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Interpellés par les créatrices de séries sur la question de l’avortement, les studios bottent en touche 

12 août 2022
Par Félix Tardieu
L'incontournable productrice et scénariste Shonda Rimes fait partie des signataires de la lettre envoyée aux principaux studios hollywoodiens
L'incontournable productrice et scénariste Shonda Rimes fait partie des signataires de la lettre envoyée aux principaux studios hollywoodiens ©a katz / shutterstock.com

Fin juillet, une cohorte de plus de 400 productrices et showrunneuses adressait aux principaux studios de cinéma et de streaming (Netflix, Disney, Warner Bros. Discovery, NBC Universal, Apple, etc.) une lettre appelant à la mise en place de dispositifs spécifiques de protection pour leurs employées enceintes travaillant dans les États où l’avortement est dorénavant proscrit.  

En réponse à l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade le 24 juin dernier, qui laisse à présent libre cours à chaque État américain de proscrire ou non l’avortement, un collectif de plus de 400 créatrices et showrunneuses ont adressé fin juillet une lettre aux principaux leaders mondiaux du streaming (Netflix, Disney, Amazon, Apple, Paramount, AMC, etc.) afin d’exiger des mesures de protection concrètes pour les employées enceintes lors d’éventuels tournages dans des États où l’avortement est illégal.

Parmi les signataires, des personnalités influentes telles que Shonda Rimes (Grey’s Anatomy, Les chroniques de Bridgerton, Inventing Anna, Scandal), Ava DuVernay (When They Ses Us), Lena Dunham (Girls), Lilly Wachowski (la réalisatrice de Matrix et Sense8), Mindy Kaling (The Office, The Mindy Project), Diablo Cody (Juno), Natasha Lyonne (Russian Doll) et beaucoup d’autres.

Hollywood fait la sourde oreille

Les signataires, qui ont ensuite été soutenues par près de 600 de leurs homologues masculins (parmi lesquels J.J Abrams, Adam McKay, Jordan Peele – dont le dernier film, Nope, est sorti ce mercredi – Aaron Sorkin, Ryan Murphy, Taika Waititi, Donald Glover ou encore Ross et Matt Duffer, les créateurs de Stranger Things), y réclamaient une politique et des mesures concrètes en matière d’avortement, notamment sur les questions des soins médicaux, de la confidentialité, de la couverture juridique en cas de poursuite, etc. Les showrunneuses y exigeaient une réponse des studios sous dix jours ouvrés après l’envoi de la lettre le 28 juillet. 

Manifestation pro-avortement devant la Cour Suprême ©Eli Wilson / shutterstock.com

Dans leur réponse envoyée à quelques minutes seulement de la date butoir, les studios ont partagé les mêmes préoccupations que le collectif de scénaristes et de créatrices, mais n’ont cependant pas donné suite à leurs demandes spécifiques. Les représentants d’AMC, Apple, Paramount, Disney et consorts (à l’exception de Lionsgate, qui n’a pas répondu à l’appel) se sont visiblement contentés d’affirmer leur souci du bien-être, de la sécurité et de la santé de leurs employé(e)s, sans pour autant évoquer des mesures concrètes. Dans ce communiqué collectif plus qu’évasif, les studios ont également ignoré la demande des signataires de cesser les donations envers les candidats politiques « anti-choix » et opposés à l’avortement, à l’approche des élections de mi-mandat.

Au lendemain de l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade, plusieurs entreprises, dont Disney et Netflix, avaient pourtant promis de couvrir les frais de voyage pour leurs salariées menacées par la révocation du droit constitutionnel à l’avortement.   

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste