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Christine Angot dans l’arène du monde de l’art avec La nuit sur commande

13 mars 2025
Par Sarah Dupont
Christine Angot sort son nouveau livre “La nuit sur commande” le 12 mars.
Christine Angot sort son nouveau livre “La nuit sur commande” le 12 mars. ©Flammarion

L’autrice française s’ajoute au palmarès des écrivains de la collection Ma nuit au musée des éditions Stock. Plus qu’un simple récit de son séjour nocturne à la Bourse de Commerce, son texte explore les liens entre ce lieu, le monde de l’art et sa propre trajectoire.

C’est un concept aussi surprenant que délicieux : inviter des écrivains à passer une nuit seuls dans le musée de leur choix. Depuis 2018, la collection Ma nuit au musée (éditions Stock) a vu défiler Kamel Daoud, Lola Lafon ou encore Leïla Slimani, chacun livrant un texte introspectif nourri de cette expérience nocturne. Mais Christine Angot, elle, ne fait jamais comme tout le monde.

Ce 12 mars, l’autrice de L’inceste publie La nuit sur commande, un texte qui, plutôt que de s’absorber dans la contemplation des œuvres exposées à la Bourse de Commerce-Collection Pinault, préfère interroger les rapports de pouvoir, l’argent et la place de l’écrivain dans un monde d’influences.

Une nuit qui s’échappe du cadre

L’autrice ne joue pas le jeu, ou plutôt, elle le détourne. Elle choisit la Bourse de Commerce non pas pour son amour de l’art contemporain mais plutôt pour ce que ce lieu incarne : une place de marché, où les œuvres se monnayent et où le pouvoir se distribue en coulisses. “La Bourse de Commerce, c’est l’argent, les échanges, la sociabilité qui en résulte, mais aussi la timidité qu’on peut avoir devant tout ça, parce que ça représente la classe sociale qui exerce le pouvoir, et qui fascine », explique-t-elle aux Inrockuptibles.

Angot se place résolument du côté des exclus. Dans cet ouvrage, elle évoque ses tentatives d’intégration dans le monde de l’art parisien, ses dîners chez la photographe Sophie Calle dont elle est la favorite lors de son arrivée à Paris, les conversations feutrées où le pouvoir se négocie entre initiés. Mais elle sait aussi ce qu’il en coûte d’être choisie : admiration temporaire et loyautés volatiles.

Une plongée dans l’intime

Loin de la simple chronique sociale, La nuit sur commande est aussi un livre où l’histoire personnelle de l’autrice affleure à chaque page. L’invitation à passer une nuit au musée réactive des blessures anciennes, surtout l’inceste, qui parcourt l’entièreté de l’ouvrage (elle a été, enfant, victime d’abus sexuels de la part de son père).

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« Mon titre, La nuit sur commande, je l’ai trouvé tout de suite. Il établissait un tel lien entre la commande éditoriale de passer une nuit au musée et la commande sexuelle à laquelle je pouvais être confrontée à tout moment de la nuit entre mes 13 ans et mes 16 ans », confie-t-elle à Libération.

Un texte acéré et une réception unanime

Ce n’est pas un hasard si elle refuse de passer cette nuit seule. Sa fille, Léonore, l’accompagne. Diplômée de l’École du Louvre, c’est elle qui regarde les œuvres, qui les décrypte, qui les justifie. Angot, elle, reste devant sa machine à écrire.

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Comme souvent avec Christine Angot, la lecture suscite l’admiration et comble les critiques. Les Inrockuptibles saluent ainsi « un texte d’une force inouïe, par une écrivaine au sommet », tandis que Télérama parle d’un récit « brillant, qui mêle violence et fragilités ». Le Monde, enfin, voit dans cette « non-visite un prétexte à une méditation dure et drôle sur le monde de l’art et sa propre place dans ce monde ».

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