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Test de Dynasty Warriors 9 : La folie des grandeurs

17 février 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Dynasty Warriors 9 : La folie des grandeurs

En résumé

Si Dynasty Warriors 9 donne le vertige, c’est davantage par le calcul du nombre d’heures requises pour boucler toutes ses ramifications scénaristiques que par la profondeur réelle de son univers. Tombant tête la première dans le piège du monde ouvert aux allures de coquille vide, le titre ne parvient ni à diversifier suffisamment son déroulement ni à octroyer un minimum d’intérêt à ses affrontements pour nous convaincre de rester jusqu’au bout.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • 90 personnages jouables pour une durée de vie surréaliste
  • La multiplicité d'embranchements narratifs selon les personnages incarnés
  • Les notions d'influence et de domination sur la carte du monde
  • Jeu intégralement traduit en français, voix japonaises incluses
Les moins
  • Les limitations d'ordre technique qui ne facilitent pas l'immersion
  • Un monde ouvert redondant aux allures de gigantesque coquille vide
  • La pauvreté du système de combat alliée à l'IA désastreuse des ennemis
  • Des missions secondaires ennuyeuses et redondantes
  • Les phases d'infiltration peu abouties, voire inadaptées
  • Le traitement mineur accordé à la narration
  • Trop de personnages doublons aux styles de combat identiques
  • Défi global uniquement basé sur la montée de niveau des personnages
  • Aucune option multijoueur ou mode coopératif

Notre test détaillé

Visiblement las de s’être enfermé depuis des années dans un concept réticent à évoluer, Koei Tecmo se décide enfin à réaliser le grand écart ultime en mixant sa formule musô à la mode du monde ouvert. Mais pour une première, le résultat n’est guère encourageant.
(Ce test a été effectué sur PlayStation 4.)

Dire que Dynasty Warriors 9 essuie les plâtres de son changement brutal d’orientation friserait l’euphémisme. Rarement a-t-on vu un jeu souffrir autant sur le plan technique, la simple bascule de l’univers de la franchise dans un environnement manifestement trop vaste pour elle suffisant à mettre à mal chacune de ses composantes. Si l’on met de côté la modélisation des personnages qui s’en sort miraculeusement grâce à l’efficacité du character design (la conception des personnages) inspiré des figures légendaires de la Chine des Trois Royaumes, tout le reste laisse à penser que le studio n’était pas prêt à opérer une telle mutation. Les limitations d’ordre technique évidentes ne font d’ailleurs pas qu’entraver le processus d’immersion, elles entachent aussi la crédibilité du contexte et confèrent à l’action un manque de fluidité critique qui met encore plus en évidence le manque d’imagination des scènes de combat.

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Du fantasme à la désillusion

Mais n’allons pas trop vite et commençons déjà par évoquer le caractère pour le moins surréaliste des ambitions de ce Dynasty Warriors 9. Profitant de l’opportunité de replacer le contexte de la guerre des Trois Royaumes dans des environnements aux proportions encore jamais vues dans la série, cet opus se propose de réécrire l’enchaînement des principales batailles de manière renouvelée selon le point de vue choisi. Autrement dit, sur le papier, le titre offre une multiplicité d’embranchements narratifs impressionnante qui diffère en fonction du personnage incarné, chacun ayant accès à une route qui lui est propre sur l’arborescence globale du scénario.

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Dans les faits, si le total de combattants inclus dans le titre atteint bien les 90 figures annoncées, chacune bénéficiant d’un relookage qui s’accompagne de tout nouveaux costumes, force est de reconnaître que les doublons sont nombreux lorsqu’on s’intéresse d’un peu plus près à leurs styles de combat respectifs. Surtout, on s’aperçoit bien vite que les développements narratifs se recoupent beaucoup trop pour nous donner réellement envie d’essayer l’ensemble des points de vue proposés pour chaque chapitre. Lorsque le principal argument du titre s’annonce davantage comme une plaie que comme un atout, le doute s’installe.

