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Test d’Etrian Odyssey V Beyond the Myth : Peur du labyrinthe ?

13 novembre 2017
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test d'Etrian Odyssey V Beyond the Myth : Peur du labyrinthe ?

En résumé

Préservant religieusement les codes implacables du Dungeon-RPG à la japonaise, Etrian Odyssey ne devrait pas perdre, avec ce nouvel opus, sa réputation de série exigeante. Réservé aux inconditionnels du genre, cet épisode délaisse encore une fois l’histoire au profit de routines de gameplay implacables offrant un défi à la hauteur des joueurs les plus motivés.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • L'attrait d'un Dungeon-RPG à l'ancienne en vue subjective au tour par tour
  • Le plaisir de cartographier les niveaux au stylet
  • La liberté de configuration de l'équipe via les nombreuses classes/races de personnages
  • Les arbres de compétences multiples à double spécialisation
  • Des quêtes en pagaille qui compensent la monotonie des explorations
  • Les aptitudes passives hors-combat propices au loot de matériaux
  • La stratégie relative à l'utilisation des attaques d'Union
  • La tension qui s'installe à chaque apparition d'un F.O.E. venu nous prendre en chasse
  • La durée de vie et les défis post-game
Les moins
  • Scénario toujours aussi ténu, voire accessoire
  • Très exigeant, dès les premiers étages du labyrinthe
  • Les allers-retours incessants entre le village et les donjons
  • Les phases de level-up obligatoires
  • Uniquement en anglais

Notre test détaillé

Remarqué en 2007 pour sa singularité relative à la cartographie manuelle des donjons explorés, Etrian Odyssey n’a, à travers ses suites, jamais cessé d’enthousiasmer les adeptes sur DS et sur 3DS. Un public de fans que cible une fois encore ce nouvel opus qui reste fidèle à ses fondamentaux, dix ans après les débuts de la série.
(Test effectué sur une Nintendo 3DS.)

Reprenant à son compte la légende nordique de l’arbre du monde Yggdrasil, Etrian Odyssey V repense ce dernier comme s’il s’agissait d’un inextricable labyrinthe dont bien peu d’aventuriers seraient sortis vivants. Au lancement du jeu, la fine équipe que vous allez devoir créer se risquera à son tour dans les méandres de cet immense dédale de verdure abritant son lot de créatures dangereuses, d’énigmes étranges et de trésors enfouis. En somme, pas besoin d’enjeux démesurés pour motiver les joueurs à risquer leur vie. Atteindre le sommet de l’arbre ne sauvera peut-être pas le monde, mais cela permettra à ceux qui réaliseront cet exploit de voir tous leurs vœux s’accomplir.

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L’arbre aux souhaits

Voilà ainsi résumé le scénario du titre qui ne s’embarrasse pas de fioritures inutiles pour justifier cette nouvelle plongée dans les donjons labyrinthiques chers à la série. Il faut dire que, à quelques exceptions près, la franchise a toujours opté pour une intrigue ténue franchement anecdotique, afin de se focaliser sur le cœur du jeu. Un choix qui pourra évidemment diviser, même si la narration n’a jamais été la préoccupation première des Dungeon-RPG occidentaux ou japonais. Ceci dit, le soft n’en comporte pas moins son lot de dialogues primordiaux, hélas intégralement en anglais, ce qui mérite d’être souligné pour éviter aux anglophobes toute déconvenue.

La guilde des aventuriers

Comme ses prédécesseurs, Etrian Odyssey V ne démarre réellement qu’une fois nos premiers compagnons d’infortune inscrits dans le registre de la guilde des aventuriers. Passage obligé pour quiconque souhaite revenir à la civilisation entre deux incursions mouvementées dans l’Yggdrasil, la cité de Iorys abrite tout ce qu’il faut pour pimenter nos parties. Qu’il s’agisse des quêtes obtenues en conversant avec les habitués de la taverne ou des équipements améliorés chez le forgeron, aucun agrément ne paraît superflu dans la cité. Bien que seuls cinq avatars suffisent pour partir à l’assaut du labyrinthe, la guilde nous offre à tout moment la possibilité de créer jusqu’à trente héros dans le but de renouveler notre escouade à l’aide de profils sensiblement différents. Si l’on apprécie cette attention, on regrette tout de même que la lente et laborieuse montée de niveau ne permette pas vraiment de profiter de chacun de ces personnages comme on le souhaiterait.

