L’Histoire au cinéma, ça dure depuis longtemps. Depuis toujours, en fait, tant les pionniers du septième art se sont immédiatement emparés du sujet et de ses thèmes inépuisables et évocateurs. Petit tour de la question avec une sélection de films qui remontent la frise chronologique.
Troie (2004)
Relatant l’histoire semi-légendaire de la Guerre de Troie, et plus particulièrement les évènements dépeints dans l’Iliade, le film de Wolfgang Petersen prend le parti d’en faire un conflit purement humain et retire toute ingérence divine, contrairement aux écrits d’Homère. Mais il y a tout de même un dieu dans ce Troie, Brad Pitt en Achille musculeux et chevelure blonde, qui éclabousse les champs de bataille de sa classe. La scène-clé se trouve être le sublime affrontement contre Eric Bana / Hector, fils chéri de Troie.
Alexandre (2004)
La vie flamboyante d’Alexandre de Macédoine au IVe siècle avant notre ère, conquérant de tout le monde connu alors. Oliver Stone, habitué des projets provocateurs, propose ici une grande fresque antique et baroque. Son Alexandre, interprété par Colin Farrell, est une rock star, une comète qui emporte tout sur son passage par son audace et son insouciance, afin d’acquérir l’immortalité propre aux grands conquérants de l’Histoire. Le péplum dépoussiéré.
Spartacus (1960)
73 avant JC, la République romaine vacille lorsqu’une révolte des esclaves embrase la péninsule italienne. Dernier film dit « de commande » de Stanley Kubrick, puisqu’il fut appelé pour remplacer Anthony Mann au pied levé durant le tournage, Spartacus a longtemps fait partie des films les plus chers de l’histoire du cinéma. Magistralement interprété par Kirk Douglas, le rôle-titre est à jamais lié au menton le plus célèbre du cinéma. L’histoire du tournage est elle aussi légendaire pour la relation orageuse et ambigüe entre le réalisateur et sa star.
Kingdom Of Heaven (2005)
L’histoire du bâtard d’un grand seigneur qui part en Terre Sainte avant la Troisième Croisade et se retrouve à défendre Jérusalem contre les armées de Saladin. Inspiré par la vie de Balian d’Ibelin, Kingdom Of Heaven est l’occasion pour Ridley Scott de mettre sa science du rythme et son sens du cadrage au service de scènes de batailles épiques. Porté par un casting grand luxe, Orlando Bloom en tête, ce film à la gestation compliquée bénéficie d’une version director’s cut qui remet enfin les pendules à l’heure.
Braveheart (1995)
Au XIIIème siècle, William Wallace tente d’unir les clans écossais pour repousser les armées du roi Édouard Ier d’Angleterre. Deuxième film réalisé par Mel Gibson et immédiatement un classique, Braveheart a élevé le discours d’encouragement avant une bataille au rang d’art. Film brutal et épique, rassemblant la fine fleur de l’acting anglo-saxon barbu et à fort accent de l’époque, il propose également Sophie Marceau en reine qui ne reste pas insensible aux charmes du beau Mel. Liberté !
La Passion de Jeanne d’Arc (1928)
Centré sur le procès de la pucelle d’Orléans plutôt que sur ses batailles, La Passion de Jeanne d’Arc est le dernier film muet de Carl Theodor Dreyer. Long-métrage au destin miraculeux puisqu’on pensait que les négatifs originaux avaient tous brûlé, jusqu’à une découverte chanceuse dans un asile psychiatrique d’Oslo en 1981. La perte de ce film aurait été une tragédie, tant il partage l’état de grâce de son héroïne.
1492 : Christophe Colomb (1992)
La vie du plus célèbre explorateur européen, qui découvre l’Amérique par hasard en tentant de rejoindre l’Asie par l’ouest. Avec 1492, Ridley Scott propose une vision sans concessions de la vie du navigateur gênois dont les découvertes ont ouvert un nouveau chapitre dans l’Histoire du monde. Gérard Depardieu campe un Christophe Colomb en proie au doute face aux conséquences de ses expéditions. L’inoubliable bande originale signée Vangelis sublime l’ensemble.
La Reine Margot (1993)
1572, à la veille de l’une des pages les plus sombres de son histoire, la France est déchirée par les guerres de religion entre catholiques et protestants. Pour y remédier, Marguerite de Valois doit épouser Henri de Navarre, le futur Henri IV. Réalisé par Patrice Chéreau, La Reine Margot est inéluctablement lié à ses deux interprètes principaux, Isabelle Adjani et Daniel Auteuil. Adapté du roman d’Alexandre Dumas père, un long-métrage à revoir pour réviser ses classiques.
Le Dernier des Mohicans (1992)
Adapté du roman du même nom de James Fenimore Cooper, Le Dernier des Mohicans raconte l’histoire d’un européen élevé parmi la tribu des Mohicans. Campé par un Daniel Day-Lewis toujours aussi investi, il se retrouve tiraillé entre sa famille et ses origines, dans le contexte des guerres entre français et anglais au XVIIIème siècle en Amérique du Nord. Réalisé par Michael Mann, qui délaisse ses univers habituels plus urbain, le film impressionne par ses paysages grandioses et son rythme.
12 Years A Slave (2013)
L’histoire vraie de Solomon Northup, afro-américain père de famille libre, enlevé et vendu comme esclave en 1840 dans une plantation de Louisiane. Adapté de son autobiographie, 12 Years A Slave a reçu de nombreuses récompenses grâce à son exposition sans concessions du régime esclavagiste qui avait court dans les états du sud des États-Unis. Encore un coup de maître pour son réalisateur Steve McQueen, parfaitement entouré par Chiwetel Ejiofor et Lupita Nyong’o dans les rôles principaux.
