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Test de Valkyria Chronicles 4 : Un mea culpa homérique

01 octobre 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Valkyria Chronicles 4 : Un mea culpa homérique

En résumé

Il aura fallu se montrer patient pour voir enfin le premier Valkyria Chronicles hériter d’un descendant digne de son renom sur PC et consoles de salon. Prenant le contre-pied des intentions de l’abominable épisode Revolution, ce quatrième volet renoue avec le prestige des débuts de la série et augure peut-être bien d’un avenir radieux pour la franchise.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le retour de toutes les clefs de la réussite du premier volet
  • Un nombre significatif de nouvelles subtilités tactiques
  • Challenge exigeant mais jamais rebutant
  • Réalisation graphique et sonore irrésistible
  • L'imprévisibilité de certains pans narratifs liés aux personnages
  • Des histoires d'escadron centrées sur les différentes recrues
  • Textes entièrement en français avec doublage japonais
  • La rapidité appréciable des temps de chargement
  • Durée de vie supérieure à 40 heures, sans compter les défis annexes
Les moins
  • Des unités qui se gênent encore dans les déplacements
  • La part d'aléatoire qui incite à recharger sa partie pour tout optimiser

Notre test détaillé

Singulier est le parcours de la franchise Valkyria Chronicles qui, après un épisode fondateur glorieux ayant révolutionné le genre du RPG tactique, s’est humblement retranchée sur console portable avant de se confiner dans les limites des frontières japonaises. Mais si le troisième volet sur PSP nous est toujours interdit, ce n’est pas le cas de ce quatrième opus qui relance la série avec un tel panache qu’on lui pardonne volontiers l’incartade Valkyria Revolution.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)

Tout, sans exception, nous est restitué dans Valkyria Chronicles 4. De cette alliance magique entre le tour par tour et le temps réel jusqu’à cette formidable réalisation graphique au rendu crayonné teinté de couleurs pastel, rien n’a été oublié. À l’évidence, la gifle cinglante reçue par l’épisode Revolution a laissé des traces. On ne peut certes pas reprocher à Sega d’avoir tenté de réinventer la formule, mais le studio semblait avoir oublié à quel point le concept du premier Valkyria Chronicles se suffisait déjà à lui-même. Car, même s’il n’a jamais bénéficié de la popularité qui aurait dû être la sienne, ce titre était tout de même parvenu, dès sa sortie il y a maintenant dix ans, à se hisser au panthéon du jeu vidéo, ses adorateurs réclamant continuellement des suites qui arriveront seulement par la petite porte sur PSP.

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Malgré tout, le retour en 2016 de ce monument du RPG tactique par la case remaster a démontré que le public était prêt à accueillir comme il se devait la renaissance de la franchise. Alors ne réfrénons plus notre enthousiasme et réservons à ce quatrième volet l’accueil chaleureux et enflammé qu’il mérite incontestablement !

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Renouer avec l’excellence

Parce qu’il prend le temps de développer son contenu avec parcimonie, Valkyria Chronicles 4 pourrait donner l’impression faussée de se reposer uniquement sur les acquis du premier volet. Ceux qui ont parcouru la démo en sont d’ailleurs probablement ressortis avec la conviction qu’en dehors de l’ajout de la classe des grenadiers, cet opus n’apportait quasiment rien de nouveau. C’est en réalité loin d’être le cas, le soft prenant volontairement son temps pour injecter au compte-gouttes l’ensemble de ses éléments inédits sur le plan des subtilités tactiques. Ainsi, tout est fait pour nous inciter dans un premier temps à retrouver tranquillement nos marques, la combinaison du tour par tour et du temps réel étant une spécificité qui réclame une certaine période d’adaptation.

