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Guillaume Gallienne pour Le buveur de brume : récit d’une mémoire en clair-obscur

13 mai 2025
Par Sarah Dupont
“La buveur de brume” est disponible depuis le 7 mai.
“La buveur de brume” est disponible depuis le 7 mai. ©Editions Stock

Dans un musée vide de ses promesses, Guillaume Gallienne trouve les fantômes de sa lignée. Avec Le buveur de brume, l’acteur signe un premier livre où le récit d’une nuit à Tbilissi devient le prétexte à une traversée intime des souvenirs.

Paru le 7 mai aux éditions Stock, Le buveur de brume est le premier livre de Guillaume Gallienne. L’ouvrage rejoint la collection Ma nuit au musée, série littéraire née d’un protocole simple : inviter des auteurs à passer une nuit dans un musée de leur choix, et à en tirer un récit. Avant lui, Kamel DaoudLola LafonLeïla Slimani s’y sont illustrés, Christine Angot étant la dernière parution, en mars dernier.

Gallienne choisit le Musée national de Tbilissi, en Géorgie. Il veut passer la nuit sous le portrait de son arrière-grand-mère, la princesse Mélita Cholokachvili. Mais à son arrivée, le tableau a été déplacé à la Galerie nationale, à quelques rues de là. Un lieu sans âme, gardé par trois vigiles silencieux. Cette contrariété devient le point de départ d’une introspection vertigineuse.

La colère comme seuil du récit

Cette nuit désenchantée donne lieu à un « pétage de plomb inaugural désopilant » selon France Info, laissant Gallienne seul avec son lit de camp et ses frustrations. Ce malentendu initial, presque burlesque, devient rapidement un moteur narratif. L’auteur ne dialoguera pas avec les œuvres comme il l’avait espéré, mais avec ses souvenirs. « Ce n’est pas tant avec les œuvres que Guillaume Gallienne va dialoguer, comme il l’espérait, mais avec sa part géorgienne », résume la quatrième de couverture.

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Très vite, la déception ouvre un chemin plus intime. L’épisode ravive en Gallienne la mémoire d’un père autoritaire, qu’il évoque frontalement. Il raconte, dans une scène centrale du livre, une dispute familiale en Géorgie, à 23 ans, où il parvient pour la première fois à s’opposer à lui : « C’était fini. Je n’étais plus cet enfant tyrannisé, humilié, en manque d’amour », rapporte France Info. La colère devient alors non plus un obstacle, mais une libération.

Les femmes de sa vie

Le récit met aussi en lumière celles qui l’ont soutenu. Son épouse Amandine, sa mère, mais surtout sa grand-mère Caï – Lydia Zelensky de son vrai nom – qui l’a élevé. « Je ne me confiais qu’à elle quand elle murmurait, en me fixant avec tant de douceur : ‘Comment vas-tou ?' », confie-t-il à Télérama. Le buveur de brume devient un hommage aux femmes et aux disparues : sa sœur, et sa cousine Alicia, morte à 20 ans.

L’écriture comme prolongement du théâtre

Acteur, scénariste, réalisateur, Gallienne ne cesse d’interroger les récits qu’on se fait de soi. Avec Les garçons et Guillaume, à table ! (2013) adapté au cinéma et couronné de cinq César, il avait déjà mis en scène une enfance entre malentendus et affranchissements. Dans cet ouvrage, l’écriture devient un prolongement du plateau. Dans Totémic sur France Inter, il confie : « Le théâtre est le seul moyen que j’ai trouvé pour échapper à mon milieu et ne plus être ce que j’étais en train de devenir : un mondain efféminé et trop bavard qui sortait tout le temps. »

La bande-annonce de Guillaume et les garçons, à table !

La voix, moquée pendant l’enfance, s’est transformée en outil d’émancipation. Pendant plus de dix ans, il anime Ça peut pas faire de mal sur la même radio, lisant les grands textes littéraires. Comédien à la Comédie-Française depuis 2005, double Molière, il a également incarné Cézanne, Pierre Bergé ou encore prêté sa voix à l’ours Paddington.

Avec ce premier livre, l’artiste dévoile un récit où la mémoire devient une scène à part entière. Plus qu’un témoignage, il se présente comme une traversée poétique des liens familiaux et des identités héritées.

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