[Notre talent du mois] Léman dévoile son premier album studio, Adieu musique. À l’occasion de sa sortie, ce mercredi 24 octobre, L’Éclaireur a rencontré l’étoile montante de la musique française, nommée aux NRJ Music Awards dans la catégorie Révélation masculine francophone de 2025.
L’album est désormais disponible, comment vous sentez-vous ?
Je ne me pose pas trop de questions, pour être honnête. Il y a énormément de travail, entre la sortie de l’album, la promo, le concert à la Cigale, les NRJ Music Awards… Donc je suis concentré, je travaille. Je ne réalise pas encore vraiment tout ce qui est en train de se passer, je pense que ce sera plus clair une fois que tout ça sera derrière moi. Là, je suis dans l’action. Et puis, cette rentrée est chargée, mais l’été l’était déjà. Fin mai, juin… C’était très intense avec les concerts et la fin de l’album. Finalement, tout est toujours chargé, mais c’est bien comme ça ! [Rires]
Justement, la scène de la Cigale approche. Comment vous sentez-vous à l’idée de présenter cet album en live ?
C’est la suite logique du studio. J’ai du mal à dire ce que je préfère entre les deux. Sur scène, il y a ce côté immédiat, cette part d’imprévu qui rend chaque moment unique. Surtout, il y a la rencontre avec le public : c’est ce qui donne du sens à tout le reste. Les gens deviennent des visages, des regards, des émotions. Tu vois qu’ils chantent, qu’ils ressentent… Ça rend tout plus concret, et on se souvient pourquoi on fait ça.
Quel a été votre premier contact avec la musique ?
Quand j’étais gamin, il y avait beaucoup de musique à la maison. Des styles très différents : du Claude Nougaro, du Pink Floyd, du classique… un vrai mélange. C’est ce qui m’a formé, je pense.
Puis, j’ai commencé la guitare, les petits groupes, les cours de musique, de rythme, d’histoire musicale. Ensuite, les premières chansons, les premières maquettes, un premier EP, les signatures, les concerts… jusqu’à ce premier album et cette date à la Cigale.
Vos influences sont très variées. Vous citez à la fois le classique et AC/DC. Ces références ont-elles nourri le processus de création de l’album ?
Oui, mais ce n’est pas conscient. J’écoute plein de styles différents parce qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. Par exemple, je parle souvent de Jul. Ce qu’il fait est très éloigné de ma musique, mais je trouve qu’il est extrêmement fort. On ne remplit pas le Stade de France sans être talentueux. Même si ce n’est pas ce que je fais, il y a des choses à comprendre dans sa musique : pourquoi elle fonctionne, pourquoi elle touche autant de gens. J’essaie de décoder ça. Ensuite, je fais ma propre recette, sans calcul. Ce sont des influences qui s’imprègnent naturellement.
« Parfois, l’écriture révèle des émotions qu’on n’avait même pas identifiées. »
Léman
Vous semblez avoir une vraie curiosité musicale. Vous avez un mantra ?
Je ne sais pas pour le mantra, en tout cas j’aime comprendre pourquoi les choses fonctionnent. J’ai toujours été boulimique de ça. Par exemple, j’ai toujours voulu comprendre pourquoi Jeff Buckley chantait aussi bien. Ce n’est pas juste un don, c’est du travail. Il y a une phrase d’Albert Camus qui me parle beaucoup : “Les vrais artistes ne jugent pas, ils sont obligés à comprendre.” J’ai toujours eu cette attitude, sans forcément mettre de mots dessus. Aujourd’hui, je me dis que c’est exactement ça : écouter, observer, apprendre de tout, sans juger.
Comment avez-vous construit cet album ? Les thèmes sont-ils venus avant ou après la musique ?
Pas du tout. Le secret, c’est qu’il n’y a pas de secret. La composition de l’album est venue très naturellement, par fulgurances. C’est un album de rupture, mais, plus largement, c’est un album sur la résilience, sur le fait de se relever. Je parle de ma vie, de ce que je ressens, de ce que je vois autour de moi. Rien n’a été calculé.

Cette idée de résilience se ressent notamment dans le titre Adieu musique qui donne son nom à l’album.
Effectivement, ça symbolisait bien cette idée de résilience. Adieu musique parle de rupture, de perte, mais c’est aussi un message d’espoir. Le titre peut faire croire que j’arrête tout… alors qu’en réalité, c’est le contraire : c’est un nouveau départ. C’est ma façon de dire que, même quand tout semble s’effondrer, on peut se relever. C’est une revanche sur les moments où j’ai vraiment pensé arrêter, que ce soit en musique ou dans la vie.
À quel point la musique vous a-t-elle aidé dans tout ça ?
Énormément. Écrire et chanter m’a permis d’extérioriser, de comprendre des choses sur moi-même. Parfois, l’écriture révèle des émotions qu’on n’avait même pas identifiées. Et puis, le simple fait d’avoir encore envie, d’avoir ce désir de créer, c’est ce qui compte le plus. Tant que j’aurai cette envie, j’avancerai.
Est-il plus difficile d’écrire ou de chanter ?
J’ai du mal à les dissocier. Mais si je devais choisir, peut-être qu’écrire est plus difficile, parce qu’on se met à nu. Les artistes que j’aime le plus sont ceux qui ne trichent pas : que ce soit Orelsan ou Édouard Louis… Ils parlent du réel sans fard, et c’est ce que j’essaie de faire aussi. Ils ne trichent pas.
Pour vous, la musique est-elle forcément un exutoire ?
Oui, mais pas seulement. C’est une façon d’exprimer ce que je ressens, qu’il s’agisse de tristesse ou de joie. Dans l’album, il y a une chanson comme JVQTSM qui est complètement second degré, presque absurde, où j’exprime une colère, mais avec humour. Je ne veux pas pleurer sur mon sort, je veux juste traduire ce que je vis, avec les hauts et les bas.
L’album ressemble parfois à un dialogue intérieur. Était-ce voulu ?
Pas consciemment, mais ça me parle. C’est vrai qu’il y a un dialogue, souvent tourné vers quelqu’un, ou vers moi-même. C’est naturel chez moi. Je m’intéresse beaucoup aux émotions des autres, aux relations humaines. C’est ce qui donne du sens à la vie, je crois.
Un mot sur votre nomination dans la catégorie Révélation masculine francophone aux NRJ Music Awards. C’est important pour vous ?
C’est un moment fort. Je ne réalise pas encore totalement, mais c’est une belle reconnaissance. Je me dis surtout qu’il faut être à la hauteur, faire les choses bien. Je pense que j’en prendrai vraiment conscience après coup. Pour l’instant, je reste concentré.

Et la suite, comment se dessine-t-elle ?
Il y a la Cigale, les NRJ Music Awards, puis la tournée dès janvier. Après, j’aimerais prendre un peu de temps en décembre, même si je me connais : je vais sûrement recommencer à composer très vite. Je veux faire de la musique tout le temps. Sortir plusieurs albums, faire 50 concerts… c’est ça, ma vie.