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Une fois assimilé les astuces de progression, le caractère exigeant des missions devient on ne peut plus motivant, toute l’efficacité du titre résidant dans la manière dont il nous invite à accomplir nos objectifs en un minimum de tours dans le but de décrocher les meilleurs rangs et donc les meilleures récompenses. Comme le veut la tradition de la série, la mort s’avère définitive au bout d’un certain laps de temps, mais diverses solutions nous sont proposées pour nous éviter de dire adieu aux unités tombées sur le champ de bataille. Ce volet intègre même un baroud d’honneur qui autorise les soldats se trouvant dans un état critique à exécuter un ultime coup d’éclat avant de trépasser. Combiné à la possibilité de basculer, si besoin, en mode Facile, Valkyria Chronicles 4 se montre plus souple et moins rebutant que son prestigieux aîné, sans pour autant perdre en efficacité.

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Stratégie en milieu polaire

Pris dans son ensemble à l’issue d’une bonne quarantaine d’heures de jeu minimum – l’achèvement des défis annexes accroissant encore cette durée de vie – le titre affiche en définitive suffisamment de nouveautés tactiques pour nous captiver de bout en bout. Optant assez vite pour un cadre arctique dépaysant, il s’appuie notamment sur la configuration du terrain, nous incitant à exploiter les aléas météorologiques et les particularités du décor pour triompher avec ruse. Les unités qui progressent dans la neige sont par exemple soumises à la rigueur du froid qui draine leur endurance tandis que la moindre explosion est susceptible de briser la glace sur laquelle on évolue parfois. Le blizzard réduit la visibilité là où les tempêtes de neige ont le mérite de nous protéger des tirs d’interception, mais gare à ne pas finir enfoui sous une avalanche ! Les frappes de mortier propres aux grenadiers se combinent idéalement avec les directives du navire polaire pour nous permettre de prendre l’adversaire en embuscade après l’avoir débusqué à l’aide du radar. Ponctuelles mais ne tombant jamais dans la redite, les interactions et spécificités des maps donnent le sentiment que chacune des missions principales se distingue habilement des précédentes pour nous surprendre jusqu’au dénouement.

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À mon commandement !

Inédit, le navire polaire fait partie, au même titre que les chars d’assaut, des composantes à développer au fil de la partie pour en étoffer les possibilités. L’ensemble des ordres directs que nous offre ce nouvel opus dépasse tout ce que l’on avait connu jusqu’à présent et constitue en quelque sorte un joker qui pimente les schémas tactiques. Indispensable, le véhicule de transport peut également être optimisé pour sécuriser les déplacements des troupes et prendre l’ennemi à revers. La nouvelle fonction de commandement autorise même les trajets à pied en duo, une option royale pour compenser la mobilité réduite des lanciers ou des grenadiers ! On peut d’ailleurs promouvoir librement un chef parmi nos unités secondaires afin d’élargir au maximum le potentiel tactique de cette nouvelle fonctionnalité.

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Mais tout n’est pas encore parfait et l’on se heurte encore un peu trop souvent à nos compagnons de route dans les endroits les plus confinés, même si cela n’est rien en comparaison des innombrables qualités du jeu. Quant à la frustration de voir l’aléatoire nous jouer des tours aux moments les plus critiques, elle est compensée par la rapidité étonnante des temps de chargement et par l’évolution constante des personnages auxquels on s’attache à mesure que le scénario les met en lumière individuellement. Car en marge des escarmouches, les histoires d’escadron retiennent d’autant plus l’attention qu’elles sont le meilleur moyen d’en savoir plus sur les motivations des différents membres de l’équipe tout en débloquant leur potentiel caché. Moins prévisible qu’on aurait pu le craindre, le scénario réserve son lot de révélations au sujet des descendantes du peuple Valkyrur, opposant l’armée de la Fédération aux Impériaux dans un drame qui n’a rien à envier à celui de l’épisode fondateur.

Conclusion

Il aura fallu se montrer patient pour voir enfin le premier Valkyria Chronicles hériter d’un descendant digne de son renom sur PC et consoles de salon. Prenant le contre-pied des intentions de l’abominable épisode Revolution, ce quatrième volet renoue avec le prestige des débuts de la série et augure peut-être bien d’un avenir radieux pour la franchise.

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