Pourquoi trouvons-nous un tableau beau ? Comment est déclenchée une émotion esthétique ? Peut-on discuter du goût ? D’où vient la fascination mondiale pour La Joconde ? En 2003, Daniel Arasse répondait à toutes ces questions (et bien d’autres !) au micro de France Culture, à travers 25 émissions. Le livre adapté de ces entretiens est devenu un classique pour rendre l’art accessible et aimable au plus haut point.
L’art à portée de tous
Ce n’est pas toujours évident d’aller au musée. On s’attend à un choc esthétique, on aimerait être épaté devant lesdits chefs-d’œuvre, mais on finit souvent par déambuler de salles en salles, la boutique du musée comme objectif final.
Il ne suffit pas de tarifs réduits pour démocratiser la culture, et ça, Daniel Arasse, historien de l’art français, l’avait bien compris. En 2003, France Culture l’invitait pour une traversée de la peinture sur six siècles. En 25 épisodes d’une vingtaine de minutes chacun, Daniel Arasse proposait des sortes de travaux dirigés devant les œuvres, tout en explorant son rapport très personnel à l’art. Disparu quelques mois après la diffusion des émissions, le livre Histoires de peintures, qui retranscrit les émissions, lui rend hommage et nous étonne par sa vivacité, sa richesse et sa simplicité. Une voix limpide qui met la peinture à portée de tous.
Apprendre à voir
Histoires de peintures nous apprend à voir, mais à voir autrement. La recette magique : le temps. Rien ne sert de courir les musées et les expositions à travers le monde pour « tout voir ». Idéalement, fréquentez une œuvre comme vous fréquenteriez un amant : assidûment, voire exclusivement. Les bancs sont faits pour s’asseoir, non pas pour souffler après avoir parcouru quinze salles du Louvre, mais pour les investir dès le départ. C’est à force de voir, de revoir, de scruter les détails, de prendre du recul et de revenir à l’œuvre que vous commencerez à la connaître, la comprendre, l’admirer et l’aimer.
Daniel Arasse n’a pas eu un coup de cœur pour La Joconde du jour au lendemain ! Au contraire, il ne « voyait » pas vraiment l’intérêt de cette peinture, jusqu’à ce qu’il l’étudie, se renseigne sur l’histoire de sa création et apprenne à la regarder avec attention. Parfois, l’expérience esthétique ne viendra qu’après une étude de l’œuvre, et c’est normal quand plusieurs siècles nous séparent de sa création.
Du détail au global
Histoire de peintures permet d’évoquer, à travers des études précises et enthousiastes de tableaux, des problématiques inhérentes au monde de l’art : la perspective, l’anachronisme, le religieux, le détail, la restauration, les conditions d’expositions… Il peint une fresque globale de la peinture sans jamais nous égarer. Des mots simples, des explications chaleureuses, une érudition au service de tous, tel était Daniel Arasse.
Si vous êtes emballé par l’univers de l’historien, on vous conseille également On n’y voit rien, pour de nouvelles aventures du regard. Les entretiens sont toujours disponibles sur le site de France culture.
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Parution originale en 2004 – 230 pages
Visuel d’illustration © Stale Grut
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