
Le nouveau film de la saga, réalisé par Gareth Edwards, créé une rupture bienvenue avec la précédente trilogie, mais se perd dans une écriture laborieuse. Critique.
Après deux trilogies – Jurassic Park, puis Jurassic World – étalées sur plus de 30 ans, l’extinction définitive des dinosaures semblait de plus en plus probable. Pourtant, Universal relance aujourd’hui la saga avec Jurassic World : renaissance, et confie cette nouvelle ère au réalisateur Gareth Edwards (Godzilla, Rogue One, The Creator), prodige du cinéma de science-fiction.
Autre particularité, le scénariste des deux premiers films, David Koepp, est de retour et écrit ce septième long-métrage, présenté comme une nouvelle porte d’entrée dans cet univers. Cependant, si le film parvient à créer quelques séquences de tensions, l’ensemble se révèle trop superficiel pour vraiment saisir la portée de cette renaissance annoncée.

Le long-métrage reprend quelque temps après les événements de Jurassic World : le monde d’après (2022). Les dinosaures disparaissent progressivement de la planète, inadaptés au climat et aux sociétés contemporaines. De son côté, l’humanité aussi s’est désintéressé des créatures et ce qui était encore une source d’émerveillement, il y a quelques années, est devenu un reliquat du passé. C’est dans ce contexte qu’une société pharmaceutique engage la mercenaire Zora Bennett (Scarlett Johansson) pour récupérer l’ADN des trois plus grandes espèces de dinosaures encore présentes sur Terre, dans l’espoir de révolutionner la médecine et les traitements humains.
Accompagnée de son équipe de mercenaires et du spécialiste Henry Loomis (Jonathan Bailey), elle se rend sur l’île originelle, qui abrite les premières expérimentations ayant mené à la conception de Jurassic Park.
L’héritier de Steven Spielberg ?
Dans le film, Zora revient donc sur l’île où tout a commencé et, par extension, Gareth Edwards revient aussi à la source de Jurassic Park. Se posant comme le digne héritier de Steven Spielberg, il raconte, à sa façon, l’affrontement impossible entre les humains et les dinosaures les plus imposants. Une approche quasi minimaliste, loin des errances scénaristiques de la précédente trilogie liées au clonage et aux expérimentations génétiques touchant aussi bien les dinosaures que les humains.
Malheureusement, malgré son concept fort, le film ne peut s’empêcher de diluer son idée dans une succession de sous-intrigues inutiles. En craignant, peut-être, d’avoir un récit trop simple ou trop évident, Gareth Edwards et David Koepp ajoutent des surcouches là où ce n’est pas nécessaire.

Une fois sur l’île, la mission est effectivement des plus « simples » : récolter l’ADN des trois dinosaures les plus gros de leurs espèces. Une promesse d’aventure et de chasse au trésor à la finalité évidente. Pourtant, le film passe à côté de son sujet et de sa démonstration.
En obligeant de suivre, en parallèle à l’intrigue de Zora Benett et son équipe, les tribulations d’une famille perdue sur l’île, Jurassic World : renaissance crée une double temporalité qui impacte à la fois le rythme et le propos. Dans ce contexte, malgré le charisme évident du trio de tête (Scarlett Johansson, Mahershala Ali et Jonathan Bailey), les personnages semblent trop souvent absents de l’écran. Surtout, ils reposent sur des archétypes classiques. Un constat décevant, alors que Jurassic World : renaissance laissait, pour une fois, le premier rôle à un personnage féminin.
Opposer le gigantesque au tout petit
Quand Gareth Edwards retourne à l’essentiel et filme la confrontation entre l’être humain et la bête, Jurassic World : renaissance retrouve de l’intérêt. Plusieurs séquences, ludiques, parviennent à créer une véritable tension alors que le réalisateur dépeint les humains comme des êtres fragiles et les dinosaures comme des monstres insatiables et imprévisibles.
Dans l’eau et dans l’air, il saisit la dangerosité des dinosaures lors de deux séquences très réussies. David Koepp a également l’occasion d’écrire une scène initialement prévue pour Steven Spielberg, montrant un T-Rex qui nage sous l’eau (et finalement coupée dans le premier film), que Gareth Edwards est parvenu à sublimer.
C’est l’une des composantes du cinéma de Gareth Edwards. Comme dans son Godzilla (2014), le réalisateur met en opposition l’immensité de ses créatures face à l’insignifiance physique des humains. Filmant les dinosaures principalement à hauteur d’homme, il confère aux prédateurs une réelle portée et un sentiment de danger immédiat.
En optant pour une photographie assez naturelle, presque vintage, il rend son film esthétique, malgré quelques soucis visuels surprenants par moments.

Jurassic Word : renaissance est un film paradoxal. À la fois très simple et trop chargé, revenant à l’essentiel de la saga, mais sans la maestria de Steven Spielberg, il est aussi frustrant dans son écriture que réjouissant dans ses images ou dans les idées que Gareth Edwards insuffle.
Un essai loin d’être transformé, qui semble arriver trop tôt et trop vite. La saga avait-elle encore des choses à raconter ? La réponse est oui, mais ce n’est, tout simplement, pas pour cette fois.
Jurassic World : renaissance, de Gareth Edwards, avec Scarlett Johansson, Jonathan Bailey et Mahershala Ali, 2h13, au cinéma le 4 juillet 2025.