Critique

Jusqu’au bout du monde : que vaut le nouveau film de Viggo Mortensen ?

02 mai 2024
Par Robin Negre
Vicky Krieps et Viggo Mortensen dans “Jusqu'au bout du monde”.
Vicky Krieps et Viggo Mortensen dans “Jusqu'au bout du monde”. ©Perceval Pictures/Metropolitan

En salles ce 1er mai 2024, ce western ambitieux rend hommage aux classiques du genre tout en offrant à Vicky Krieps un grand rôle.

Quatre ans après sa première réalisation, Falling (2020), Viggo Mortensen est de retour au cinéma devant et derrière la caméra avec Jusqu’au bout du monde, western contemplatif ambitieux, porté par son incroyable actrice principale Vicky Krieps et par le vibrant hommage rendu par le cinéaste aux classiques américains du genre.

Tout en conservant ses thématiques centrales, Viggo Mortensen arrive à puiser dans le genre du western et à le revitaliser, conscient que la mouvance américaine des années 1950 ou 1960 n’est pas celle des années 2020.

Jusqu’au bout du monde.©Metropolitan

Dans les années 1860, Vivienne Le Coudy fait la rencontre de Holger Olsen, un immigré d’origine danoise solitaire. Désireux de vivre ensemble, ils partent s’installer dans la ville d’Olsen.

Entre la violence de l’époque et la domination patriarcale, Jusqu’au bout du monde dépeint la difficulté pour les femmes d’exister à l’époque, tout en lançant le personnage d’Olsen dans sa propre quête existentielle.

Faire co-exister deux personnages

C’est la principale force du film de Viggo Mortensen : le scénariste/réalisateur parvient à développer ses deux protagonistes en séparant son film, sans jamais perdre le spectateur. Dès lors, le long-métrage accueille plusieurs genres et émotions : contemplatif par moment, intense, grave, optimiste… Le western est là avec toutes ses forces, le récit d’émancipation féminine également.

En faisant comme sur Falling, le cinéaste parvient à s’effacer pendant une partie du film pour laisser Vicky Krieps briller entièrement. L’actrice, par son implication et son charisme, trouve un de ses meilleurs rôles. À la fois tendre et bienveillante vis-à-vis des personnages blessés par la vie (dont Olsen), mais fière et déterminée contre l’injustice et la violence.

Jusqu’au bout du monde.©Metropolitan

Viggo Mortensen ne démérite également pas, et adopte la posture du shérif taciturne, peu bavard, mais particulièrement charismatique. Par certains aspects, Jusqu’au bout du monde est une fable humaine centrée sur des personnages en mouvement qui se cherchent ou recherchent leur attache. Le film utilise aussi la force des flashbacks et de la construction inversée pour délivrer tous ses messages et ses thématiques.

Minutieux dans l’écriture, dans la réalisation, dans la direction d’acteur, Viggo Mortensen construit son intrigue sans dévier de son objectif et toute la dernière partie gagne en intensité grâce à l’installation progressive de tous les éléments nécessaires à l’implication et à l’émotion. À ce titre, le cinéaste touche-à-tout compose également la musique du film, mélodique et prenante.

Jusqu’au bout du monde.©Metropolitan

Avec ses décors naturels et sa splendide direction artistique, Jusqu’au bout du monde arrive à projeter le spectateur dans une ambiance singulière. Qu’elle se révèle être parfois intense, difficile ou au contraire touchante et simple cette ambiance est supportée par l’excellent duo composé de Vicky Krieps et Viggo Mortensen.

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C’est finalement ça que l’artiste comprend le mieux : peu importe le lieu, l’époque ou l’intrigue, sans un affect profond pour les protagonistes, un film ne peut tenir. Et Jusqu’au bout du monde, beau film de romance (aussi), l’applique de la meilleure des façons.

La bande-annonce de Jusqu’au bout du monde.

Jusqu’au bout du monde de et avec Viggo Mortensen, Vicky Krieps, Solly McLeod, 2h09, au cinéma le 1er mai 2024.

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