L’artiste de 88 ans a été retrouvé mort dans sa baignoire à son domicile, un jour après le décès de sa femme.
L’artiste conceptuel Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier, est décédé ce 5 juin 2024 à 88 ans. D’après l’enquête ouverte, l’artiste aurait mis fin à ses jours après le décès de sa femme le 4 juin. Connu principalement pour ses œuvres graphiques — écriture blanche manuscrit sur fond noir –, Ben a marqué les dernières décennies grâce à son approche singulière de l’art. Pour lui, tout était art et tout était vie.
Vivant à Nice durant son enfance, il développe avec les artistes Yves Klein, Arman et Martial Raysse l’école de Nice, afin de développer l’art et la culture dans la ville. Considérant que l’art peut s’exprimer de plusieurs façons, il commence à embellir la devanture de son échoppe, avant de passer à une de ses grandes caractéristiques : la signature. Ben signe alors les gens (dans la rue), les objets qu’il trouve et développe l’idée de l’appropriation, faisant de tout une œuvre d’art. Pendant plusieurs décennies Ben continuent de se questionner sur l’art et développe un style singulier, marquant durablement l’époque contemporaine et sa ville d’adoption, Nice. À ce titre, il réalise en 2008 le nom des 42 stations du tramway de la ville.
Ben, artiste de l’écriture, est mort.
— Le Monde (@lemondefr) June 5, 2024
C’était un artiste obsédé par les mots. L’artiste Benjamin Vautier, dit « Ben », a été retrouvé mort à son domicile de Nice, mercredi 5 juin, peu après la disparition soudaine de son épouse. Il était âgé de 88 ans.https://t.co/hTjEPV0pCP pic.twitter.com/QVsLfoumCK
L’écriture, symbole de vie
L’héritage laissé par Ben est immense et son style d’œuvre le plus célèbre est assurément les différentes écritures qu’il réalise dès les années 1950. Calligraphie d’école blanche et fond noir (ou parfois de couleurs), Ben commence à apposer des citations, des remarques, des idées ou des questions et fait sensation.
Ces textes sont exposés dans les plus grands musées du monde, figure sur les cartables et les trousses des collégiens et démontrent à la fois de la malice de Ben — avec parfois, une provocation volontaire –, autant que de son esprit libre et affuté.
En plus de son travail avec les mots, Ben utilise l’image et la photographie pour développer un peu plus son propos, et envisage le médium comme une trace écrite et tangible. Écriture, photographie, il réalise également un film conceptuel lors du Festival de Cannes en 1963, présenté comme suit à l’époque : « Ben créateur de l’art total présente et signe, dans le cadre du Festival son film extraordinaire, Cannes Ville 1963, film créé par l’intention d’une réalité totale ». À nouveau, l’artiste invite le public à devenir créateur et envisage son film comme la simple chose d’observer le dehors et la ville, sans limite, sans écran et sans acteur.
Ben était un artiste intelligent et profond. Il était un gourmet des mots qu’il utilisait avec délectation, drôlerie et démesure. Peintre poète, il jouait avec les phrasés et avait la parole libre.
— Jack Lang (@jack_lang) June 5, 2024
À Blois, en 1995, je lui avais commandé une œuvre monumentale « le mur des mots » pic.twitter.com/krAorqjU01
« J’écris donc je suis ». Le monde de l’art et de la culture perd, avec Ben, l’un des ses représentants les plus importants, et de nombreuses personnalités publiques et politiques ont tenu à lui rendre hommage, à commencer par la Ministre de la Culture, Rachida Dati qui se rappelle « une légende ». Jack Lang de son côté a souhaité rendre hommage à « un artiste intelligent et profond » tout comme le maire de Nice, Christian Estrosi.
Avec la disparition de Benjamin Vautier, le monde de la Culture perd une légende.
— Rachida Dati ن (@datirachida) June 5, 2024
Orfèvre du langage, Ben laisse derrière lui près de 12 000 créations artistiques. Ses écritures humoristiques, parfois satiriques, ont accompagné et marqué les générations. Son esprit libre nous… pic.twitter.com/jZJ7R8wume