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Test de Persona Q2 – New Cinema Labyrinth : Crève-t-il l’écran ?

04 juin 2019
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Persona Q2 - New Cinema Labyrinth : Crève-t-il l'écran ?

En résumé

En dépit d’un design « chibi » qui peut dissuader de le prendre au sérieux, Persona Q2: New Cinema Labyrinth est à ce point imprégné de l’ADN de Persona 5 qu’on ne peut qu’encourager les fans de ce dernier à lui laisser sa chance. La magie d’Etrian Odyssey prend alors le relais pour nous happer dans des labyrinthes toujours plus sournois, même si l’empreinte narrative des Persona reste l’argument numéro un du titre.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le mélange des genres qui emprunte le meilleur des deux franchises
  • Les stars de Persona 5 à l'honneur, aux côtés des vétérans de P3 et 4
  • Bien mieux scénarisé qu'un Etrian Odyssey
  • Des labyrinthes sournois qui ne se ressemblent pas
  • Séquences animées nombreuses et voix japonaises incluses
  • L'empreinte de Persona 5 dans le système de combat
  • La cartographie semi-auto et ses icônes « intelligentes »
  • Durée de vie toujours monstrueuse
Les moins
  • Une formule quasi identique à celle du premier volet
  • Un design « chibi » qui peut diviser
  • Bonne connaissance de l'univers Persona exigée
  • Textes en anglais uniquement

Notre test détaillé

Lorsque la bande des « Phantom Thieves » de Persona 5 se retrouve prise au piège à l’intérieur d’un film dont la fin ne lui convient pas, on sait qu’il va y avoir de la casse. Pour la seconde fois, Atlus s’en donne à cœur joie en imaginant l’improbable fusion de ses deux franchises favorites : Etrian Odyssey et Persona.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo 3DS.)

Jouer à Persona Q2: New Cinema Labyrinth, c’est déjà passer le cap du relookage « chibi » des stars de Persona 5 ! Car si ce design rondouillard se justifie tout à fait sur la portable de Nintendo, il suffit de se remémorer les réactions de certains joueurs à la sortie du premier Persona Q pour savoir qu’il s’agit là d’une question délicate. Pourtant, dès lors que le titre déroule son scénario truffé de séquences animées, on oublie assez vite ces considérations esthétiques pour s’incliner devant la capacité de cet opus à instaurer une atmosphère digne des Persona sur consoles de salon. On est réellement frappé par la manière dont les concepteurs sont parvenus à conserver l’esprit de Persona 5 et toute la dynamique qui l’accompagne dans un dungeon-RPG qui n’a pourtant plus rien à voir avec la formule initiale. Car les films dans lesquels s’invitent nos « Phantom Thieves » revêtent des allures de labyrinthes élaborés dans le moule bien connu des Etrian Odyssey.

Persona Q2: New Cinema Labyrinth

Triple dose de Persona

Si une bonne connaissance de la franchise Persona est recommandée pour profiter au mieux des péripéties scénaristiques du jeu, nul besoin en revanche d’avoir parcouru le précédent Persona Q pour entamer celui-ci. Il faut dire que ce deuxième opus s’inspire à ce point de son aîné qu’il peine à s’en détacher autrement que sur le plan narratif. Fort heureusement, l’aura qui se dégage des protagonistes de Persona 5 insuffle suffisamment de substance pour compenser cette impression de redite. Les « Phantom Thieves » seront d’ailleurs épaulés assez rapidement par des alliés en provenance des épisodes 3 et 4, mais comme les recrutements se font de manière progressive, le joueur aura tout loisir de modifier librement la composition de son équipe afin d’évaluer les atouts et les faiblesses de chacun.

Persona Q2: New Cinema Labyrinth

Le fil d’Ariane

Dans sa construction pourtant, Persona Q2 se contente de reprendre la totalité des éléments mis en place dans le précédent volet. Arpentés en vue subjective à la manière d’un Etrian Odyssey, les labyrinthes sont à explorer stylet en main pour jouer les cartographes sur l’écran tactile. La possibilité de passer à tout moment en mode auto afin que le jeu se charge lui-même de tracer les parois sur la map permet de contourner habilement l’aspect contraignant de la chose, tout en nous laissant le soin de disposer les portes et les mécanismes à l’aide d’icônes spécifiques. Ces dernières ont d’ailleurs le mérite de s’activer toutes seules en délivrant de précieuses indications lorsqu’elles sont placées correctement, à l’image des cages rotatives. En ce sens, Persona Q2 exploite intelligemment les spécificités du support. Quant aux inévitables allers-retours, ils sont rendus plus digestes grâce à la présence de raccourcis et d’objets de téléportation peu onéreux.

Persona Q2: New Cinema Labyrinth

Fusion des genres

Bien que sa formule soit extrêmement proche de celle du premier volet, Persona Q2 peut compter sur la configuration sournoise de ses labyrinthes pour solliciter toute notre attention. Non seulement la logique de progression dans les donjons diffère considérablement d’un niveau à l’autre, mais les ambiances elles aussi se renouvellent du tout au tout grâce à l’idée de projeter les héros à l’intérieur de films aux thématiques variés. La menace que représentent les « F.O.E. » insuffle une tension permanente à l’exploration en nous forçant à ruser pour contourner les pièges les plus vicieux, sachant que certains coffres ne peuvent être déverrouillés qu’à la condition de parcourir les maps dans leur intégralité. Introduit dans le volet précédent, le boost reste l’élément clef du système de combat qui impose d’exploiter astucieusement les faiblesses élémentaires pour abréger autant que possible les confrontations. Enfin, le fait que chaque membre de l’équipe ait accès à deux Personas assouplit considérablement les possibilités tactiques, la Velvet Room étant toujours là pour assurer son lot de fusions et d’améliorations indispensables à la progression.

Persona Q2: New Cinema Labyrinth

Immersion++

Bien mieux scénarisé qu’un Etrian Odyssey, ne serait-ce que dans ses références à la franchise Persona et à la manière dont ses héros influent sur le dénouement des films qu’ils arpentent de l’intérieur, Persona Q2 corrige aussi l’impair commis par son aîné en incluant les voix japonaises. Toujours pas de traduction des textes en français, mais une durée de vie littéralement monstrueuse qui ne repose pas pour autant sur un challenge insurmontable. Le niveau de difficulté est en effet librement ajustable tant qu’on ne s’essaye pas au plus corsé du lot et il est toujours possible d’accélérer la vitesse des combats. À condition de fermer les yeux sur la tonne de DLC prohibitifs d’ores et déjà annoncés par l’éditeur, Persona Q2: New Cinema Labyrinth est une expérience convaincante sur 3DS, à plus forte raison si vous n’avez pas joué au précédent volet.

Conclusion

En dépit d’un design « chibi » qui peut dissuader de le prendre au sérieux, Persona Q2: New Cinema Labyrinth est à ce point imprégné de l’ADN de Persona 5 qu’on ne peut qu’encourager les fans de ce dernier à lui laisser sa chance. La magie d’Etrian Odyssey prend alors le relais pour nous happer dans des labyrinthes toujours plus sournois, même si l’empreinte narrative des Persona reste l’argument numéro un du titre.

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