Le Dernier Samouraï (2003)
Partiellement inspiré de la véritable histoire d’un officier français, Le Dernier Samouraï raconte comment un instructeur militaire américain à la cour de l’empereur du Japon en vient à épouser la cause des insurgés priés de disparaître devant la modernisation forcée du pays. Réalisé par Edward Zwick avec Tom Cruise dans le rôle principal, ce film est une lettre d’amour mélancolique à un art de vivre sur le point de disparaître.
Le Cuirassé Potemkine (1925)
Racontant vingt ans après les faits la mutinerie de marins russes refusant leurs conditions de vie déplorables, Le Cuirassé Potemkine est l’une des œuvres cinématographiques les plus importantes de l’histoire du septième art. Film de commande pour Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein de la part du régime communiste désirant commémorer la révolution russe ratée de 1905, il n’en reste pas moins un long-métrage en avance sur son temps au souffle épique et follement imaginatif qui a marqué ses contemporains.
1917 (2019)
Deux jeunes soldats britanniques sont chargés de transmettre un message pouvant empêcher plusieurs milliers de leurs compatriotes de tomber dans un piège de l’armée allemande. Sam Mendes signe avec 1917 une odyssée hallucinée où les deux héros traversent les paysages dévastés et lunaires du nord-est de la France pendant la Première guerre Mondiale. Georges MacKay impressionne tout particulièrement dans ce film tourné comme un unique plan-séquence.
Le Vent se lève (2006)
L’histoire de la guerre d’indépendance irlandaise (1919-1921) et de la guerre civile (1922-1923) qui en découle, racontée à travers les choix de deux frères, d’abord unis dans le combat avant de se déchirer. Avec Le Vent se lève, Ken Loach embrasse la lutte d’un peuple qui rêve de retrouver sa liberté, tout en continuant d’explorer ses sujets fétiches, sociétaux et sociaux. Au casting, le toujours excellent Cillian Murphy, inoubliable Thomas Shelby dans Peaky Blinders.
Dunkerque (2017)
Relatant l’histoire de l’évacuation des troupes anglaises du territoire français en mai 1940, Dunkerque est l’occasion pour Christopher Nolan d’appliquer son obsession du temps au contexte de la Seconde Guerre Mondiale. Avec la maestria qui lui est propre et un sens du montage toujours au top, le réalisateur parvient à entrecroiser les destins des protagonistes principaux. Tom Hardy, toujours dans les bons coups, délivre encore une fois une performance dont il a le secret tout en portant un masque durant la plus grande partie du film.
Le Pianiste (2002)
Tiré du roman autobiographique homonyme de Wladyslaw Szpilman, Le Pianiste raconte comment ce musicien juif polonais reconnu a survécu contre vents et marées à Varsovie durant la Seconde Guerre Mondiale à l’extermination de son peuple. Film le plus réputé de Roman Polanski, il est aussi l’œuvre la plus couramment associée à son inoubliable interprète principal, Adrien Brody. Multi-récompensé, il fait partie des long-métrages incontournables sur le ghetto de Varsovie.
La Liste de Schindler (1993)
L’histoire vraie d’Oskar Schindler, industriel allemand membre du parti nazi par opportunisme qui sauva plusieurs centaines de juifs de l’extermination à Cracovie. Film pivot dans la carrière de Steven Spielberg, puisqu’à partir de celui-ci il n’aura de cesse d’alterner films sombres et blockbusters plus légers, La Liste de Schindler est constamment cité dans les films les plus importants de l’histoire du cinéma. Filmé en noir et blanc, il offre à Liam Neeson son rôle le plus marquant.
Imitation Game (2014)
Alan Turing, mathématicien anglais de génie dont les travaux sont à l’origine de l’informatique, est recruté par le gouvernement britannique au début de la Seconde Guerre mondiale pour percer à jour les messages secrets allemands envoyés à travers la machine Enigma. Imitation Game, réalisé par Morten Tyldum, raconte un pan méconnu et pourtant décisif du conflit. Benedict Cumberbatch fait des merveilles pour restituer la personnalité de Turing, l’un des plus grands esprits de son temps qui fut pourtant persécuté pour son homosexualité.
Le Jour le plus long (1962)
Reconstitution du jour le plus fameux de la Seconde Guerre mondiale, le 6 juin 1944. Le Jour le plus long retrace les quelques heures précédant le débarquement des forces alliées en Normandie et les faits eux-mêmes. Ce film choral à tous les égards puisqu’il multiplie les réalisateurs, les scénaristes et présente la crème des acteurs anglo-saxons (Henry Fonda, John Wayne), français (Arletty, Bourvil) et allemands, est un véritable tour de force. Volontairement tourné en noir en blanc pour accentuer le réalisme, il se dévore encore aujourd’hui comme un très bon documentaire.
Detroit (2017)
Revenant sur les émeutes survenues en 1967 dans la grande ville du Michigan, Detroit explore le passé trouble des États-Unis en matière de racisme. Kathryn Bigelow propose une reconstitution glaçante de la nuit tragique durant laquelle des policiers ont séquestrés et assassinés plusieurs afro-américains sans être inquiétés par la suite. John Boyega y incarne un agent de sécurité dépassé par les évènements.
Munich (2005)
Suite à la prise d’otage puis l’exécution de membres de la délégation israélienne par des terroristes palestiniens durant les Jeux Olympiques de Munich en 1972, le Mossad planifie l’assassinat des commanditaires. Munich, réalisé par un Steven Spielberg marqué par la tragédie vécue à la télévision, raconte l’histoire du groupe formé autour d’Eric Bana pour mener cette tâche à bien. Les années passant, le doute s’installe sur la légitimité des actions qu’ils mènent. Indispensable.
