Critique

28 ans plus tard : un drame familial au cœur de l’horreur 

18 juin 2025
Par Pablo Baron
“28 ans plus tard” est attendu le 18 juin en France, au cinéma.
“28 ans plus tard” est attendu le 18 juin en France, au cinéma. ©2025 CTMG

Danny Boyle signe un retour fracassant dans l’univers post-apocalyptique de 28 jours plus tard, en réalisant ce nouvel opus aux effets visuels audacieux et à l’intrigue palpitante. En salle ce 18 juin.

Le premier volet de la saga, 28 jours plus tard, réalisé par Danny Boyle et écrit par Alex Garland, a fortement marqué les esprits lors de sa sortie en 2002. Le cinéaste britannique était parvenu à renouveler le film d’horreur (plus précisément le film de zombies) tout en le popularisant : il avait engendré 82 millions de dollars au box-office pour un budget de 8 millions de dollars.

Ce film mettait en scène Cillian Murphy, encore inconnu du grand public à l’époque, se réveillant à l’hôpital 28 jours après le début d’une effroyable épidémie. Un virus provenant du singe rendait alors les individus enragés, laissant notre héros en proie à ces mutants dans une Londres totalement désertique. Le succès critique et commercial du film avait donné naissance à une suite, 28 semaines plus tard, réalisée cette fois-ci par l’espagnol Juan Carlos Fresnadillo en 2007. Ce deuxième volet, bien que plus modeste, fut également un succès, avec 65 millions de dollars de recettes pour 15 millions de budget.

28 ans plus tard.©2025 CTMG

Aujourd’hui, le troisième volet de la saga se déroule près de 30 ans après le premier film et marque le début d’une nouvelle trilogie. On retrouve l’équipe originale : Alex Garland au scénario et Anthony Dod Mantle à la direction photo. Cillian Murphy, absent du casting, est cette fois-ci présent en tant que producteur exécutif. La musique, elle, est signée par le groupe Young Fathers. Les acteurs Aaron Taylor-Johnson, Jodie Comer, Ralph Fiennes, Alfie Williams, Chi-Lewis Parry et Jack O’Connell sont à l’affiche de cette aventure terrifiante. 

Une île, refuge contre l’horreur

Trente ans après la propagation du virus de la rage au Royaume-Uni, un confinement extrêmement strict a été instauré. Mais certains survivants ont trouvé refuge en autarcie sur une île. Le jeune Spike (Alfie Williams) va accomplir un rite initiatique avec son père (Aaron Taylor-Johnson), consistant à aller sur le continent pour découvrir « l’autre monde ». Ce sera l’occasion de tuer des mutants et de se familiariser avec la mort, afin de « devenir un homme », semble marteler son père qui aime, maladroitement, son fils. Le duo délaisse ainsi la mère (Jodie Comer) qui souffre d’un mystérieux mal dans la cahute familiale. 

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Les flash-back horrifiques des parents ponctuent le récit, pour rappeler au spectateur l’horreur qui se trouve à l’extérieur de l’île. Dehors, la tension est palpable : au moindre bruit, les mutants affamés accourent. Les contrastes de situation, les plans mobiles et le montage nerveux font également ressentir l’anxiété des personnages.

Après leur retour in extremis sur l’île, le garçon s’engage dans une quête folle : s’enfuir sur le continent avec sa mère, dont l’état est de plus en plus préoccupant, pour tenter de la guérir en se rapprochant d’un médecin marginal (le docteur Kelson). Bien qu’il soit attaché à sa mère, devenue instable, et en conflit avec son père, la vraisemblance de voir un enfant de 12 ans retourner seul dans l’enfer des mutants peut laisser perplexe.

28 ans plus tard.©2025 CTMG

La suffocation avant tout

D’après le communiqué de presse, Danny Boyle a déclaré qu’il cherchait à « susciter cette sensation de suffocation qui fait qu’on ne peut pas échapper à ce monde ». Un ressenti rendu possible notamment par les différentes techniques de captation. Le film a, en effet, été tourné avec des iPhone 15, afin d’avoir un équipement léger pour filmer dans des lieux enclavés. Mais aussi avec des drones et des capteurs high-tech permettant de capturer des courses-poursuites incroyablement haletantes. 

Par ailleurs, Danny Boyle a enrichi son univers en déclinant plusieurs types de mutants : les rampants, lents et massifs, à l’apparence visqueuse. Puis les infectés de la première génération, qui n’arrêtent jamais de vous chasser et vivent désormais nus comme des bêtes sauvages. Et enfin les mâles Alpha (joués notamment par le combattant de MMA Chi-Lewis Parry), les chefs de meutes, probablement les plus terrifiants : ils sont plus rusés et ont une force phénoménale. Ils utilisent les crânes de leurs victimes reliés à leurs colonnes vertébrales en guise de fouet… Une invention macabre qui illustre bien l’audace visuelle et imaginative de Boyle. 

28 ans plus tard.©2024 CTMG

“Memento Mori” 

Une dimension intéressante du film, qui en fait plus qu’un simple long-métrage d’horreur, tient certainement au personnage du docteur Kelson, incarné par le brillant Ralph Fiennes. Aussi passionnant que terrifiant, il construit un édifice à la manière d’un « memento mori » – une locution latine qu’on peut traduire par « souviens-toi que tu es mortel et qu’un jour tu mourras ». Comme l’explique Ralph Fiennes dans le communiqué de presse : « Kelson a accepté la réalité de la mort et son omniprésence. […] Il honore les morts au lieu de les fuir. D’une certaine manière, c’est une figure presque cléricale doublée d’un humaniste. »

La bande-annonce de 28 ans plus tard.

Ce médecin philosophe révèle aussi à Spike la maladie qui ronge la mère, le drame intime qui hante notre héros depuis le début de l’histoire – l’amour d’un fils impuissant face à sa mère malade dans un monde bercé par le chaos. Ce croisement entre drame familial et film d’horreur offre alors une profondeur rare au genre zombiesque.

Dans un monde ravagé par la sauvagerie, ce médecin bâtit une église de la mémoire et du deuil. Il incarne l’espoir d’une humanité qui n’oublie pas ses morts, mais leur donne un sens. À la manière d’un artiste, il tend un miroir au monde dans lequel il vit et livre un message profondément humain. En mêlant barbarie et spiritualité, Boyle signe peut-être son œuvre post-apocalyptique la plus intime et universelle.

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