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Test de Steins;Gate Elite : L’effet papillon

19 février 2019
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Steins;Gate Elite : L'effet papillon

En résumé

Pour tous les joueurs qui ne connaissent pas encore Steins;Gate et pour les fans de l’anime qui n’ont jamais touché au jeu original, ce remake se justifie amplement. Reprenant à son compte le travail réalisé à l’occasion de l’adaptation animée, Steins;Gate Elite s’impose comme un visual novel passionnant qui marquera durablement les esprits.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Un incontournable du visual novel à (re)découvrir
  • Une refonte visuelle plus dynamique car basée sur l'anime
  • Ambiance sonore immersive avec les voix japonaises
  • Attachement aux personnages renforcé par rapport à la série
  • Des fins alternatives à découvrir absolument
  • 30 à 40 heures de jeu pour tout voir
Les moins
  • Moins indispensable pour ceux qui connaissent le jeu original
  • Une vraie fin qui se mérite un peu trop

Notre test détaillé

Si vous n’avez pas encore glissé dans l’engrenage Steins;Gate, ce remake du jeu original conçu pour séduire les adeptes d’animation japonaise pourrait bien constituer la meilleure porte d’entrée à son univers.
Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.

Sorti initialement en 2009 au Japon, le visual novel Steins;Gate a plus largement fait parler de lui en Occident au travers de son adaptation animée que certains ont immédiatement portée aux nues. Il faut dire que l’anime Steins;Gate est de ceux qui marquent les esprits, ses ruptures de ton et sa trame sinueuse justifiant pleinement les superlatifs employés par les fans à son égard. Mais se limiter à la série animée serait une erreur pour qui souhaiterait connaître chacune des ramifications narratives du scénario du jeu. Une bonne raison pour se plonger dans ce remake qui se fraie un passage jusqu’en Europe quelques mois seulement après sa sortie au Japon !

test Steins;Gate Elite

Du jeu à l’anime, de l’anime au jeu

Steins;Gate Elite est une version remaniée du titre de 2009 recréé à partir des matériaux en provenance de la série animée de 2011. Comprenez par là que la direction artistique originale disparaît au profit d’images et d’animations directement reprises de la série en plus de celles qui ont été conçues spécialement pour ce remake. Il faut savoir en effet que le titre comporte des pans entiers de scènes que l’on ne trouve pas dans l’anime, car liés majoritairement à des fins alternatives qui s’incorporeraient très difficilement au fil rouge narratif global. C’est d’ailleurs l’argument principal du jeu par rapport à la série, mais nous y reviendrons un peu plus loin. Quoi qu’il en soit, le nouveau rendu plus dynamique de Steins;Gate Elite devrait logiquement attirer ceux qui ne connaissent pas encore le jeu vidéo vers cette version remaniée, ce qui n’enlève rien à l’efficacité de la direction artistique du titre de 2009.

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Le Cube de Zemeckis

Steins;Gate Elite s’inscrit dans la veine des visual novel les plus « sages » du genre, dans le sens où il ne s’autorise aucune excentricité dans son déroulement. Ainsi, bien que son propos tourne essentiellement autour des voyages dans le temps, il ne nous laisse jamais la main sur la manière d’influencer l’évolution de l’intrigue, contrairement à un jeu tel que 428 où l’on devait constamment jongler entre les différentes chronologies pour éviter les fins prématurées. Ici, la trentaine d’heures de jeu requise au minimum pour tout parcourir se résume à faire défiler les lignes de textes – en anglais uniquement – suivant la logique d’un visual novel traditionnel. Cette précision pourra paraître évidente à certains mais il est important de souligner ce point afin d’éviter les déconvenues aux néophytes. Heureusement, l’histoire de Steins;Gate Elite révèle bien vite tout son potentiel addictif, le joueur ayant non seulement à cœur de percer à jour la meilleure fin du jeu mais aussi l’ensemble des dénouements malheureux qui font véritablement la force de cette franchise.

