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Test de Hitman Definitive Edition : Le crime parfait

28 juin 2018
Par Hung Nguyen
Test de Hitman Definitive Edition : Le crime parfait

En résumé

Cette Definitive Edition d’Hitman a beau sortir tardivement, son achat n’en demeure pas moins indispensable pour tous les fans d’infiltration qui se respectent. Simulation d’assassinats aux possibilités folles et aux décors aussi variés que vivants, c’est typiquement le genre de production sur laquelle on a souvent envie de revenir afin d’en tester les limites. Si l’on regrette qu’une partie du contenu du jeu ne se trouve pas sur le disque et demande téléchargement, son principal défaut reste néanmoins son scénario très accessoire, la faute à des enjeux qui manquent de liant et à une montée en puissance inexistante.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Joliment réalisé dans l’ensemble
  • Le retour de l’Agent 47 tel qu’on l’aime, froid et discret
  • Des niveaux vastes et riches en possibilités
  • Des missions à refaire de nombreuses fois
  • Une grosse durée de vie
  • L’intégralité du jeu dans une seule version
Les moins
  • Scénario secondaire, pour ne pas dire inexistant
  • Quelques petits soucis techniques pas bien méchants (collisions, I.A.)
  • Une partie du contenu est à télécharger
  • Certains temps de chargement un peu longs

Notre test détaillé

Intégralement disponible au format dématérialisé depuis fin 2016 et sur disque depuis janvier 2017, la première saison du reboot d’Hitman s’est offert une ultime sortie il y a quelques semaines à peine. Particulièrement inattendue, cette Definitive Edition s’adresse donc essentiellement aux retardataires. Mais elle sert aussi et surtout à sceller l’accord qui lie désormais le studio Io Interactive à Warner Bros. Interactive Entertainment. Orphelin de Square Enix, qui ne croyait plus en la franchise, le développeur danois va en effet pouvoir compter sur le soutien du géant américain pour la sortie d’Hitman 2, une suite programmée en fin d’année et qui abandonnera pour l’occasion le format épisodique.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)

Les plus attentifs se rappellent sans doute qu’Io Interactive a publié en tant que développeur indépendant une Game of the Year Edition de Hitman en novembre dernier. Sans surprise, la Definitive Edition qui nous intéresse ici reprend l’intégralité de son contenu, auquel il faut ajouter trois costumes inédits inspirés des autres productions du studio danois (Freedom Fighters, Kane & Lynch et Mini Ninjas). À moins d’être un inconditionnel de l’Agent 47, cette dernière n’a donc pas de réels arguments pour elle. Sauf éventuellement si vous tenez à posséder une copie physique de tous vos jeux. Contrairement à la version GOTY, distribuée exclusivement au format numérique, la Definitive Edition a en effet bénéficié d’une sortie en boîte.

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Elle permet ainsi à partir d’un même disque d’accéder à la campagne principale du jeu, aux quatre missions de la campagne Patient Zéro qui a été proposée en contenu additionnel payant en fin d’année dernière, ainsi qu’à tout le reste. Fait étrange et mauvaise surprise potentielle : l’épisode 6 qui se déroule à Hokkaido et les missions Summer Bonus Episode représentent une douzaine de gigas à télécharger sur PS4 et ne peuvent être débloqués qu’à l’aide d’un code fourni dans la boîte du jeu. Les amateurs de produits de seconde main sont donc prévenus : l’économie effectuée grâce à l’achat du jeu en occasion devra être réinvestie dans ces contenus pour profiter d’une expérience complète.

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Retour aux sources

Une expérience qui se veut par ailleurs on ne peut plus satisfaisante. L’absence de scénario digne de ce nom pourra en chagriner certains. Mais ni la présence de quelques bugs de collision ni l’intelligence artificielle (des ennemis) pas toujours rigoureuse ne sauraient gâcher le plaisir que l’on prend à jouer à Hitman. Après la déception Absolution, un épisode dirigiste et spectaculaire, la franchise renoue en effet avec les ingrédients qui ont fait sa renommée dans les années 2000, à savoir des terrains de jeu ouverts, une liberté d’action particulièrement satisfaisante, ainsi qu’une approche basée sur l’infiltration plus que l’action.

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Que ce soit à Paris, lors d’un défilé de mode on ne peut plus mondain ; à Sapienza, un village italien très paisible où un laboratoire scientifique se cache sous une splendide villa en bord de mer ; ou à Marrakech, où se trouvent, à côté des souks typiques, une école occupée par des militaires et un consulat qui centralise les contestations du peuple, il a rarement été aussi plaisant de jouer à l’assassin. L’ambiance et la configuration de différents lieux sont d’ailleurs suffisamment singulières pour ne pas avoir l’impression de faire face à des redites. Puisqu’aux trois villes déjà citées viennent s’ajouter un immense – et somptueux – hôtel de luxe de Bangkok, une ferme isolée qui sert de camp d’entraînement à des terroristes au fin fond du Colorado, et enfin une clinique ultra sélecte sur l’île japonaise d’Hokkaido.

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Pas vu, pas pris

Avec seulement six niveaux principaux au compteur, Hitman peut sembler un peu chiche. Mais ce faible nombre est en réalité largement compensé par l’architecture ouverte des décors et les innombrables possibilités dont ils regorgent. Chacun a en effet été conçu comme un immense bac à sable qu’il faut s’approprier pour arriver le plus proprement possible à ses fins. Si vous considérez qu’abattre vos proies, peu importe la méthode, est suffisant, alors Hitman n’est pas un jeu fait pour vous. L’Agent 47 est un esthète du crime, un artiste de l’assassinat, ce qui doit nous conduire à agir comme tel.

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Forcer les choses et faire usage d’une arme à feu reste possible. Mais outre le fait que cette méthode est difficile à appliquer, elle n’est en rien gratifiante et complique généralement la phase d’exfiltration du niveau, indispensable pour valider la mission. Il est donc préférable d’agir en toute discrétion, d’assommer à bon escient différents individus pour leur dérober leurs vêtements, ce qui permet ensuite de se faufiler plus ou moins incognito dans des lieux à l’accès habituellement restreint. Une fois arrivé dans ces zones bien gardées, il s’agira d’isoler la victime pour la tuer en toute tranquillité. Ou mieux encore, de créer une chaîne d’événements conduisant à un accident mortel.

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Le meurtre élevé au rang d’art

Les possibilités, en termes d’approche ou de mise à mort, sont extrêmement nombreuses et variées. Pour peu que l’on se montre un minimum curieux, observateur et inventif, il sera ainsi possible d’empoisonner sa cible, de faire s’écraser un lustre sur son crâne, de la faire exploser à distance après avoir piégé un objet, ou encore de la noyer dans les toilettes après lui avoir fait avaler un vomitif à son insu. Les manières de faire sont tellement nombreuses que le jeu nous incite via une liste de défis (utiliser un objet en particulier, utiliser ou non un costume spécifique, etc.), à recommencer encore et encore une même mission pour tout expérimenter. Pour vous donner une idée, s’il faut généralement une à deux heures pour venir à bout une première fois d’une mission, il faut en compter une vingtaine environ pour affirmer en avoir fait le tour.

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Pour les pros, mais pas que

Hitman est un titre au concept résolument peu accessible. Pour aider les joueurs qui ne seraient pas familiers avec la liberté d’action qu’il offre, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure un système « d’opportunités ». Concrètement, en se baladant dans les niveaux, l’Agent 47 tombera sur des conversations clés débouchant sur des pistes à suivre pas à pas. Ces petits scénarios au sein des missions demanderont par exemple de prendre les traits d’un mannequin qui est intime avec l’une des cibles, ou de profiter de la panne du camion de livraison du fleuriste pour lui « emprunter » sa tenue et se rendre au domicile d’une autre, ou encore de remplacer au pied levé un caméraman démissionnaire histoire de pénétrer en toute quiétude dans un bâtiment sous haute surveillance.

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Évidemment, il est possible – et même recommandé pour les joueurs expérimentés – de désactiver les aides liées aux opportunités. Tout comme il est préférable de ne pas avoir recours à « l’instinct », une sorte de vision magique comme on en trouve dans des tas d’autres jeux et qui permet de repérer les cibles mêmes à travers les murs et de mettre en surbrillance les nombreux objets avec lesquels il est possible d’interagir. Hitman est un jeu qui récompense l’observation, la patience et la créativité. Mais vu l’étendue et la densité de chaque niveau, on comprend que ces aides étaient nécessaires pour éviter que des joueurs n’errent durant des heures sans savoir comment s’y prendre.

Conclusion

Cette Definitive Edition d’Hitman a beau sortir tardivement, son achat n’en demeure pas moins indispensable pour tous les fans d’infiltration qui se respectent. Simulation d’assassinats aux possibilités folles et aux décors aussi variés que vivants, c’est typiquement le genre de production sur laquelle on a souvent envie de revenir afin d’en tester les limites. Si l’on regrette qu’une partie du contenu du jeu ne se trouve pas sur le disque et demande téléchargement, son principal défaut reste néanmoins son scénario très accessoire, la faute à des enjeux qui manquent de liant et à une montée en puissance inexistante.

Article rédigé par
Hung Nguyen
Hung Nguyen
Journaliste - spécialisé en jeux vidéo