Entretien

Bilal Hassani pour l’Hyper Weekend Festival : “Il est important, dans l’art, de livrer des messages forts et impactants”

23 janvier 2025
Par Lisa Muratore
Bilal Hassani présente le spectacle “L'affreuse” à l'occasion de l'Hyper Weekend Festival, dont la Fnac est partenaire.
Bilal Hassani présente le spectacle “L'affreuse” à l'occasion de l'Hyper Weekend Festival, dont la Fnac est partenaire. ©Crea HWF

L’Hyper Weekend Festival, dont la Fnac est partenaire, revient du 24 au 26 janvier 2025 au cœur de la Maison de la radio et de la musique, à Paris. À cette occasion, L’Éclaireur a rencontré l’une des stars de ce rassemblement culturel unique : l’artiste Bilal Hassani.

Chaque année, l’Hyper Weekend Festival est l’occasion de découvrir une programmation éclectique. Du 24 au 26 janvier, Jorja Smith en symphonie, Chilly Gonzales dans Rap de chambre ou encore Voyou et Yoa seront présents à la Maison de la radio et de la musique, à Paris.

Ce rassemblement culturel sera également l’occasion de découvrir les sessions intimes au Foyer F, présentées tour à tour, sur ces trois jours, par Laura Cahen et Joséphine Stephenson, Sopico, ainsi que Bilal Hassani. Ce dernier, qui portera, ce dimanche 26 janvier, le spectacle L’affreuse, a accepté de répondre aux questions de L’Éclaireur afin de nous donner un avant-goût du festival, ainsi que de son single La question, qui marquera le retour de la star à la chanson.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de l’Hyper Weekend Festival ? Qu’est-ce que ça fait de participer à un tel événement ? 

Je suis très fier de participer à l’Hyper Weekend Festival. Je suis un grand grand fan de Radio France, ainsi que de la Maison de la radio. C’est un lieu qui m’accueille depuis mes débuts. Il y a deux ans, j’avais été invité sur une création en lien avec Mylène Farmer. J’avais eu l’occasion de chanter avec Yelle notamment, ainsi que plein d’autres artistes. Quand on m’a rappelé afin de discuter d’un éventuel retour à l’occasion du festival, j’étais hyper motivé. Ça m’a enchanté tout de suite. 

« Parfois, on a peur de voir où notre monde va et c’est avec des chansons comme ça qu’on se dit que ça peut avoir un impact positif. »

Bilal Hassani

Cet événement signe aussi votre retour à la chanson…

Oui, tout à fait. La volonté était de proposer un virage, du moins quelque chose que je n’avais pas fait auparavant. J’aime rendre mes aventures excitantes. Là, je sors d’une période consacrée au cinéma avec Les reines du drame d’Alexis Langlois, qui est de l’hypercinéma d’ailleurs. On sort d’une année où j’ai fait de la musique électronique et de la dance music également.

En parallèle de cela, je préparais déjà cette musique. C’était comme si je m’étais jetée dans une bassine d’eau froide parce que j’avais le serveur surchauffé. Cette création est née entre l’île du Levant, La Rochelle et Paris. Martin Dust en co-signe tous les morceaux et Lilian Mille est le pianiste qui m’accompagne sur scène. 

Bande-annonce du film Les reines du drame.

Comment s’est déroulé le processus de création de cette chanson ? 

Il faut savoir que ce n’est pas ma chanson au départ. Elle est le point de départ de toute la création, mais je viens la chanter sur le Cabaret de poussière, qui est le cabaret de Martin Dust. Avant de faire cette semaine sur scène avec eux, j’avais écouté le répertoire de chansons de Martin. Il avait écrit et composé ce morceau avec Xavier Belin. J’avais écouté une maquette chantée par l’incroyable Soa de Muse, qui était dans la première saison de Drag Race et Global All Stars. Quand j’ai écouté cette version, j’en suis tombé amoureux.

Ce qui est frappant quand je chante cette chanson pour la première fois, c’est qu’on se rend compte que le texte, signé entièrement par Martin Dust, ne m’était pas du tout adressé, mais a fini par m’aller comme un gant. À ce moment-là, on a eu un coup de foudre. On était en décembre 2023, on est partis s’isoler ensemble sur l’île du Levant pour commencer à écrire. 

La question était une chanson qui existait avant. Il y en a d’autres dans le projet. Il y a des morceaux que Martin avait écrits peut-être il y a cinq ou six ans et qu’on a ressortis, que l’on a adaptés, que l’on a changés, tout en étant assez surpris de voir que ça correspondait au spectacle proposé pendant l’Hyper Weekend Festival. Martin pensait que c’était des chansons qu’il laisserait au cimetière, mais on a fini par les ressusciter. 

Qu’est-ce qui vous a fait tomber amoureux de cette chanson ? Qu’est-ce qui vous a marqué ? 