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Caprices du destin

Servi par une ambiance sonore très convaincante, le doublage japonais allant de pair avec les visuels issus de la série animée, Steins;Gate Elite confronte ses protagonistes à une réalité condamnée à évoluer vers un avenir qu’il n’acceptent pas. Selon les affirmations d’un mystérieux voyageur du temps, leur futur tendrait inéluctablement vers une dystopie régie par un organisme dictatorial, entraînant une privation totale des libertés individuelles. Rintarô Okabe, jeune savant fou autoproclamé passant ses journées enfermé dans un labo improvisé pour concevoir des inventions futuristes improbables, est le seul à pouvoir trouver une solution à la tragédie annoncée en mettant sur pied une ébauche d’une machine à voyager dans le temps. Se démarquant par son caractère cynique et paranoïaque, ce personnage clé rompt totalement avec les clichés et facilite considérablement notre immersion dans la trame du jeu. Se rendant compte que ses propres souvenirs ne collent pas avec ceux de son entourage, Okabe va devoir démêler les fils d’une intrigue qui ne le ménagera pas. Responsable d’une invention permettant d’expédier des mails dans le passé, le jeune savant fou devient ni plus ni moins l’instigateur de quelque chose qui le dépasse, réalisant sur le tard que nul n’a le droit de jouer innocemment avec des pouvoirs divins.

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Quand l’invraisemblable devient crédible

Avant de voir son propos basculer dans une dimension dramatique, le titre met l’accent sur le fait que son héros s’improvise apprenti sorcier sans prendre la mesure de la gravité des conséquences de ses actes. L’atmosphère faussement légère des premières heures de jeu combinée à l’emprunt de théories scientifiques bien réelles (trous noirs, théorie du chaos) ont le mérite de donner de la substance à des concepts qui, dans un autre contexte, paraîtraient totalement saugrenus. Il y a un tel souci du détail dans l’emploi des notions scientifiques que l’invraisemblable devient subitement crédible. De l’autre côté de l’écran, le joueur se retrouve à parcourir de vrais fils de discussion et à interagir avec le portable d’Okabe pour répondre à des mails à première vue anodins. Pourtant, certains choix de réponse auront des répercussions directes sur l’accès à la meilleure fin du jeu, alors que le titre met tout en œuvre pour nous projeter vers ses dénouements les plus sombres.

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Une rupture de ton dramatique

Aux expériences anodines des quinze premières heures de jeu succède en effet une véritable course contre la montre à base de boucles temporelles destinées à préserver la vie des membres du groupe de chercheurs insouciants. Et la gravité de ce qu’ils ont contribué à créer prend subitement tout son sens. C’est ici que le jeu commence véritablement à nous confronter à des dilemmes cruciaux que l’adaptation animée n’a hélas pas pu explorer. Plus les heures défilent, plus l’intrigue sidère en dévoilant des aspects insoupçonnables des individus que l’on croyait connaître, et on ignore jusqu’où ces révélations vont nous entraîner. À d’autres moments, le titre surprend à nouveau en esquissant des romances inattendues pour mieux les faire voler en éclats à cause de nos propres décisions.

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Souvenirs sacrifiés

Servis par une qualité d’écriture redoutable, les instants où l’on prend conscience qu’il n’y a pas de bons ni de mauvais choix, car ils se font tous au détriment d’autrui, rendent d’autant plus douloureux le simple fait d’appuyer ou non sur un simple bouton. Les conséquences de nos choix font nécessairement basculer le destin des autres protagonistes de telle sorte que l’on ne peut jamais influer de manière uniquement positive, et notre implication n’en devient que plus forte. Sauver quelqu’un justifie-t-il de sacrifier les souvenirs, les rêves et le bonheur d’autrui ? De tels questionnements rendent plus que jamais indispensable la perspective d’explorer chacun des versants de nos choix pour savoir à côté de quoi Okabe risque de passer. On pourra d’ailleurs pester contre le fait que le titre fasse tout pour nous précipiter vers un dénouement inacceptable que l’on ne pourra rectifier qu’à la condition d’effectuer certains choix de réponses à des mails bien précis. Heureusement, il est possible de recommencer le jeu en zappant les séquences narratives pour se focaliser uniquement sur les choix afin de ne pas voir toute cette histoire finir en désastre absolu.

Conclusion

Pour tous les joueurs qui ne connaissent pas encore Steins;Gate et pour les fans de l’anime qui n’ont jamais touché au jeu original, ce remake se justifie amplement. Reprenant à son compte le travail réalisé à l’occasion de l’adaptation animée, Steins;Gate Elite s’impose comme un visual novel passionnant qui marquera durablement les esprits.

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