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Limitée à cinq membres seulement, la construction d’une équipe homogène se révèle déterminante pour la survie dans le labyrinthe. Mieux vaut donc bien réfléchir aux races et aux classes de personnages choisies au départ, ainsi qu’à la formation adoptée lors des batailles. Les héros se voient en effet déployés sur deux rangs, l’un en première ligne censé encaisser et infliger le plus gros des dégâts, l’autre à l’arrière dans un rôle de soutien ou d’offensive magique. Comme toujours, les profils proposés bénéficient du sympathique coup de crayon de Yuji Himukai qui signe encore une fois un character design attrayant. Au-delà de leur représentation physique, les membres de l’équipe valent surtout pour les aptitudes que leur confèrent leur race et leur profession, sachant qu’ils seront, à terme, en mesure d’accéder à des talents avancés qui les rendront encore plus polyvalents.

Profession cartographe

Réputée pour ses dédales sinueux représentés en vue subjective et son déroulement au tour par tour, la série Etrian Odyssey a su avant tout se distinguer par ses donjons qu’il convient toujours de cartographier manuellement. Comprenez qu’il faudra dégainer le stylet pour dessiner sur l’écran tactile les contours de chaque étage du labyrinthe, et utiliser les icônes à disposition afin de retenir l’emplacement des coffres au trésor, des escaliers et des différents points d’intérêt susceptibles de renfermer des ressources utiles à la progression. Les combats surviennent aléatoirement et la fréquence d’apparition des monstres change selon que l’on se balade de jour ou de nuit.

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De plus en plus complexes à mesure que l’on s’élève dans les niveaux, les donjons sont également truffés d’énigmes et de petits événements venant rompre la monotonie générale du jeu. L’épisode permet même de dénicher des feux de camp pour cuisiner à partir des victuailles trouvées en chemin, des talents passifs utilisables hors combat permettant désormais de pêcher ou de miner le sol pour accumuler des ressources. Mais même si les étages abritent quelques raccourcis, les allers-retours en direction du village n’en restent pas moins fréquents, pour ne pas dire indispensables si l’on ne veut pas tout perdre après une progression harassante, puisque seules les données de la map sont automatiquement conservées en cas de décès.

On ne rigole plus

Ne prenant jamais le joueur par la main, Etrian Odyssey V se veut surtout très exigeant, la difficulté montant crescendo alors même que les premiers étages réservent déjà leur lot de mauvaises surprises. Il s’agit bel et bien d’un paramètre qu’il convient de garder à l’esprit tant cet aspect pourra rebuter la plupart des joueurs les moins patients. Car la moindre confrontation peut mal tourner pour peu que l’on sous-estime des adversaires qui compensent bien souvent leur fragilité par leur nombre. Pour survivre, une bonne équipe ne suffit pas. Il faut surtout utiliser à bon escient les talents de chacun pour élaborer des tactiques viables en exploitant notamment les stratégies relatives à l’utilisation des attaques d’Union.

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Ces techniques spéciales qui combinent les facultés d’au moins deux personnages durant un même tour sont réellement la clé de cet épisode dans lequel on ne peut survivre qu’en anticipant les pièges que sont susceptibles de nous tendre nos adversaires. Et parmi ces derniers, les incontournables F.O.E.s savent installer une véritable tension dès lors qu’ils nous prennent en chasse, jusqu’à ce que l’on soit en mesure de prendre notre revanche sur ces formidables ennemis. Il faut clairement accepter d’investir du temps (plus de 50 heures) pour espérer atteindre l’issue de l’aventure, mais si cela vous semble d’ores et déjà hors de portée, attendez de voir ce que vous réserve le contenu post-game de ce titre à la durée de vie gargantuesque !

Conclusion

Préservant religieusement les codes implacables du Dungeon-RPG à la japonaise, Etrian Odyssey ne devrait pas perdre, avec ce nouvel opus, sa réputation de série exigeante. Réservé aux inconditionnels du genre, cet épisode délaisse encore une fois l’histoire au profit de routines de gameplay implacables offrant un défi à la hauteur des joueurs les plus motivés.

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