Il y a plusieurs choses. Je pense que dans le texte cette chanson résout beaucoup de choses et à la fois elle laisse énormément de portes ouvertes. Il y a des phrases qui restent avec vous, comme : “Si je devais choisir un genre, je choisirais le mauvais.” Je trouve que dans tous les niveaux de lecture de cette phrase, il y a à la fois de la force, de la dérision et de l’humour. Ce sont des choses qu’il faut chérir, surtout dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui. 

Il est important aussi dans l’art de livrer des messages qui soient forts, clairs, impactants, qui fassent du bien aux gens. Ça fait longtemps que je n’avais peut-être pas proposé des chansons à texte simplement présentées avec très peu d’habits. Je vois aussi ce qui se passe dans le monde, je vois l’inquiétude dans les yeux des gens et je me dis qu’il faut peut-être redire les choses simplement pour que ça se passe mieux à nouveau ; et ça passe par cette chanson.

Comment cette composition piano-voix a-t-elle été conçue ? Est-ce avant tout une façon d’épurer les choses et de se laisser emporter par les paroles ? 

Didier Varrod, le directeur de la musique et programmateur du festival, a pensé en premier au piano-voix après qu’il a entendu les premières ébauches de mémos vocaux que l’on produisait avec Martin au Levant. On n’avait apporté qu’un clavier. Didier a écouté ces enregistrements en disant qu’il fallait qu’on fasse ça sur la scène de l’Hyper Weekend Festival. Je pense aussi qu’il y avait une volonté de respecter la configuration musicale qu’est la chanson française. C’est un genre que je n’avais pas beaucoup exploré avant, mais que j’ai beaucoup écouté, notamment avec Barbara, Anne Sylvestre, Brigitte Fontaine ou Charles Trenet. On se rendait compte que c’était assez épuré et que ça aidait à faire comprendre les choses plus clairement. 

Quel genre de partenaire artistique est Martin Dust ? 

On a beaucoup ri, mais surtout j’ai pu dire des choses que je n’avais jamais dites avant. J’ai pu penser des choses que je n’osais pas penser avant parce que je savais qu’il avait la brillance de pouvoir trouver la poésie et la justesse dans les choses que j’avais à raconter. Ça n’a pas été facile, car ça fait plus d’un an qu’on travaille sur ces textes. Je n’ai pas été facile tout le temps, parce que j’ai voulu bien faire les choses. 

Je suis beaucoup dans ma tête. Je pense que je suis très écorché. Je vis dans l’œil du public depuis six ans avec ma musique et depuis dix ans maintenant avec Internet. Ça fait de moi un artiste très fragile. J’arrive au studio avec plein de questions, plein de peurs… J’avais beaucoup d’incertitudes, mais Martin et Lilian étaient mes phares. Ils m’ont encouragé à le faire. C’est pour cette raison que, très tôt, j’ai dit que je ne voulais voir personne d’autre sur cette création. Je voulais ne m’accrocher qu’à eux deux. On a passé beaucoup de temps à trois. C’était très amusant aussi, ce n’était pas que du stress. Je dois beaucoup à Martin.

Que pouvez-vous nous dire sur le spectacle L’affreuse présenté durant l’Hyper Weekend Festival ?

L’affreuse, c’est la part d’ombre qui existe à côté de nous tous. On a tous une voix dans la tête qui nous parle toute la journée, qui fait ce monologue interne et qui, peut-être, est un petit peu moins sympa que la personne qu’on présente au monde. C’est cette affreuse-là qui parle pendant ce spectacle et les chansons sont présentées plus crûment. 

Comment s’insère La question dans ce spectacle unique ? 

La question, si j’ai décidé de la sortir un peu avant, c’est parce que c’est le premier morceau que je chante. Je ne voulais pas de spoiler, il y a une vraie chronologie dans les titres. On emmène les gens avec nous dans une histoire. J’aime beaucoup la narration, j’aime beaucoup les concepts. Il y a un vrai concept dans L’affreuse. Du coup, on commence avec cette question sur le soi, puis on ouvre. C’est un spectacle qui va dans tous les sens. On va parler d’écologie, de féminisme, on parle à la communauté queer, on parle aux femmes. On parle à ma mère. On parle beaucoup d’amour et de mal-amour aussi. On explore toutes ces choses-là de manière très naturelle, sur une jolie toile blanche !

L’Hyper Weekend Festival, les 24, 25 et 26 janvier, à la Maison de la radio et de la musique. Billetterie par ici.

Programmation des sessions intimes au Foyer F
Vendredi 24 janvier : Laura Cahen et Joséphine Stephenso / Samedi 25 janvier : Sopico / Dimanche 26 janvier : Bilal Hassani présente L’affreuse.  

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste