Ce roman graphique dans l’univers fantastique de Lovecraft imagine le jour de la mort de l’auteur. L’ouvrage est superbe et se place comme un incontournable de l’automne.
Il est l’un des pères fondateurs de l’horreur littéraire aux côtés d’Edgar Allan Poe. Pourtant, H.P. Lovecraft, connu notamment pour la création du mythe de Cthulhu, n’a jamais connu le succès de son vivant. Il aura fallu attendre bien des années après sa mort pour que l’ensemble de son œuvre soit reconnu à sa juste valeur.
Depuis lors, son influence a été derrière la naissance de quelques-uns des plus grands talents du genre. De Stephen King à Neil Gaiman, en passant par Junji Ito, les créateurs qui lui ont prêté un rôle fondamental dans leurs propres univers sont légion.
Onirisme théâtral
Rendre hommage à sa mémoire de façon aussi originale que le font ici Romuald Giulivo au scénario et Jakub Rebelka au dessin relève donc de la figure la plus complexe et difficile qui soit. Pourtant, dès sa couverture, Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft parvient à donner un trait, des couleurs et un mélange de réalisme et de surnaturel aussi convaincants que séduisants.
Peu de couleurs, le rouge de l’univers Lovecraftien dominant tour à tour avec le gris d’une morne réalité, présentent l’hôpital dans lequel l’auteur rendra son dernier souffle, le 15 mars 1937 à Providence, dans le Rhode Island.
L’appel de Cthulhu
Un étrange visiteur se rend à son chevet, alors que le personnel médical semble avoir déjà compris que son heure était venue. L’homme frappe tout de suite le lecteur par un détail : la une de son journal évoque le 11 septembre 2001 et la guerre en Irak. Une faille temporelle justifiée par ce que dit l’éditeur de l’ouvrage, sur la postérité de Lovecraft.
« Le dernier voyage d’un homme complexe et torturé (…) persuadé que seule une nuit éternelle, réconfortante attend les hommes au moment de leurs morts. Mais, un auteur n’est-il pas par essence immortel par les récits dont nous sommes les dépositaires ? » On n’y trouvera pas forcément la réponse, mais on fera un voyage exceptionnel dans la mémoire d’un homme qui ne l’était pas moins.