
Au fil de ses huit épisodes, Bad Boy dérange, bouleverse et interroge. Derrière le récit d’un adolescent envoyé en prison, la série israélienne révèle une trajectoire intime où la violence, le silence et la loyauté s’entremêlent.
Inspirée de l’adolescence tourmentée de l’humoriste israélien Daniel Chen, Bad Boy s’impose sur Netflix comme une plongée brutale dans l’univers des centres de détention pour mineurs. Portée par Ron Leshem (Euphoria) à la création et Hagar Ben-Asher à la réalisation, la série déroule en huit épisodes le parcours de Dean Scheinman, ancien détenu devenu comédien à succès. Loin de se limiter à un récit de réinsertion, la fiction s’intéresse aux résonances profondes d’un passé que ni le temps, ni la célébrité ne parviennent à effacer.
Attention, cet article révèle des éléments de l’intrigue.
Le passé qui ne s’efface pas
La narration alterne les temporalités pour mieux souligner les fractures internes du héros. Incarcéré à 13 ans, Dean découvre derrière les barreaux un monde de violence codifiée, mais aussi une forme de reconnaissance à travers son humour. Il y rencontre Zoro, un détenu éthiopien accusé de meurtre, qui devient à la fois son protecteur et frère d’armes. Deux décennies plus tard, Dean est célèbre, mais rongé par une culpabilité silencieuse.

L’ultime épisode éclaire enfin les circonstances de l’arrestation de Dean. Contrairement à ce qu’il a toujours cru, ce n’est pas sa mère Tamara qui l’a trahi, mais Sunny, son mentor, dealer opportuniste et figure toxique. Une révélation tardive qui l’ébranle, surtout lorsqu’il découvre que Sunny tente de manipuler son petit frère. La confrontation vire à la tragédie : Dean le poignarde. Sunny survit.
Zoro, un sacrifice silencieux
Alors que Dean, poussé par l’humiliation, se met en danger, Zoro intervient pour le défendre. Il y perd un œil. Dans une scène, Zoro, désormais sans-abri, assiste au spectacle de son ami et lui glisse qu’il a attendu toute sa vie pour le voir sur scène.

La dernière image de la série résume à elle seule le chemin parcouru. Sur scène, Dean raconte. Il rit. Il fait rire. Dans la salle, les visages de ses anciens codétenus apparaissent. Fantasmes ? Souvenirs ? Le flou est volontaire. Car Bad Boy ne cherche pas la clôture, mais l’acceptation. Dean n’est plus enfermé, mais c’est entre les murs qu’il a construit son identité.
Reste Tamara, la mère. Présente dans les flashbacks, absente du présent. On ne saura jamais ce qu’elle est devenue, ni si Dean l’a pardonnée. Mais son ombre plane. Peut-être que le silence à son sujet vaut reconnaissance. Pas de grands discours, pas d’effusion. Juste l’acceptation complexe que l’amour, parfois, prend des formes bancales.