Jusqu’au 19 janvier 2025, la MEP présente Science/Fiction – une non-histoire des plantes. L’exposition invite le public à porter un autre regard sur le monde fascinant des végétaux.
C’est dans le souvenir de la lecture d’ouvrages d’Octavia E. Butler ou encore de J. G. Ballard qu’est né Science/Fiction – une non-histoire des plantes. Investissant l’intégralité du musée, la nouvelle exposition de la MEP propose de retracer une histoire visuelle du monde végétal, au sein de laquelle se rencontrent l’art, la technologie et la science. Plus de 40 photographes d’horizons différents et ayant officié au cours de ces trois derniers siècles sont ainsi réunis sous le commissariat des directrices artistiques Clothilde Morette et Victoria Aresheva. Parmi eux se trouvent aussi bien des artistes qui, à l’instar d’Anna Atkins, Karl Blossfeldt ou Horst P. Horst, ont marqué leur médium, que des noms plus confidentiels.
Témoigner de la complexité de la flore
Au fil de leur ascension vers le dernier étage du musée, les visiteurs traversent six chapitres allant de « l’agentivité des plantes » aux « fiction(s) spéculative(s) ». Le monde, d’abord stable et reconnaissable, se plonge progressivement dans l’incertitude et l’inattendu. Au gré des tirages, les regards changent. D’éléments figuratifs ou de sujets d’études scientifiques, les plantes deviennent peu à peu les collaboratrices privilégiées d’artistes comme Almudena Romero, Anaïs Tondeur ou Alice Pallot. La première réalise, par exemple, des impressions sur végétaux qui, par nature, sont éphémères. La seconde donne à voir ces fleurs qui parviennent à pousser dans les sols extrêmes de l’anthropocène, quand la dernière mène un travail sur les algues toxiques qui envahissent les côtes bretonnes.
Usant de procédés anciens comme de technologies contemporaines, les photographes mis en lumière dévoilent aussi bien notre environnement tel qu’il apparaît dans des récits d’anticipation imagés. Les expérimentations sont nombreuses et transcendent les clivages normatifs entre fiction et réalité, science et art, pour témoigner de la complexité de la flore, de même que la relation que nous entretenons avec elle. « En interrogeant les projections et les représentations humaines des plantes, cette exposition intègre des narrations issues de la science et de la science-fiction comme un moyen de fabriquer de nouveaux imaginaires. […] Ces histoires émancipatrices, dépassant une vision anthropocentrique du monde, donnent aux plantes une place et une voix. Elles deviennent ainsi un espace de réparation de notre lien au monde végétal », assurent les deux commissaires.