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David Cronenberg crée un NFT pour vendre… ses calculs rénaux

27 mars 2022
Par Félix Tardieu
David Cronenberg à la 75ème Mostra de Venise (2018)
David Cronenberg à la 75ème Mostra de Venise (2018) ©Denis Makarenko

Le réalisateur canadien de La Mouche (1986) et Crash (1996) continue son exploration du monde des NFT avec un nouveau projet des plus excentriques et s’apprête à mettre en vente sur la plateforme SuperRare une collection de ses calculs rénaux.

À bien y réfléchir, cette annonce n’est pas si surprenante, tant le cinéaste David Cronenberg a constamment laissé transparaître dans ses films sa fascination quasi morbide pour le corps humain et ses mutations à travers la maladie, la technologie, la médecine ou bien ses propres pulsions. De son premier film distribué à grande échelle, Frissons (1975), en passant par Scanners (1981), Videodrome (1983) ou eXistenZ (1999), le réalisateur canadien a donné ses lettres de noblesse au genre du body horror, jusqu’alors cantonné à un pan restreint de la littérature et à certains films des années 1950 comme L’invasion des profanateurs de sépultures (1956) ou La Mouche noire (1958), inspiré d’une nouvelle que Cronenberg reprendra à son compte en 1986. 

Cronenberg, dont le dernier film en date, Maps to the Stars, remonte à 2014, s’était une premièrefois essayé aux NFT en septembre dernier en confrontant sa propre mort dans La Mort de David Cronenberg, un court-métrage d’une minute à la fois poétique et glaçant, réalisé par sa fille Caitlin Cronenberg, adjugé 70 000 dollars sur la plateforme SuperRare. Cette fois-ci, le cinéaste a décidé de faire un pas de plus en sondant dans son propre corps la matière nécessaire à la création d’un nouveau projet artistique : sous la forme d’un NFT unique une nouvelle fois proposé aux enchères sur SuperRare, Kidney Stones and Inner Beauty (soit Calculs rénaux et beauté intérieur) présentera une collection de ses calculs rénaux – ces concrétions minérales de plus ou moins petite taille qui se forment dans les reins – que Cronenberg a conservés et disposés telle une nature morte. 

Âmes sensibles, s’abstenir…

Selon le cinéaste, le titre de l’oeuvre est une référence à son Faux-semblants (1988), dans lequel un des deux jumeaux chirurgiens interprétés par Jeremy Irons se demande pourquoi il ne pourrait pas y avoir un concours de beauté pour les entrailles du corps humain. « Je pense que chaque pierre présente une esthétique unique de structure, de couleur et de contenu organique qui s’engage dans le mystère de mon essence, de ma réalité, qui est mon corps, à l’intérieur comme à l’extérieur ». Une création donnant un avant-goût de son prochain film dystopique, Crimes of the Future, dans lequel Viggo Mortensen incarne un artiste insensible à la douleur dont les performances consistent à opérer son propre corps en public et à exposer de nouveaux organes…

Actuellement en post-production, le film, qui marque le retour de Cronenberg au cinéma après huit ans d’absence, pourrait être présenté lors du prochain Festival de Cannes. Pour en avoir le coeur net, il faudra attendre la présentation de la sélection officielle du festival le 14 avril prochain.

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste