La sortie de Gladiator II, le 13 novembre 2024, amène à la redécouverte des films portant sur l’Antiquité. Associée au genre du péplum, la période est synonyme de costumes, de décors, d’actions épiques et de héros musclés. Alors, par où commencer ? Laissez-vous tenter par notre sélection de classiques du genre, mettant en avant les meilleures superproductions, qui ont pour thème le passé de la civilisation.
Cabiria (1914)
Figurant parmi les toutes premières superproductions de l’histoire du cinéma, Cabiria innove par bien des aspects. Avec une durée supérieure à 120 minutes, il s’apparente à être un très long métrage, à une époque où, la plupart des films, ne dépassent pas l’heure. Le cinéma muet – qui prend fin aux alentours de 1920 – est considéré comme une pratique artisanale, de fait, le film de Giovanni Pastrone, qui déploie une ambition monstre, contrebalance avec l’aspect simpliste de l’époque. Assurément, Cabiria propose des décors monumentaux et façonne des scènes d’anthologie, notamment une reconstitution de la traversée des Alpes par les éléphants d’Hannibal.
Narrant l’enlèvement du personnage éponyme par des esclavagistes carthaginois, le film nous fait voyager d’Italie en Tunisie par le biais du point de vue d’un espion romain et de son suivant, Maciste – ce dernier, incarné par un docker génois, deviendra l’un des héros emblématiques du péplum italien des années 1950-1960. Les deux hommes apprendront le destin de la captive et tenteront de la libérer de ses geôliers, qui souhaitent la sacrifier au dieu Moloch. Amour, bravoure et ruse sont au menu des épreuves qui attendent ce trio de personnages.
Par son ampleur, Cabiria donne naissance à un cinéma de « superproduction », qui influencera deux cinéastes majeurs, Griffith et Cecil B. De Mille (futur roi du péplum américain). Le long métrage pose également les bases du genre épico-antique : une jeune femme à protéger, des trahisons multiples, des héros musclés et des évocations mythologiques ou historiques. Des éléments qui parsèment dès lors le courant cinématographique du péplum, aussi bien en Italie qu’aux États-Unis, du moins, au temps du muet.
Les Dix Commandements (1956)
Spécialiste des grands films bibliques au temps du muet, Cecil B. De Mille demeure comme étant LA grande figure de la superproduction hollywoodienne. Sa version de Cléopâtre, spectaculaire et érotique ou encore son péplum vétérotestamentaire Samson et Dalila en témoignent. Son ultime film, Les Dix Commandements, long-métrage parlant et en couleur, dépasse en majesté et en spectacle tout ce que le septième art avait produit jusqu’alors.
Racontant la vie de Moïse (Charlton Heston), le film suit dans un premier temps l’épanouissement du garçon à la cour du pharaon Seti – on le croit, de prime abord, neveu naturel du monarque égyptien. Puis, on nous donne à voir sa rivalité avec le futur Ramsès II (Yul Brynner), son amour pour Néfertari (Anne Baxter) et enfin la découverte de ses origines réelles. Devenu leader des esclaves hébreux dans leur libération, le héros passe alliance avec Dieu et vie les événements de l’Exode qui mène ce peuple vers la « Terre promise ».
Traversée de la mer Rouge, scènes de construction pharaonique, plaies d’Égypte, destruction du Veau d’or… Chaque séquences de ce film « bigger than life » définissent le péplum comme un genre spectaculaire. Une impression renforcée par l’emploi de musiques épiques et d’un étalonnage hors du commun (dû au procédé Technicolor).
Quo Vadis (1951)
Entre 1951 et 1964, les studios américains se délocalisent du côté de Cinecittà, à Rome, pour y tourner leurs scènes épiques. Cette installation a profité au genre du péplum et plus précisemment à Quo Vadis, quatrième adaptation du roman éponyme d’Henryk Sienkiewicz. Le long-métrage porte, de fait, sur l’émergence du christianisme et la persécution des chrétiens exercée par les Romains. Un film d’envergure permettant de comprendre l’intérêt des coproductions italo-américaines d’antan, qui ont été désignées – à cette période du péplum – par le surnom d’Hollywood-sur-Tibre…
Messaline (1960)
A la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie a grandement multiplié ses productions de péplums. Profitant des décors antiques de la Cinecittà, de nombreux cinéastes se sont mit à émerger, à commencer par le très grand Sergio Leone. Outre les films présentant des héros sculpturaux se battant contre des créatures fantastiques (Maciste, Hercule), le genre a donné vie à quelques curiosités, dont Messaline. Le personnage historique éponyme ayant duement existé, sera la base de l’histoire de ce péplum. L’impératrice romaine, femme de Claude, réputée de mœurs légères, se verra courtisée par Lucius Maximus. Un long-métrage politique parfaitement bien mis en scène, qui témoigne de la maestria de certains artisans transalpins du genre.
Ben Hur (1959)
Véritable monument de l’histoire du cinéma, Ben Hur, conte l’histoire de Judah Ben-Hur (Charlton Heston) et de ses retrouvailles avec Messala, son ami d’enfance. A force de vies, les deux hommes seront plus différents qu’ils ne le pensent… Célèbre pour sa fameuse course de chars, sa bataille navale et son message christique, le long-métrage donne un nouvel élan au genre du péplum ! Pour l’annecdote, à l’insu de Charlton Heston, le scénariste Gore Vidal et le réalisateur William Wyler se sont amusés à développer, de manière sous-jacente, la relation latente entre Ben Hur et Messala, faisant de ce film à grand spectacle l’une des œuvres cryptogay les plus célèbres du cinéma.
Cléopâtre (1963)
Cléopâtre est resté longtemps l’œuvre la plus chère de l’histoire du cinéma (avant d’être détrônée par Titanic). À la reine ptolémaïque d’Égypte, deux personnalités du monde romain, Jules César puis Marc Antoine, vouèrent un amour sans limites. Et c’est cette histoire que dépeint ce long-métrage, véritable exemple du péplum mégalomane. Parfaitement maîtrisé et magnifiquement interprété par les très grands Elizabeth Taylor, Richard Burton et Rex Harrison, ce film épique renforce le genre, dont Hollywood s’est fait une spécialité durant son âge d’or.
Spartacus (1960)
Charles Laughton, Peter Ustinov, Tony Curtis, Laurence Olivier, Kirk Douglas… Il en fallait du courage pour diriger le casting de Spartacus ! Ce péplum inspiré de l’histoire de la vie du personnage éponyme, instigateur de la révolte des esclaves, est confié au départ à Anthony Mann, mais sera finalement mis en scène par Stanley Kubrick. Il en ressort un objet curieux, un film spectaculaire, qui doit beaucoup au jeu shakespearien de ses interprètes masculins. Le long métrage eut également comme vertu d’éloigner Kubrick, à vie, des films de commande, échaudé par une expérience assez cauchemardesque sur le tournage de cette tragédie romaine.
La Chute de l’Empire romain (1964)
Inspiration principale de Gladiator, La Chute de l’Empire romain pourrait s’appeler « la chute d’Hollywood-sur-Tibre ». Assurément, le long-métrage est l’un des derniers péplums américains de la période classique. Portant sur la querelle de succession entre Livius (Stephen Boyd) et Commode (Christopher Plummer) à la mort de Marc Aurèle (Alec Guinness), le récit délaisse les grandes scènes épiques pour mieux aborder frontalement la question philosophique et politique du pouvoir. En somme, l’œuvre d’Anthony Mann reste un grand film de comédiens, qui à eux seuls portent ce long métrage crépusculaire.
Troie (2004)
Dans le sillage de ses prédécesseurs, et avant Le Choc des Titans, deux péplums de qualité ont vu le jour en 2004 : Alexandre d’Oliver Stone et Troie de Wolfgang Petersen. Si le premier est avant tout un grand film psychologique et historique, le second a gardé du genre son caractère divertissant et spectaculaire. Brad Pitt en Achille, Eric Bana en Hector, Diane Kruger en Hélène de Troie, rejouent l’Illiade en version Hollywood 2.0. Un bon moment d’action et de romance impossible, de quoi réunir tous les ingrédients pour un film du samedi soir !
300 (2006)
Le péplum 300 est probablement l’un des plus marquant des années 2000. Ce long-métrage quelque peu fantastique nous montre l’opposition de Léonidas, roi de Sparte (Gerard Butler) et de Xerxès, roi des Perses (Rodrigo Santoro) durant la Bataille des Thermopyles. Un film sanglant, épique et tonitruant, qui fera vibrer le genre péplum. Et pour ceux qui en demandent encore, une suite (également préquelle) 300 : La Naissance d’un empire est sortie en 2014.
Gladiator (2000)
En ressuscitant le péplum en 2000, Ridley Scott a accompli une véritable révolution dans le domaine du blockbuster. Utilisant tous les codes du cinéma contemporain sur un thème antique, le réalisateur d’Alien et de Blade Runner redonnait du sérieux et un caractère sombre, à un courant qui, depuis 1965, avait été davantage parodié que suivi. Faisant de Russell Crowe une star oscarisée, offrant à Joaquin Phoenix son premier rôle dans un projet d’ampleur, Gladiator a fait date pour ses scènes spectaculaires et poétiques. Racontant davantage le parcours d’un homme voulant racheter sa dignité bafouée qu’une quête de pouvoir, ce récit a placé définitivement son auteur au rang des inspirateurs d’Hollywood.
Pour les fans du genre péplum, les amateurs de Scott, de Pedro Pascal, ou simplement, les amoureux de cinéma. Faites place à Gladiator II, la suite du premier opus, mettant cette fois-ci en scène Paul Mescal dans le rôle de Lucius, fils de Maximus, qui combattra également dans l’arène du Colisée. Une suite, tant attendue qu’espérée, en salles le 13 novembre 2024.