Entretien

Franchise culte, héros et réalisation… On a rencontré l’équipe de Moi, moche et méchant 4

08 juillet 2024
Par Lisa Muratore
Gru est de retour dans “Moi, moche et méchant 4”, en salle le 10 juillet 2024.
Gru est de retour dans “Moi, moche et méchant 4”, en salle le 10 juillet 2024. ©Illumination Entertainment and Universal Studios.

Quelques jours avant la sortie sur grand écran de Moi, moche et méchant 4, L’Éclaireur a rencontré ses deux réalisateurs, l’Américain Chris Renaud et le Français Patrick Delage, au Festival d’Annecy. Ensemble, ils sont revenus sur la franchise d’animation et sur son nouvel épisode.

Chris, après avoir travaillé sur les deux premiers Moi, Moche et Méchant, vous êtes de retour pour le quatrième volet. Qu’est-ce que cela vous fait de revenir au sein de cette saga désormais culte ? 

Chris Renaud : Au départ, quand nous avons commencé à penser à l’histoire, la première épreuve était simplement une version dans laquelle Gru doit déménager, car il est poursuivi par un nouveau méchant. Cette idée m’est apparue comme un nouveau challenge, mais aussi une superbe opportunité de revenir à ses personnages pour les développer davantage. C’est très gratifiant de revenir à cette franchise. J’ai adoré travailler sur ce quatrième volet. 

C’est une réalisation à deux têtes, entre les États-Unis et la France. Comment avez-vous collaboré sur ce nouveau projet ? 

C. R. : Patrick et moi avons travaillé de la même façon que lorsque j’ai travaillé avec Pierre Coffin, le coréalisateur du premier Moi, moche et méchant. Patrick vient du milieu de l’animation et a apporté beaucoup d’idées durant la production. Il a vraiment travaillé en étroite collaboration avec les animateurs tout en écoutant les sessions d’enregistrement des acteurs.

Il savait ce que ces derniers faisaient et nous avions beaucoup de discussions sur les séquences, car l’un des plus grands défis du film était de faire en sorte que ça ressemble à un film Moi, moche et méchant. Quand nous avons commencé, l’histoire était encore très sérieuse, très ancrée, finalement trop réaliste. Ça ne ressemblait pas du tout à un film d’animation, et encore moins à un film d’animation Moi, moche et méchant. C’est le travail que nous avons dû faire ensemble avec Patrick : retrouver le ton de la franchise.

Les minions sont toujours présents dans Moi, moche et méchant 4.©Illumination Entertainment and Universal Studios

Patrick Delage : Chris est avant tout dans l’intention et dans la structure du film, il contrôle parfaitement le rythme. Comme je suis plus dans l’animation et la partie technique, j’essaie de trouver une justesse dans la caractérisation et de savoir, en fonction des envies de Chris, comment gérer ses besoins. Il fallait aussi anticiper ses envies. Par exemple, avoir un bébé dans le film, c’est assez particulier, car Gru est un personnage d’animation, et il est présenté dans ce volet comme un père de famille. On ne pouvait donc plus se permettre d’être dans l’aspect cartoon.

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Avec ce quatrième film, on est dans une histoire un peu plus réaliste, avec une vraie trame. Il a peur pour sa famille, donc il fallait trouver ces petits moments un peu particuliers, mais aussi drôles, qui nous permettent de conserver la personnalité de chaque membre de la famille et des minions, pour que tout le monde coexiste au mieux. Je pense que l’idée, et ce que Chris a bien fait selon moi, c’est d’arriver à trouver ces différents rythmes, sans être trop perdu, afin de suivre l’histoire. Il fallait aussi intégrer les grands méchants dans une histoire de famille. C’est d’ailleurs ce qui ajoute le petit grain de folie qu’il y a dans la saga Moi, moche et méchant.

Moi, Moche et Méchant 4.©Illumination Entertainment and Universal Studios

C. R. : L’animation sur laquelle Patrick et son équipe ont travaillé a également participé à nourrir l’histoire. Par exemple, nous avions du mal à coordonner la scène du tennis. La scène est quelque peu artificielle, mais quand Patrick et son équipe ont décidé d’y ajouter les minions, durant les épreuves tests, la séquence a pris une autre ampleur, plus drôle, et a permis de préparer le terrain pour l’aspect plus dramatique du film lorsque les filles, restées à la maison, sont attaquées. C’est un ingrédient assez magique que nous avons pu mettre en place. 

Comment savez-vous, en pleine production, que vous détenez la bonne histoire, celle qui sera adaptée après les différentes versions du script ? 

C. R. : Nous avons organisé beaucoup de projections tests avec un public test. À l’époque, nous avions réalisé environ 70 % de l’animation, car nous voulions que le public voie, au moins en partie, ce que nous voulions montrer et faire ressentir à l’écran. Il fallait que l’on soit au plus près de ce que nous avions en tête pour que le public comprenne ce qu’on lui montre. Nous avions donc l’histoire terminée depuis longtemps. Les projections tests n’ont fait que confirmer que nous étions allés dans la bonne direction.

Bande-annonce de Moi, Moche et Méchant 4.

La scène du tennis, après les ajustements de Patrick, a été très bien accueillie, par exemple. On savait alors, en fonction des réactions du public, que l’on tenait la bonne histoire. On ne peut pas tricher avec lui. C’est d’ailleurs ce que j’aime à propos des projections tests, surtout avec la comédie qui est un genre très compliqué à doser et à maîtriser. C’est comme un humoriste qui teste ses blagues et qui se rode de scène en scène. Ce n’est pas infaillible comme technique, mais ça vous aide à suivre le bon chemin. 

Était-ce toujours dans vos plans de faire évoluer Gru, d’en faire un véritable méchant, loin du stéréotype du super-vilain ?

C. R. : Non, cette idée ne faisait pas partie de notre plan initial pour l’avenir de la saga. Cette idée est apparue quand nous étions en production pour le deuxième volet de la franchise lorsque nous avons choisi de montrer un méchant à la poursuite d’un autre méchant. J’adore cette idée-là, car ça en fait un film “high concept”. Ce n’est qu’à partir du second film que Gru entame son chemin vers la bonté et qu’il commence à devenir un véritable héros.

Maxime Le Mal est l’ennemi de Moi, Moche et Méchant 4. ©Illumination Entertainment and Universal Studios

Ce qui est intéressant, c’est que le public a toujours voulu que Gru évolue dans ce sens-là. Nous nous sommes souvent demandés si nous devions faire revenir Gru à l’état de méchant, mais je ne pense pas que le public souhaiterait cela. Je pense qu’il a évolué dans la bonne direction. Nous avons essayé de trouver le bon équilibre tout au long du voyage. 

En parlant de méchant, quelles ont été vos inspirations au sujet de Maxime Le Mal, le vrai super-vilain de ce film ?

C. R. : Nous aimons tous Spider-Man et Ant-Man, par exemple, car ce sont de bonnes idées de personnages. Ce que j’adore au sujet de Maxime, c’est que son alter ego Cockroach-Man, l’Homme-Cafard, est une vraie mauvaise idée. C’est tellement mauvais que ça en devient génial. Avoir des méchants grotesques et ridicules est l’un des codes classiques de la saga Moi, moche et méchant. Ceci représentait le premier élément, pour nous. Ce que j’adore à propos du personnage, c’est qu’il est très arrogant. C’est une sorte de fashionista has been, mais il a cette vulnérabilité en lui, que l’on découvre tout au long du film, à travers un traumatisme passé. Ces deux facettes ont été les principales inspirations pour façonner Maxime Le Mal et en faire un élément essentiel de ce quatrième long-métrage.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste