais l’engouement autour de cette œuvre confirme que ce mythe moderne continue de séduire créateurs et spectateurs, quelle que soit la manière dont il est décliné.

De Léon à Ezio Auditore

Figure incontournable, le tueur à gages s’est imposé dans tous les supports artistiques, évoluant au fil des décennies. Ses origines remontent aux films noirs des années 1940, tels que The Killers ou Asphalt Jungle, qui ont façonné l’image d’un protagoniste ambigu, à la fois séduisant et inquiétant. Plus tard, des œuvres comme Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville ou Léon (1994) de Luc Besson ont affiné cette figure d’antihéros, oscillant entre froideur et fragilité humaine.

Nathalie Portman et Jean Reno dans Léon de Luc Besson.©Studiocanal GmbH

Aujourd’hui, cette fascination perdure, avec des incarnations modernes qui redéfinissent le genre, oscillant entre codes traditionnels et approches plus originales. John Wick en est l’exemple parfait : un tueur en costard, expert en chorégraphies millimétrées, évoluant dans un univers minutieusement codifié. À l’opposé, la série Barry propose une vision atypique, en explorant les dilemmes d’un protagoniste déchiré entre son passé criminel et son aspiration à devenir acteur.

Les jeux vidéo, quant à eux, ont enrichi cet archétype en y ajoutant une dimension interactive, à l’image de la saga Hitman, porte-étendard du genre. Des franchises comme Assassin’s Creed ont, de leur côté, réinventé le rôle du tueur en le transposant dans des contextes historiques, mêlant héritage, philosophie et évolution à travers les époques.

Ezio Auditare est le protagoniste d’Assassin’s Creed 2, Brotherhood et Revelation.©Ubisoft

La figure du tueur dans la pop culture japonaise

Évidemment, en la matière, les mangas et les animés japonais ne sont pas en reste. Des classiques tels que City Hunter de Tsukasa Hōjō, Golgo 13 de Takao Saito ou encore Black Lagoon de Rei Hiroe ont marqué l’histoire, en mettant en scène des assassins professionnels évoluant dans des contextes urbains, violents et souvent empreints de moralité ambiguë. Ces œuvres ont contribué à façonner l’image du tueur à gages au Japon.

L’anime culte Nicky Larson, adapté de City Hunter.©Aniplex

Ces dernières années, de nouvelles créations continuent d’explorer cette figure, tout en cherchant à la moderniser et à l’adapter aux attentes d’un public déjà familier du sujet. Assassination Classroom de Yūsei Matsui a séduit avec son mélange de science-fiction et d’humour, brisant l’image classique du tueur à gages froid et armé. Ici, ce sont des élèves qui, sous la tutelle d’un professeur extraterrestre menaçant de détruire la Terre, se forment à devenir des assassins, transformant une mission d’élimination en une comédie scolaire décalée.

Plus récent et encore plus célèbre, Spy x Family de Tatsuya Endō a, de son côté, revisité le concept tout en restant fidèle à certains codes classiques, comme l’espionnage, le costard et les armes à feu. L’œuvre innove en mêlant ces éléments à l’humour et à la vie familiale, avec un agent secret qui compose une fausse famille incluant une épouse tueuse et une fillette télépathe. Une recette efficace qui a conquis un public international, faisant de ce titre l’un des mangas les plus lus et visionnés de sa génération.

Sakamoto Days, bientôt culte ?

Prépublié depuis 2020 dans le célèbre Weekly Shōnen Jump de Shūeisha, Sakamoto Days s’inscrit dans cette dynamique de renouvellement. À l’instar de Spy × Family, l’œuvre joue avec les codes classiques tout en les tournant en dérision : le tueur froid, élégant et légendaire laisse place à un papa gâteux, bedonnant, mais toujours redoutable face à ses adversaires.

Taro dans Sakamoto Days.©Netflix

Avec son mélange de sérieux et d’absurde – une tendance à la mode des mangas de la nouvelle génération –, ce shōnen a tous les ingrédients pour séduire les amateurs d’histoires explosives et inattendues. Reste à voir s’il saura se démarquer suffisamment pour devenir un nouveau pilier de ce genre intemporel.

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