
Acteur physique autant que spirituel, Vincent Cassel est l’un des champions du box-office français qui triomphe également à l’international. Alors qu’il est à l’affiche des « Linceuls », le nouveau film de David Cronenberg (en salle ce 30 avril 2025), retour sur la filmographie d’un comédien intense.
La Haine (1995)
Fils de l’acteur Jean-Pierre Cassel, Vincent Cassel se destine très tôt au monde du cinéma. Après quelques apparitions, il rencontre Mathieu Kassovitz qui l’engage sur le film Métisse, puis sur La Haine qui va changer le cours de leur carrière à tous les deux. Dans un noir et blanc maîtrisé, Kassovitz s’inspire de l’affaire Makomé M’Bowolé pour réaliser un film de cité qui s’embrase. Cassel y est Vinz, un jeune juif agressif. La Haine lui offre sa première nomination aux César, ainsi qu’une reconnaissance internationale. Et difficile d’oublier la scène où il imite Robert De Niro dans Taxi Driver, devenue culte.
Les Rivières pourpres (2000)
Depuis La Haine et Dobermann, Vincent Cassel a su montrer qu’il pouvait tenir un film en tête d’affiche. Il retrouve Mathieu Kassovitz sur Les Rivières pourpres, adaptation du thriller éponyme de Jean-Christophe Grangé. Aux côtés de Jean Reno, il enquête sur une série de meurtres mystérieux qui va les conduire tous deux à affronter le mal absolu. Tourné en montagne, le film est un grand huit émotionnel qui a engrangé plus de 3,2 millions d’entrées. Ni Cassel ni Kassovitz ne seront cependant sur sa suite, Les Rivières pourpres 2 : Les Anges de l’apocalypse.
Le Pacte des loups (2001)
C’est sans doute le film français le plus ambitieux du début des années 2000, avec le même mordant (et budget) que les blockbusters internationaux. Le Pacte des loups de Christophe Gans réécrit l’histoire de la Bête du Gévaudan, en y insufflant effets spéciaux, élan romanesque et… arts martiaux. Le casting est impressionnant (Samuel Le Bihan, Monica Bellucci, Mark Dacascos), survolé par un impérial et ambigu Vincent Cassel en comte de Morangias, ayant réellement existé, en moins machiavélique.
Irréversible (2002)
Irréversible de Gaspar Noé a scandalisé la Croisette au moment de sa projection lors du Festival de Cannes 2002. Son montage inversé, sa scène de viol insoutenable et son inoubliable scène de meurtre à coups d’extincteur, en font un film polémique qui a marqué son époque. Cassel et Bellucci, incarnent un couple de fiction déchiré par l’agression sexuelle subie et par la soif de vengeance. Dérangeant, mais fascinant.
Black Swan (2010)
Vincent Cassel a su très tôt captiver les réalisateurs du monde entier. Il est le duc d’Anjou dans Elizabeth avec Cate Blanchett, joue les cambrioleurs de charme dans Ocean’s Twelve et Ocean’s Thirteen, donne la réplique à Viggo Mortensen dans Les Promesses de l’ombre ou rejoint la saga Jason Bourne en 2016. Pour Black Swan de Darren Aronofsky, il est un maître de ballet exigeant de Natalie Portman la perfection absolue, quitte à la pousser dans ses retranchements et l’agresser. Un nouveau rôle vénéneux loin du Français so charming.
La Belle et la Bête (2014)
Difficile de passer après Jean Marais. Pourtant, Vincent Cassel l’a fait. Dans cette nouvelle version de La Belle et la Bête, il retrouve Christophe Gans, se transforme en créature à crinière et parvient quand même à séduire Léa Seydoux. Il faut dire que sous la fourrure, se cache le cœur battant d’un prince charmant. Le conte, version 2014, obtient globalement de bonnes critiques et engrange plus de 3,8 millions d’entrées à travers le monde.
L’Empereur de Paris (2018)
Pour Jean-François Richet qui lui avait donné le rôle de Jacques Mesrine, Vincent Cassel se lance dans un nouveau film à costumes en incarnant le fameux Eugène-François Vidocq, ex-bagnard devenu un exceptionnel policier au début du XIXe siècle. Un destin hors du commun qui semble aller comme un gant à cet acteur physique dont la violence contenue peut surgir à tout moment. Dans L’Empereur de Paris, film à gros budget qui aurait pu être le début d’une franchise, il occupe tout l’espace et s’impose face à Fabrice Luchini ou Patrick Chesnais.
Hors normes (2019)
Vincent Cassel a tourné dans peu de comédies. Et quand il le fait, l’émotion n’est jamais bien loin. À l’instar de Hors normes du duo Olivier Nakache Éric Toledano, chronique de deux éducateurs spécialisés dans l’autisme qui se battent régulièrement contre les institutions. Le casting est composé en grande partie par des personnes porteuses d’un autisme plus ou moins sévère. Les personnages incarnés par Cassel et son acolyte Reda Kateb font preuve d’une humanité bouleversante. Le film reçoit le César des lycéens et Vincent, une nomination au César du meilleur acteur.
Astérix et Obélix : l’Empire du milieu (2023)
Tout bon film estampillé Astérix qui se respecte, se doit d’avoir un Jules César d’envergure. Après Alain Chabat, Fabrice Luchini et Alain Delon, le César 2023 est attribué à Vincent Cassel. Dans Astérix et Obélix : l’Empire du milieu de Guillaume Canet, il est amoureux transi et jaloux de Cléopâtre Cotillard, fait le signe du rappeur Jul pour parler de lui-même et envoie des pigeons voyageurs comme des SMS. Un rôle à contre-emploi qui fait du bien à sa filmographie un poil trop sérieuse.
Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan (2023)
C’est le film français le plus attendu de l’année 2023. Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, premier volet d’un diptyque (avec Les Trois Mousquetaires : Milady) réalisé par Martin Bourboulon, est une relecture fiévreuse, nerveuse et dantesque de l’œuvre de Dumas. Vincent Cassel y est Athos, le plus sombre des mousquetaires, jamais le dernier pour se battre. L’acteur confirme qu’à 56 ans, il n’a rien perdu de sa superbe et parvient à jouer encore et toujours de son physique affûté… comme une lame !
Les Linceuls (2025)
Cassel retrouve la scène internationale pour interpréter Karsh dans Les Linceuls, dernier film en date de David Cronenberg. Dans ce thriller SF déstabilisant, en salle le 30 avril 2025, portant sur les défunts, l’acteur français y tient le rôle principal, celui d’un homme endeuillé au projet controversé.