En quelques épisodes, ces shows capturent des moments marquants, des personnalités complexes et des drames humains intenses, offrant un regard pénétrant sur des événements, des scandales ou des vies hors du commun. La preuve par six.
1 Chernobyl, sur Max, MyCanal et Prime Video
Parmi les mini-séries inspirées de faits réels, Chernobyl s’impose comme une œuvre incontournable. En cinq épisodes, cette production signée HBO en 2019 a été acclamée pour sa précision historique, son réalisme et la qualité de son écriture. Plongeant dans les heures sombres de la catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986, elle reconstitue avec minutie l’explosion de la centrale soviétique de Lénine et ses répercussions dramatiques sur la ville de Prypiat. L’atmosphère oppressante et le soin apporté aux décors et aux détails plongent le spectateur dans un drame humain sans précédent.
Inspiré de témoignages recueillis par l’écrivaine Svetlana Alexievitch dans La Supplication, le show fait revivre, scène après scène, les efforts titanesques et souvent désespérés des autorités et des ouvriers pour contenir la catastrophe. Cette production magistrale a fait office d’un électrochoc, évoquant l’une des pires catastrophes causées par l’homme et le sacrifice de ceux qui ont risqué leur vie pour en limiter les retombées. Chernobyl n’est pas seulement une reconstitution fidèle, mais un hommage glaçant aux héros de l’ombre et s’inscrit comme une des meilleures œuvres, toutes catégories confondues, de sa génération.
2 Unbelievable, sur Netflix
Sorti en 2019, Unbelievable de Netflix retrace le calvaire de Marie, une jeune femme accusée de faux témoignage après avoir été violée. Inspirée de faits réels et adaptée d’un article lauréat du prix Pulitzer, l’histoire montre comment cette fille, jouée par Kaitlyn Dever, est confrontée à des policiers qui mettent en doute son récit, la poussant à se rétracter.
Quelques années plus tard, dans le Colorado, deux détectives déterminées (incarnées par Merritt Wever et Toni Collette) mènent une enquête rigoureuse sur des affaires similaires, révélant les erreurs commises par les premiers enquêteurs et retraçant un douloureux parcours vers la vérité.
Avec une mise en scène poignante et des flash-back saisissants, Unbelievable dénonce les préjugés et les failles institutionnelles dans le traitement des violences sexuelles. Le contraste entre l’approche empathique des détectives et l’attitude négligente des premiers policiers souligne l’importance d’une prise en charge professionnelle des victimes. Acclamée par la critique, la série est devenue un vibrant plaidoyer pour une justice équitable et respectueuse des victimes, exposant les injustices que subissent celles dont la parole est trop souvent mise en doute.
3 Le Serpent, sur Netflix
En 2021, Netflix se lance sur les traces du criminel Charles Sobhraj, tueur en série français qui a traqué et assassiné des jeunes touristes en Asie du Sud-Est dans les années 1970. Sobhraj, sous l’identité d’Alain Gautier et interprété avec intensité par Tahar Rahim, et sa complice Marie-Andrée Leclerc (jouée par Jenna Coleman) se présentent comme des diamantaires pour escroquer des voyageurs. Drogues, vols et meurtres deviennent leur quotidien, ciblant des hippies en quête de spiritualité et de dépaysement.
Visuellement captivante, la série coproduite par la BBC recrée avec soin l’ambiance vibrante des années 1970 : les décors et costumes immersifs plongent les spectateurs dans la Thaïlande ensoleillée et les reliefs du Népal, en contraste frappant avec la noirceur des crimes. Le Serpent brille par la dynamique ambiguë entre Rahim et Coleman, la relation complexe oscillant entre passion et manipulation.
4 Dahmer, sur Netflix
Avec son anthologie Monstres, Netflix s’aventure au cœur des histoires sombres, et sa première saison, Dahmer, a marqué les esprits. Créée par Ryan Murphy et Ian Brennan, cette mini-série à part entière explore la vie de Jeffrey Dahmer, le « cannibale de Milwaukee », depuis son enfance isolée jusqu’à son arrestation.
Au-delà des crimes glaçants, le show fait la lumière sur les failles d’un système judiciaire aveugle aux appels à l’aide des communautés marginalisées. Interprété avec intensité par Evan Peters, Dahmer devient ici le miroir d’une société marquée par le déni et l’inaction.
La production, bien que captivante, a toutefois suscité des critiques pour son approche jugée parfois sensationnaliste. Plutôt que de mettre en avant les victimes et leurs proches, la série est accusée de céder à une fascination pour le tueur lui-même, contribuant à un voyeurisme macabre autour de crimes d’une violence extrême.
Si un épisode (le 6), dédié à Tony Hughes, tente de rétablir l’équilibre en offrant un regard empathique sur l’une des victimes, l’ensemble reste effectivement centré sur le parcours de Dahmer, au risque d’alimenter l’intérêt morbide pour sa personnalité.
5 Une amie dévouée, sur Max et MyCanal
Parmi les séries françaises inspirées de faits réels, Une amie dévouée a particulièrement fait parler d’elle. Certainement parce qu’elle évoque à la fois un moment traumatique pour l’Hexagone – les attentats du Bataclan de 2015 – et un mensonge.
Le show relate l’histoire de Florence M., rebaptisée Chris, qui s’invente une identité de survivante pour se rapprocher des victimes. Peu à peu, elle s’impose au sein de l’association Life for Paris, aidant les véritables rescapés tout en recevant des aides financières réservées aux victimes.
La production, tirée du livre La Mythomane du Bataclan d’Alexandre Kauffmann, montre la dualité d’un personnage troublant, incarné par Laure Calamy, qui oscille entre soutien sincère et manipulation. Ce thriller psychologique expose les failles de l’empathie et questionne les limites de la compassion, révélant comment l’obsession d’appartenir à une communauté peut pousser une personne à franchir des lignes morales. Une amie dévouée interpelle autant qu’elle choque, offrant une réflexion poignante sur les dérives de l’imposture dans un contexte de douleur collective.
6 Mon Petit Renne, sur Netflix
Impossible de faire cette liste sans évoquer Mon Petit Renne, dernière production de Netflix qui fait encore parler d’elle depuis sa sortie en avril. Inspirée des expériences personnelles de son créateur, Richard Gadd, la série explore le parcours de Donny, un jeune barman aspirant à devenir humoriste, dont la vie bascule lorsqu’il est pris dans l’emprise obsessionnelle de Martha, une femme fragile qu’il a croisée par hasard. Ce harcèlement insidieux, fait de milliers de messages, d’intrusions répétées et de menaces, réveille chez Donny les stigmates d’un traumatisme passé, révélant peu à peu une descente aux enfers personnelle.
Grâce à son approche sans fard et poignante, Mon Petit Renne a rapidement conquis le public, se classant en tête des séries les plus regardées dans plusieurs pays. Son succès repose autant sur la justesse de son récit que sur l’intensité de ses personnages, qui exposent la complexité des relations toxiques et l’impact durable des agressions.
Le show est toutefois au cœur d’une controverse. Fiona Harvey, qui s’identifie comme l’inspiration derrière le personnage de Martha, a intenté un procès en diffamation contre Netflix, accusant la série de déformer la réalité pour frapper l’imaginaire du public. Une attaque qui pose la question de la frontière entre authenticité et sensationnalisme, et soulève le débat sur la responsabilité des créateurs face à l’impact de leurs adaptations autobiographiques.