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Test de Resident Evil 2 : Exhumer la peur

30 janvier 2019
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Resident Evil 2 : Exhumer la peur

En résumé

Moins glaçant que le septième volet, ce remake de Resident Evil 2 s’affirme davantage comme un héritier légitime de la série en démontrant qu’il est encore possible de s’appuyer sur la formule historique de la franchise pour en livrer une vision moderne. L’hommage est réussi, mais l’on aurait apprécié que Capcom en profite pour repenser davantage les éléments les moins pertinents du titre original, et notamment son découpage truffé de redites.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Ambiance visuelle et sonore efficace
  • Un remake très respectueux de l'original
  • L'action sert bien les codes du survival horror
  • De vrais pics de tension liés aux apparitions du T-103
  • Les nouveautés de gameplay sont pertinentes
  • Trois niveaux de difficulté pour ajuster le challenge à ses envies
  • Le deux modes bonus de RE2 sont encore de la partie
Les moins
  • Énormément de redites sur l'ensemble des 4 scénarios
  • Court si on se limite à un seul versant de l'histoire
  • Trop peu de surprises pour justifier la reprise des scénarios inversés
  • La séquence avec Ada Wong est décevante

Notre test détaillé

Prompt à nous glacer le sang, Resident Evil VII avait su redonner à l’une des franchises reines du survival horror ses lettres de noblesses. Mais, pour y parvenir, il s’était résolument éloigné des codes de la série. De par sa volonté d’exhumer l’un des plus anciens volets de la saga afin de mieux le faire renaître, le remake de Resident Evil 2 emprunte quant à lui une tout autre voie.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)

Reprenant à son compte les prémices du jeu d’horreur aperçus au détour d’un certain Alone in the Dark, le premier Resident Evil ne s’était pas privé de transmettre l’essentiel de son patrimoine génétique à son successeur. Pourtant, déjà en 1998, Resident Evil 2 sur PlayStation affirmait sa différence, injectant à son aventure horrifique une propension à l’action qui ne desservait en rien sa formule. Servi par un rythme plus soutenu que son prédécesseur, le titre se montrait ainsi toujours aussi habile à nous faire sursauter en dépit d’un arsenal lourd pouvant paraître en décalage avec les codes du genre.

Resident Evil 2

Retour à Raccoon City

Cette direction, le remake de Resident Evil 2 ne l’a pas perdue de vue, même vingt ans après. À l’inverse d’un Resident Evil VII, la peur ne réside alors pas tant dans ce qu’abrite le jeu que dans la perspective de mourir faute d’avoir su anticiper la manière d’assurer sa propre survie. La profusion d’armes ne fait que renforcer l’illusion d’être efficacement préparé pour affronter l’adversité, tandis que les restrictions drastiques de munitions condamnent l’idée même de se débarrasser définitivement de l’ensemble des menaces qui rôdent autour de nous. Mais si la fuite était bien souvent préconisée dans le jeu original, elle se trouve fortement compromise dans ce remake où les ennemis redoublent de ruse pour s’agripper à nous dès lors que l’on fait mine de les contourner. Leur résistance accrue rend d’ailleurs chaque balle extrêmement précieuse, un zombie à terre n’attendant bien souvent qu’une occasion sournoise de se relever pour nous entraîner avec lui dans son cauchemar.

Resident Evil 2

Saleté de virus !

En cela, on ne peut guère reprocher à cette version 2019 de Resident Evil 2 de ne pas faire bon usage de la logique du titre originel. Surtout que sa plastique avantageuse et sa visibilité désormais réduite au halo de notre lampe torche accentuent grandement la dimension horrifique de l’expérience, les ennemis étant totalement invisibles dans la pénombre. En abandonnant définitivement le point de vue à l’ancienne avec ses angles de vue précalculés et ses ennemis constamment hors champ, et en misant sur une caméra à l’épaule de circonstance, le remake fait incontestablement le bon choix.

