Critique

« JVLIVS III : Ad finem » : que vaut le dernier épisode de la trilogie de SCH ?

06 décembre 2024
Par Anaïs Viand
"JVLIVS III : Ad finem" : que vaut le dernier épisode de la trilogie de SCH ?
©Warner Music France

Le nouvel album-concept de SCH est enfin disponible. Le rappeur marseillais offre avec « JVLIVS III : Ad finem » le dernier opus d’un triptyque aussi sombre qu’intense.

JVLIVS III : Ad finem est sans doute l’un des albums les plus attendus de cette fin d’année. Et ce, pour au moins trois raisons. Depuis une dizaine d’années (son premier album A7 est sorti en 2015), Julien Schwarzer – alias le S – s’est imposé sur la scène du rap français. Ses marques de fabrique ? L’art de la narration et une élégance cinématographique. Prix de l’album le plus streamé de l’année aux Victoires de la musique en 2022, Flamme du concert de l’année grâce au show donné au Vélodrome… On surnomme SCH « le baron noir du rap français », et c’est largement mérité.

Deuxièmement, l’artiste signe ici la fin d’une trilogie, voire d’une ère. L’ère de Giulio, un personnage créé en 2018. « Je suis musicien, je n’ai pas le temps d’être un gangster », annonce le rappeur au micro de France Inter avant de revenir sur sa fascination pour les gangsters et les antihéros. Car Giulio n’est qu’un prétexte pour côtoyer les grandes figures du banditisme et de la mafia tout en abordant les thématiques de l’honneur et de la loyauté. Mais que devient Giulio ? Est-il en prison ? Est-il mort ? Réponse (ou pas) en écoutant l’album.

Enfin, JVLIVS III : Ad finem comprend un morceau presque aussi attendu que le projet global : 2:00, une collaboration avec Damso.

“Je rappe comme si j’avais pas percé”

Voici une punchline qui marque d’ailleurs le feat avec les deux goat (les plus grands de tous les temps, ndlr) du moment. Malgré ses succès, SCH reste humble. Cet artiste, qui continue de faire ses courses chez Auchan et livre à ses fans sa recette de cannelloni, travaille son image autant que la rigueur.

Au micro de Léa Salamé, il résume sa démarche ainsi : « On va dire qu’on est jusqu’au-boutiste et un peu perfectionniste sur les bords. » En résultent des textes profonds et des clips en forme de courts-métrages. « À la manière d’un réalisateur, j’essaie de réaliser des films auditifs, précise-t-il dans cette même interview. La musique au service de l’image. » Dans Stigmates, il réitère : « J’ai du talent, mais je suis pas le best. » Ce n’est pourtant pas l’avis de ses 4 millions d’auditeurs sur Spotify.

“Ma mère m’a vu mentir, mon père m’a pas vu grandir”

SCH livre dans JVLIVS III : Ad finem un récit particulièrement introspectif. Dans La Pluie, il revient sur son enfance. Une enfance marquée par la « débrouille ». Il y évoque ses liens avec ses parents – une mère infirmière et un père routier. Dans le morceau intitulé Stigmates, il enchaîne des révélations tantôt professionnelles, tantôt personnelles. Il partage aussi ses désillusions, ses erreurs de jeunesse et ses réussites qui, parfois, laissent des marques. Mais, comme il aime le rappeler : « J’ai joué à GTA toute mon enfance, ça m’a pas fait braquer des commerces. » Il est vrai que les sons de SCH offrent quasi systématiquement une morale.

“La couleur du deuil dans les yeux”

Missiles, balles, flingue, cavale, garde à vue, guerre… Le S nous immerge dans un monde violent. Si SCH nous a habitués à un rap intense et sombre, il est particulièrement question de criminalité, de sang et de mort dans cet album. Ici, aucune voix du parrain, mais les ambiances des films de gangsters demeurent. Ses réflexions font écho à l’actualité de la Cité phocéenne et à la fusillade qui a eu lieu l’été dernier à la Grande Motte, tuant un proche du rappeur marseillais.

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« Un homme est un homme parce qu’il pleure et qu’il meurt » (La Pluie), « L’amour fait moins d’audience que la violence » (La Pluie), « Plus les années passent, moins je m’émerveille » (Anamnèse), « Une seule vie ne suffirait pour nous dire ce qui nous oppose » (Lumière blanche)… Si SCH affirme que la musique l’a sauvé, il ne cesse de dépeindre les violences sociétales. Et c’est tout aussi puissant.

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