Critique

JVLIVS – Prequel : Giulio : l’exploration du grand banditisme par SCH

31 mai 2024
Par Massimo Tringale
JVLIVS - Prequel : Giulio : l’exploration du grand banditisme par SCH
©SCH/Gilbert Coullier Productions/Maison Baron Rouge

Sorti ce vendredi 31 mai, l’album de SCH JVLIVS – Prequel : Giulio est le dernier de la trilogie. Pour cette ultime création, l’artiste a décidé de revenir à la genèse du personnage qui entoure son intrigue de son enfance jusqu’à ses débuts dans la criminalité.

SCH a révolutionné l’univers du rap en introduisant la trilogie JVLIVS. En 2018, l’artiste dévoile, en effet, une proposition artistique inédite ; le premier volume d’une saga construit à travers un récit à part entière et dépassant le simple cadre musical.

Avec le second tome, Jvlivs II, paru en 2021, le rappeur marseillais poursuit son ascension en s’appuyant sur une narration cinématographique. Fort de son succès, le disque s’écoule en seulement quatre jours à plus d’un demi million d’exemplaires. Aujourd’hui, trois ans après le second chapitre, SCH est de retour avec JVLIVS – Prequel : Giulio, dans lequel il nous transporte aux origines du mythe, revenant sur la genèse de son personnage. 

Cannelloni de SCH, le morceau qui tease son album.

Une production sombre : le retour du vrai SCH  

Dans JVLIVS – Prequel : Giulio, le chanteur nous plonge dans l’univers de la criminalité, telle que le veut l’histoire du personnage. Ce dernier, au cœur de l’intrigue dès le début, personnifie les thématiques récurrentes de la trilogie comme la pauvreté, la violence mais surtout celle du banditisme. L’atmosphère captivante est immédiatement créée à travers des écrits évoquant les luttes auxquelles est confronté Giulio, dans un monde décrit comme impitoyable. 

Les instrumentations se lient parfaitement avec son sujet : sombres et puissantes. Les beats sont lourds et font peser le poids de son texte. On entre directement dans ce que veut nous faire ressentir SCH alors que la voix unique du marseillais ajoute un aspect préoccupant à l’ensemble de l’album. Avec son timbre vocal distinct, il transmet une intensité émotionnelle à chacun de ses morceaux, nous capturant au sein de l’ascension de Giulio dans le monde criminel. 

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Après le succès de Bande organisée et de son fameux couplet « Oui ma gâtée », SCH avait en quelque sorte abandonné son côté sombre pour adopter un style plus joyeux avec des instrumentations moins captivantes. Pour ceux qui ont vu l’artiste grandir, cette étape représentait un changement de style radical au point d’impacter sa dernière mixtape Autobahn dans laquelle l’on ne retrouvait pas vraiment le phrasé et la voix du vrai SCH.

Dans ce troisième volume de la saga JVLIVS, Julien Schwarzer réussit à intégrer son public dans son monde. La combinaison entre récits poignants et instrumentations sombres rappelle ses premiers travaux, tout en montrant une évolution artistique et cinématographique importante. Les fans du rappeur marseillais peuvent retrouver le SCH qu’ils ont toujours apprécié : un artiste talentueux pouvant peindre des tableaux sonores envoûtants. 

L’artiste raconte une histoire 

À l’image de ses précédents volets, l’auditeur est plongé dans une intrigue. JVLIVS – Prequel : Giulio est conçu pour amener son audience à travers les différentes étapes de la vie de Giulio. L’album n’est pas une simple succession de morceaux, il en devient une épopée musicale dans un univers criminel. En effet, SCH utilise son talent d’écriture pour offrir une expérience immersive. 

À ce propos, les interludes jouent un rôle crucial dans l’album. L’immersion est d’autant plus grande qu’ils mettent sur pause le son pour introduire des éléments narratifs supplémentaires. Ces moments de répit son intelligemment situés pour former l’intrigue dans sa totalité. Ainsi, SCH utilise des effets sonores ainsi qu’une voix narrative plongeant l’auditeur dans l’histoire fascinante de Giulio. Par exemple, l’album est introduit par Baptême où l’on peut entendre des bruits d’église marquant le début de son parcours et l’ouverture du volume III. Les autres interludes tels que La recette, La renaissance et L’opinel utilisent une voix narrative pour nous transporter dans des moments précis de l’intrigue développée par l’artiste depuis 2018. 

JVLIVS – Prequel : Giulio.

Ces éléments narratifs rappellent l’ambiance d’un film mafieux et permettent de maintenir l’attention de l’auditeur tout en ajoutant une certaine profondeur à l’aventure. SCH nous donne l’impression d’être dans un thriller criminel dans lequel chaque morceau dévoile un nouveau chapitre de la vie du personnage principal. Cette approche renforce la dimension cinématographique de l’album et confirme la fibre artistique du rappeur. 

Un personnage pas si imaginaire que ça 

Il devient rapidement évident lors de l’écoute que SCH s’inspire de son passé pour donner de la profondeur à son personnage. Les paroles révèlent des fragments de son histoire personnelle, brouillant les pistes entre réalité et fiction. En effet, certaines phrases décortiquent son vécu : « J’ai un cœur couleur hématome », « Ils l’emporteront pas au paradis, le mal qu’ils m’ont fait » ou encore « J’ai digéré, depuis que j’avais rien ». Ces phrases témoignent de l’authenticité de SCH qui puise directement dans sa mémoire. 

Pour ce dernier volet de la trilogie, afin de mêler son passé à celui de son personnage, l’interprète a fait le choix de ne proposer aucun featuring dans son album. À travers cette décision, il souhaite renforcer l’intimité du projet. Cette fusion entre expérience personnelle et fiction reflète les luttes internes du rappeur rendant l’album d’autant plus poignant.

La fascination de SCH pour l’Italie : une influence culturelle pour son album 

L’amour profond de SCH pour la culture italienne se mêle à sa passion pour l’univers criminel. Il s’inspire directement des histoires mafieuses qui ont influencé l’histoire de l’Italie. Dès le titre de ses morceaux, comme Calabre et Cannelloni, on comprend que cela déteint sur son œuvre. Julien Schwarzer ne s’en est jamais caché, il avoue même sa fascination pour l’univers du Parrain. Il évoque même les codes mafieux à travers « l’omerta ». Autre clin d’œil a son amour de l’Italie : un maillot revisité de Naples, couleur bleu ciel, sur l’une des couverture de l’album.

Cover du nouvel album de SCH. ©SCH

SCH prouve qu’il est capable d’évoluer dans son art tout en offrant un univers unique que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Les paroles et l’immersion totale dans ce monde que propose SCH nous pousseront à réécouter le dernier de la trilogie JVLIVS en boucle durant les prochaines semaines, avant peut-être de le découvrir sur scène les 8 et 9 décembre prochain, à l’Accor Arena de Paris.

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