À la lisière du document et du récit de soi, les livres autobiographiques sont plus que jamais populaires.
Aujourd’hui, l’autobiographie ne propose pas seulement de revenir sur une existence entière, mais elle s’accroche à des pans constitutifs de cette dernière. Transfuge de classe, homosexualité, success-story, des parcours de vie comme des morceaux d’une société, qui veulent souvent dire plus que ce qu’on pourrait en imaginer. Au-delà de Jean-Jacques Rousseau, mais aussi, plus récemment, de Didier Eribon ou d’Annie Ernaux, petit tour d’horizon de cinq récits autobiographiques marquants parus récemment !
| Adieu ma honte, de Ouissem Belgacem et Éléonore Gurrey
Parmi les récits autobiographiques les plus lus ces derniers mois, Adieu ma honte se penche sur un sujet rarement évoqué : l’homosexualité dans le milieu du football. En collaboration avec Éléonore Gurrey, le jeune homme raconte son début de carrière prometteur, jusqu’au moment où le milieu dans lequel il évolue, gangrené par le machisme et l’homophobie, lui a semblé trop oppressant pour vivre pleinement son homosexualité. Il quitte alors le football, pour mieux se réinventer, ailleurs. De façon chronologique, on apprend non seulement à mieux connaître Ouissem Belkacem, mais aussi à appréhender un monde dont les contours sont parfois flous, qui sera évocateur à plus d’un titre pour quiconque décide de s’y plonger !
| Sans alcool, de Claire Touzard
L’alcool, bon nombre de personnes en boivent. Un peu, beaucoup, régulièrement. Mais rares sont les personnes à rapprocher l’alcoolisme de leur comportement. En arrêtant de boire de l’alcool, Claire Touzard l’a bien compris. Pas à pas, elle nous entraîne avec elle sur le chemin du sevrage et de la déconstruction. Car oui, elle le sait, l’alcool a fait d’elle la femme qu’elle était, malgré une consommation peu à peu érigée en norme sociale. Une expérience qui l’amènera sur les traces de son passé… et de son futur. Car on peut se sentir puissante, sociable et heureuse sans alcool. Un récit en forme de document, pour mieux tracer le concept de sobriété.
| Pageboy, d’Elliot Page
Toute une génération se souvient d’Elliot Page dans Juno, film américain qui s’est imposé comme un parfait levier pour faire exploser sa carrière. Mais ce que personne ne sait, c’est que dans le secret, l’acteur s’interroge. Des interrogations en forme de réflexions sur son identité, son genre, sa sexualité. Elliot Page se décide alors à entamer un parcours de transition et à le raconter dans un livre où se mêlent la découverte de la dysphorie de genre, le coming out trans, l’expérience de la mammectomie, le harcèlement, mais aussi une certaine image du milieu du cinéma hollywoodien. Un texte intime, parfois dur, souvent puissant, qui remet en place certains clichés et mauvaises représentations de la transidentité.
| Le Cygne noir, de Chloé Lopes Gomes
Aujourd’hui, Chloé Lopes Gomes est une danseuse de ballet, mais aussi la première danseuse noire à intégrer le Staatsballett de Berlin. Une étape symbolique de son parcours, qu’elle raconte dans Le Cygne noir, autobiographie dans laquelle elle revient sur son parcours, notamment sa découverte du Lac des cygnes lorsqu’elle avait 8 ans. Une découverte qui s’imposera comme une promesse, mais aussi comme une difficulté. En effet, entre les discriminations (sociales, raciales, etc.), et les abus en tous genres, le milieu de la danse ne sera pas aussi beau qu’il n’y paraît. Un récit comme un exemple de résilience, et une invitation puissante à la détermination et à l’égalité des chances.
| Changer : méthode, d’Édouard Louis
Parmi les nouveaux grands acteurs de l’autobiographie, Édouard Louis s’est très vite imposé avec En finir avec Eddy Bellegueule, ou encore avec Histoire de la violence. En 2021, l’auteur est revenu avec un livre porté par une question centrale : « Comment prendre ma revanche sur mon passé, par quels moyens ? J’essayais tout. »
Un récit au titre évocateur, puisqu’Édouard Louis y raconte ses différentes tentatives de transformation, de ses débuts en Picardie jusqu’à son succès parisien. Un récit où gravitent des personnages comme Didier Eribon, et certaines personnes qui ont vécu cette métamorphose de l’extérieur. L’homosexualité, la bourgeoisie, la violence, la culture, l’amitié, les privilèges, la famille, l’écriture, autant de cases qui s’entrechoquent au cœur de différentes classes sociales, pour, à la fin, former un parcours qui peut se lire comme une revanche, mais aussi comme une promesse.