Test

Test de Dragon Quest Builders : La magie à portée de main

20 février 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Dragon Quest Builders : La magie à portée de main

En résumé

En parvenant à s’adresser aussi bien aux adeptes de RPG qui ont besoin d’enjeux narratifs pour avancer qu’aux bâtisseurs en herbe qui détestent qu’on les prenne par la main, Dragon Quest Builders de de Square Enix remplit haut la main son contrat. Autant dire que sa suite est d’ores et déjà attendue avec une impatience évidente !

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Un portage soigné pour un titre qui se révèle extrêmement addictif
  • L'équilibre parfait entre l'exploration, la construction et l'action
  • La multiplicité et la diversité des objectifs via la profusion de quêtes
  • La découverte ininterrompue de nouvelles ficelles de gameplay
  • La place importante accordée à la narration et les nombreux clins d’œil à la série
  • Une bande-son nostalgique constituée des meilleurs morceaux de la franchise
  • Le bac-à-sable entièrement libre du mode Terra Incognita
  • Une belle durée de vie et un défi progressif à la découverte de toutes les îles du jeu
Les moins
  • Les trois angles de vue ne suffisent pas à éradiquer les problèmes de caméra
  • L'austérité du système de combat complique inutilement les phases d'action
  • Les compagnons gérés par l'IA ont parfois du mal à suivre

Notre test détaillé

S’il y a bien un titre que les possesseurs de Switch étaient en droit de réclamer sur leur console de prédilection, c’est Dragon Quest Builders. Fusion hautement risquée des routines implacables de Minecraft avec les composantes emblématiques de la saga Dragon Quest, cet excellent jeu trouve sur la dernière console de Nintendo une nouvelle terre d’asile à défricher.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Il y a plus de trente ans, lorsque le descendant de Roto (Elric en V.F.) vint défier le Lordragon lors du dénouement du tout premier Dragon Quest, ce dernier lui posa un ultimatum : accepter de le rejoindre pour régner à ses côtés ou se battre jusqu’à la mort. Si la première solution ne débouchait à l’époque que sur un cruel game over, elle constitue aujourd’hui le point de départ de Dragon Quest Builders. Passé sous la coupe du Lordragon, le petit monde d’Alefgard n’est plus qu’une terre en ruine, abritant davantage de créatures assoiffées de sang que d’humains ayant survécu à la tragédie. Mais la venue d’un bâtisseur aux pouvoirs uniques pourrait bien faire renaître une petite lueur d’espoir en Alefgard.

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Minecraft revisité

Si Dragon Quest Builders emprunte ni plus ni moins les clés du concept de Minecraft, il s’en sert surtout pour se constituer ses propres règles du jeu. Une condition sine qua non pour permettre au titre de se démarquer en allant bien au-delà de ce à quoi s’attend logiquement le joueur au lancement de la partie. Découpé en chapitres impliquant à chaque fois la reconstruction d’un village en partant quasiment de zéro pour finalement libérer toute une île de l’emprise d’un sbire du Lordragon, le titre surprend par sa capacité à nous former à des méthodes de survie propres à son univers. En proie aux vicissitudes de l’existence humaine, notre héros est par exemple sujet à la faim et doit par conséquent penser à se nourrir en parallèle de toutes les tâches qu’il lui faut accomplir pour satisfaire les habitants de sa ville en devenir.

Loin d’être immortel, notre bâtisseur devra aussi savoir s’improviser soldat pour défendre ses ouailles des attaques de monstres qui n’hésiteront pas à éparpiller les briques des bâtiments aux quatre vents. Prioriser les tâches est donc une donnée essentielle à maîtriser pour démarrer de manière optimale en s’assurant notamment quelques stocks de nourriture et un équipement décent.

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Aussi primordiale, la fabrication d’un coffre colossal permettra d’accéder à l’ensemble de notre inventaire depuis n’importe quel endroit du monde, ce qui n’est pas du luxe compte tenu de la profusion de matériaux en tout genre que l’on sera rapidement amené à manipuler. Le moindre petit objet pourra ainsi être détruit puis collecté (ou volé…) pour venir étayer notre univers en attendant que l’on puisse assurer nous-mêmes sa conception. Une fois les bases assimilées, on peut véritablement laisser libre cours à notre créativité pour se détacher autant qu’on le souhaite des plans de conception des bâtiments en élaborant des édifices plus personnels. Au fil des chapitres, les possibilités s’accroissent à mesure que les handicaps s’accumulent, la reconstruction de chaque nouvelle cité nous invitant à réinventer nos méthodes de survie pour nous adapter à des défis de plus en plus corsés.

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Hommage et héritage

Bien que les premiers pas puissent effrayer les joueurs les moins perméables aux routines des jeux de construction dans la veine de Minecraft, l’omniprésence de la narration et la diversité des quêtes proposées devraient leur permettre de prendre efficacement leurs marques. Et si la réalisation reste volontairement sommaire, elle renforce d’autant plus le sentiment de nostalgie émanant des mélodies issues des premiers Dragon Quest qui ponctuent notre découverte de ce monde aux charmes rétros.

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En toute logique, le bestiaire et l’ensemble des objets qui caractérisent Dragon Quest Builders proviennent eux aussi de cet héritage, les responsables de la traduction française ayant d’ailleurs mis un point d’honneur à conserver le style narratif très singulier de la franchise. En parcourant les terres à la recherche d’éventuels survivants, notre village renaît et les missions se multiplient, créant une forme d’addiction bien réelle dont la conséquence est que l’on a bien du mal à lâcher l’affaire.

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Les lois de l’alchimie

L’équilibre entre l’exploration, la construction pure et les phases d’action se révèle si bien dosé qu’il permet à chacun d’y trouver son compte en privilégiant les objectifs qui l’interpellent le plus. On regrettera juste que l’austérité du système de combat, extrêmement sommaire, complique inutilement les confrontations avec la faune d’Alefgard, et que les trois angles de vue proposés ne permettent pas d’éradiquer les soucis liés aux caméras. En milieu étroit (grottes ou bâtiments dotés de toits), il n’est pas rare de ne plus bénéficier d’une lisibilité suffisante pour placer nos blocs avec toute la précision que la construction d’un escalier exige. Quant aux personnages gérés par l’I.A. qui nous accompagnent, notamment au chapitre 3, ils ont parfois du mal à nous suivre dans nos ascensions les plus accidentées en montagne.

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Vocation : architecte

Mais si Dragon Quest Builders comporte bien quelques défauts qui agacent, l’envie de percer toujours un peu plus les mystères de son univers est plus forte que ces désagréments, nous poussant sans cesse à y revenir. Mise en exergue dans le mode Terra Incognita, la dimension bac à sable se révèle encore plus prenante lorsqu’elle est libérée de tous les impératifs liés aux quêtes, portant la durée de vie aux nues. Qui plus est, le fait que chaque île fonctionne à partir d’un lot de sauvegardes bien distinct permet de continuer à faire vivre chacun de nos villages en parallèle, la victoire contre le boss de fin de chapitre n’imposant aucunement l’abandon total de nos envies de création.

Conclusion

En parvenant à s’adresser aussi bien aux adeptes de RPG qui ont besoin d’enjeux narratifs pour avancer qu’aux bâtisseurs en herbe qui détestent qu’on les prenne par la main, Dragon Quest Builders de de Square Enix remplit haut la main son contrat. Autant dire que sa suite est d’ores et déjà attendue avec une impatience évidente !

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