Resident Evil 2

Plus véloces, les ennemis requièrent une précision accrue de la part du joueur qui sait qu’en cas de maladresse ses moyens de défense ne lui octroieront qu’un sursis de très courte durée. L’efficacité des grenades ne nous incite pas vraiment à les dilapider, quant à la contre-attaque au couteau, elle finit inexorablement par user sa lame, celle-là même qui nous sert à larder les cadavres au sol pour éviter qu’ils ne se relèvent… Dans ces conditions, chaque nouvelle subtilité de gameplay se doit d’être exploitée à bon escient, comme les planches à clouer pour barricader les fenêtres, les indications précieuses visibles sur les maps et les documents, ou encore le mixage des poudres permettant d’optimiser nos munitions.

Resident Evil 2

Bis repetita

Loin d’être une promenade de santé, le titre a tout de même la bonne idée d’assouplir ses règles du jeu ou, à l’inverse, d’accroître son challenge en fonction des envies de chacun. En incorporant trois modes de difficulté et une sauvegarde limitée uniquement dans le niveau le plus difficile via des rubans encreurs à dénicher, le titre s’assure que tout le monde aura une chance d’accéder au dénouement des différents scénarios proposés. Reste à trouver la motivation suffisante pour relancer une partie qui ne se prive pas de réutiliser des pans entiers de séquences aux airs de déjà-joué. Non content de s’appuyer sur une progression déjà propice aux allers-retours, le titre peine en effet à trouver les bons arguments pour permettre aux scénarios en question de se démarquer suffisamment les uns des autres.

Resident Evil 2

Ainsi, que l’on démarre avec Claire Redfield ou Leon S. Kennedy, les portions communes se révèlent nombreuses, impliquant non seulement les mêmes environnements et certains boss identiques, mais aussi des énigmes dont on connaît déjà la solution. En somme, l’effet de surprise n’y est plus vraiment une fois le premier scénario terminé, en dépit de quelques passages exclusifs aux scénarios « bis » qui font intervenir des protagonistes secondaires distincts en fonction du personnage joué. Et si la partie de cache-cache de Sherry dans l’orphelinat risque d’étonner même les habitués du jeu d’origine, la séquence dédiée à Ada Wong déçoit terriblement en intégrant de manière abrupte un outil de piratage qui ne fait qu’alourdir inutilement le déroulement du jeu.

Resident Evil 2

Question de point de vue

Aussi bluffant soit-il en termes d’ambiance visuelle et sonore, ce Resident Evil 2 revisité laisse ainsi le sentiment amer de se reposer parfois trop sur les fondations du jeu de 1998. Son découpage éclaté en scénarios multiples, très courts si on les aborde séparément, et surtout ses redites innombrables ternissent une impression de départ pourtant excellente lorsqu’on se base uniquement sur un seul versant du scénario. Il convient alors de passer outre cette redondance pour forcer le jeu à nous dévoiler la totalité de son contenu : ses quatre variantes principales et ses deux modes cachés calqués sur ceux du volet d’origine. Reste le sentiment que Capcom est peut-être passé à côté d’une bonne occasion de nous surprendre en repensant davantage la construction de cet épisode en interconnectant de manière plus adroite les histoires des deux personnages ou en y ajoutant, pourquoi pas, une formule coopérative inédite. Malgré tout, la proposition mérite largement le coup d’œil, ne serait-ce que pour les pics de tension liés aux apparitions brutales et traumatisantes du Tyrant T-103.

Conclusion

Moins glaçant que le septième volet, ce remake de Resident Evil 2 s’affirme davantage comme un héritier légitime de la série en démontrant qu’il est encore possible de s’appuyer sur la formule historique de la franchise pour en livrer une vision moderne. L’hommage est réussi, mais l’on aurait apprécié que Capcom en profite pour repenser davantage les éléments les moins pertinents du titre original, et notamment son découpage truffé de redites.

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