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La panne d’inspiration

Si le jeu nous invite à mener en parallèle plusieurs destinées, on ne peut pas dire que le rythme poussif de l’aventure nous y incite réellement. L’aboutissement du scénario d’un seul personnage requiert à lui seul un nombre d’heures non négligeables au terme desquelles on a déjà envie de passer à autre chose. Fort heureusement, chaque nouveau héros joué hérite automatiquement de tout l’équipement, l’or et l’inventaire acquis avec les autres combattants incarnés, mais cela n’empêche pas la plupart des objectifs de se répéter. En dépit d’un système d’évolution et de personnalisation assez complet qui autorise la création d’armes et d’objets en tout genre à l’aide des matériaux collectés via la chasse, la pêche ou l’exploration, le titre ne parvient pas à nous convaincre de l’efficacité de son gameplay.

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Même en reforgeant nos équipements à l’aide de gemmes incrustées pour leur octroyer divers effets magiques, on ne peut jamais s’éloigner du moule répétitif et limité des combos basiques avec lesquels on est contraint d’enchaîner ad nauseam les conflits.

Influence et domination

Sa seule véritablement particularité, le monde ouvert de Dynasty Warriors 9 la trouve dans sa notion d’influence et de domination qui affecte la carte du monde. L’objectif est bel et bien d’essayer de faire pencher le cours du conflit en notre faveur en obtenant la confiance de nouveaux alliés ou en neutralisant le potentiel offensif des officiers ennemis. Permettre aux alliés de progresser sur le terrain ou affaiblir les généraux adverses en ralentissant leur avancée en fonction des missions secondaires menées à bien ont systématiquement un impact sur ce concept de domination. Reprendre des avant-postes pour grignoter la ligne de front et faire diminuer le niveau de difficulté des missions clés constituera ainsi notre lot quotidien, et tant pis si la répétitivité des enjeux s’emmêle.

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À la recherche du temps perdu

Il faut dire que la pauvreté du système de combat, alliée à l’IA désastreuse des ennemis, font que le challenge s’avère si faible en mode Normal que l’on s’ennuie ferme, compte tenu du nombre aberrant de confrontations à livrer. Les entames de combos, variables en fonction de la touche utilisée conjointement avec la gâchette, ne suffisent pas à diversifier suffisamment les enchaînements, le système s’avérant en pratique très limité. Devoir attendre l’apparition de la touche de contre pour enfin porter le coup de grâce à un adverse rend les combats inutilement longs, sans compter les cafouillages récurrents dans l’exécution des coups de grâce (finish moves).

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La faute à une gestion désastreuse des collisions avec le décor, ou peut-être simplement aux mystères de la programmation du jeu… Seule la possibilité d’associer des pouvoirs bonus à chaque attaque permet de renouveler un minimum le déroulement des combats, mais même les attaques spéciales manquent considérablement d’envergure en comparaison des autres beat’em all développés par Omega Force.

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Desservi par un quota déraisonnable de missions secondaires ennuyeuses et redondantes, Dynasty Warriors 9 décourage plus qu’il n’inspire, la quantité surréaliste de quêtes mineures nous éloignant constamment de nos objectifs pour des récompenses souvent dérisoires. Quant aux phases d’infiltration, elles s’avèrent si peu abouties à cause de la construction des niveaux totalement inadaptée qu’on leur privilégiera volontiers la manière forte, pourtant davantage destinée aux prises de forteresses et autres batailles à grande échelle. Dépossédé de l’esprit frénétique des musô et dépourvu de toute option multijoueur, cet opus expérimental risque de refroidir autant les néophytes que les joueurs les plus dévoués à la franchise.

Conclusion

Si Dynasty Warriors 9 donne le vertige, c’est davantage par le calcul du nombre d’heures requises pour boucler toutes ses ramifications scénaristiques que par la profondeur réelle de son univers. Tombant tête la première dans le piège du monde ouvert aux allures de coquille vide, le titre ne parvient ni à diversifier suffisamment son déroulement ni à octroyer un minimum d’intérêt à ses affrontements pour nous convaincre de rester jusqu’au bout.

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